Le compte à rebours est lancé. Dans moins de deux semaines, les élections municipales débuteront pour les 36 000 communes françaises. L’heure est aux paris, de nombreuses villes font face à leurs incertitudes. Parlons Info revient sur les principaux enjeux.

Photo: Pierre-Alain Dorange / Licence CC

Photo: Pierre-Alain Dorange / Licence CC

Paris représente la bataille de ces élections. Anne Hidalgo est candidate à la succession de Bertrand Delanoë, maire socialiste depuis 2001. Avec une liste composée de socialistes, de communistes et de radicaux de gauche, elle devra faire face à la candidate UMP, Natalie-Koscuisko-Morizet soutenue par les centristes ainsi que l’ex-président de la république, Nicolas Sarkozy. Les dissidences et les polémiques autour de la campagne de communication de la candidate de droite laissent entrevoir un doute sur sa capacité à accéder au siège de la capitale.

Les villes symboliques

Le suspense est à son comble pour la quatrième ville de France. Habituellement à gauche lors des présidentielles et lors des dernières municipales, Toulouse inquiète le gouvernement. Le climat national plombe les candidats de la majorité. Le maire socialiste Pierre Cohen se porte à nouveau candidat face à Jean-Luc Moudenc (UMP). Il ne l’avait  remporté en 2008 que de 600 voix d’écart. Le duel est donc remis au goût du jour. Au premier tour, le maire PS devrait aussi faire face à une liste EELV et au sénateur Jean-Pierre Plancade qui se verrait bien jouer les arbitres. Absent en 2008, le FN sera cette fois-ci candidat avec Serge Laroze.

Le gouvernement craint aussi le vote sanction à Nantes, fief de Jean-Marc Ayrault pendant 23 ans.  Sa succession repose sur la candidate socialiste, Johanna Rolland, première adjointe de la ville. Face à elle, Laurence Garnier, désignée par l’UMP après une primaire houleuse. Marie-Anne Monchamps,  ex-secrétaire d’État aux personnes handicapées sous le mandat Sarkozy fait campagne seule. La récente manifestation contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes pourrait toutefois profiter à la droite qui dénonce un désordre à « l’image du gouvernement ».

A Marseille, Jean-Claude Gaudin, maire UMP, s’engage à nouveau dans la course aux municipales pour remporter un quatrième mandat. Il doit faire face à Patrick Mennucci, candidat socialiste soutenu par le Modem et EELV.  Peu de chances de victoire pour le candidat du FN Stéphane Ravier,  en dépit de  sa volonté de maintenir le parti dans certains secteurs. Pour la cité phocéenne, le duel s’annonce serré entre le PS et l’UMP, et le parti d’extrême-droite pourrait être l’arbitre de ces élections. Enfin, l’ancien président de l’OM, Pape Diouf a annoncé récemment sa candidature dans les quartiers nord de la ville, à la tête d’une liste citoyenne.

Le maire socialiste Eugène Binaisse se porte à nouveau candidat des municipales de Hénin-Beaumont, une ville historiquement de gauche. Il devra résister à la montée du FN depuis la candidature de Marine Le Pen aux élections législatives de la circonscription en 2007. Steeve Briois, son successeur, n’est autre que le secrétaire général du parti. Selon un récent sondage Ifop pour Europe 1 et La Voix du Nord,  le candidat FN serait donné gagnant au second tour avec 50,5% des voix face au maire sortant et en tête au premier tour avec 44% des intentions de votes. En outre, le maire sortant se verra affronter son premier adjoint Georges Bouquillon (MRC), inscrit sur une liste dissidente, David Noël du Front de gauche, et l’ancien maire Gérard Dalongeville.

 

Le basculement, c’est maintenant?

Le contexte  national difficile pourrait porter préjudice au parti au pouvoir. Le PS en paiera sans doute les frais durant ces élections. A Strasbourg, le maire socialiste, Roland Ries est candidat  « par devoir » à sa propre succession. Il devra affronter Fabienne Keller, ancienne maire UMP  de 2001 à 2008. Proche du gouvernement, le maire pourrait perdre son poste. Situation similaire pour Adeline Hazan, maire sortante de Reims et proche de Martine Aubry.  Pour la première fois depuis 1983, la gauche avait réussi à remporter les dernières municipales contre une droite divisée. Aujourd’hui, l’UMP, représentée par le député Arnaud Robinet, tente une revanche. Il bénéficie du soutien de la députée et ancienne candidate aux élections de 2008, Catherine Vautrin (UMP). L’expansion du FN dans la ville pourrait perturber ce duel.

Les affaires politico-judiciaires de certains candidats de l’UMP multiplient le sentiment d’inquiétude. Après trois mandats à Aix-en-Provence, Maryse Joissains-Masini (UMP) n’apparait pas comme la favorite. Son premier adjoint, Jean Chorro soutient la liste UDI de Bruno Genzana. Élue de justesse en 2008, elle perd sa circonscription en 2012. Ses ennuis judiciaires mettent en doute le renouvellement de son mandat. Placée en garde à vue en décembre dernier, une enquête a été ouverte à propos d’emplois présumés fictifs. L’affaire pourrait profiter au candidat socialiste, Edouard Baldo. Même scénario à Levallois-Perret. Malgré ses 4 mandats, Patrick Balkany ne renouvellera peut-être pas son mandat. Impliqué dans des affaires judiciaires pour « blanchissement de fraude fiscale », sa campagne s’est vue perturbée.  Dans une ville comptant parmi les plus endettées de France,  la situation pourrait être bénéfique à Arnaud de Courson (DVD) victorieux des cantonales de 2011 face à l’épouse Balkany.

Le clivage de la gauche remet en question la victoire de certaines municipalités. Dans une ville de gauche depuis l’élection de Georges Frêche en 1977, la maire de Montpellier, Hélène Mandroux (PS), cède sa place au président de l’agglomération, Jean-Pierre Moure. Il devra affronter Philippe Saurel, maire adjoint de la culture, exclu du PS après s’être inscrit sur une liste dissidente. Cette division pourrait profiter à la liste UMP-UDI représentée par l’ancien député Jacques Domergue. Le FN représente quant à lui 15% des intentions de vote selon un récent sondage. A Angers, suite à la démission du maire socialiste Jean-Claude Antonini en 2012, Frédéric Béatse renouvelle sa candidature. Jean-Luc Rotureau, son ancien adjoint en congé du PS, se présente sur une autre liste. Ce qui pourrait rendre la situation favorable pour Christophe Béchu, candidat UMP, sénateur et président du Conseil Général de Maine-et-Loire.

Camille Bour