Edito – Le 6 mai 2012, François Hollande était élu président de la République. Où en est-on aujourd’hui, après un an de présidence socialiste ?

Le rassemblement (en bas) organisé par Jean-Luc Mélenchon se déroulait place de la Bastille près d'un an après les festivités célébrant l'élection de François Hollande (en haut). (Photos D.B. et A.S.)

Le rassemblement (en bas) organisé par Jean-Luc Mélenchon se déroulait place de la Bastille, près d’un an après les festivités célébrant l’élection de François Hollande (en haut). (Photos D.B. et A.S.)

 

C’était il y a un an. La place de la Bastille était submergée par une foule en liesse. François Hollande venait d’être élu président.

Il est vrai qu’à l’époque déjà, les slogans scandés par la foule célébraient plus la défaite du président sortant que la victoire du candidat socialiste. Les  « Sarkozy, c’est fini ! » et les « Sarko, en prison ! » se faisaient beaucoup plus entendre que les « vive François Hollande .»

Près d’un an plus tard, le 5 mai 2013, c’est sur cette même place de la Bastille que Jean-Luc Mélenchon a organisé une manifestation pour appeler à la création d’une « VIe République » et à l’« insurrection ».  Un exemple parmi d’autres des mouvements de contestations qui s’inscrivent contre la politique menée par le gouvernement socialiste actuel. Le taux d’impopularité du président atteint des niveaux record et le mécontentement s’élève de toutes parts.

Un président stoïque face à une opposition fragmentée

Il faut bien reconnaître à François Hollande une certaine mesure, un certain calme, face à une multiplication d’opposants à sa politique, qui surgissent à sa droite comme à sa gauche sur l’échiquier politique. Élu dans une période de crise, soumis à un « Hollande-bashing » comparable au « Sarko-bashing » dont avait été victime son prédécesseur, le président a pour l’instant réussi à résister à la tentation d’une hyper-présidentialisation ou d’un emportement contre les médias ou l’opposition.

Le seul point positif que François Hollande peut trouver au sujet des opposants à sa politique, c’est qu’ils constituent pour le moment un groupe hétérogène dont un certain nombre de composantes sont affaiblies, et se vouent surtout une haine féroce.

A droite, l’UMP tente de se remettre tant bien que mal de la lutte interne fratricide qui a marqué les premiers mois de l’ère post-sarkozienne. La nostalgie du sarkozisme est loin de se dissiper – comme en atteste le succès du hashtag #SiSarkozyEtaitPrésident sur Twitter ces derniers jours. Les graves divisions internes, alliées aux affaires qui surgissent concernant le financement de campagnes électorales précédentes, ont considérablement amoindri l’efficacité du parti en tant que principal parti d’opposition. A défaut d’une aide plus importante de son allié l’UDI qui, tout comme l’autre parti centriste qu’est le Modem, se révèle être quasi-invisible, l’UMP a dû accepter de voir certains de ses représentants défiler aux côtés d’élus FN lors d’une « Manif pour tous ».

A la gauche de François Hollande, la contestation est menée par un Jean-Luc Mélenchon toujours aussi vocal réclamant un « coup de balai » et faisant acte de candidature pour devenir Premier ministre de celui qu’il décrivait comme un « capitaine de pédalo ».  Si des militants d’EELV – parti qui compte pourtant des ministres parmi ses rangs – ont été aperçus à la manifestation organisée le 5 mai par le Parti de Gauche, il faut noter que le coprésident du Parti de Gauche ne réussit pas à rassembler derrière lui toutes les forces d’extrême-gauche. Le NPA manifestait ainsi sous ses propres mots d’ordre.

Où en est-on après un an ?

Les déceptions concernant les choix politiques de François Hollande sont parfois apparues jusque dans les rangs de son propre parti, qu’il avait pourtant pris soin de laisser entre les mains d’un Harlem Désir a priori relativement inoffensif. Les députés socialistes n’ont pas hésité à se rebeller contre l’application du non-cumul des mandats. Le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone a même récemment appelé à un changement de cap.

Certes, François Hollande a hérité d’un pays faisant face à une importante crise et doit exercer sa présidence dans un contexte loin d’être facile. Certes, il a déjà tenu un certain nombre de ses promesses (mariage pour tous, mise en place de la BPI, lois sur l’égalité hommes/femme). Mais un bon nombre d‘engagements majeurs ne sont pas encore tenus – ou ne le sont que partiellement – et le chemin restant à parcourir pour redresser le pays semble encore long et difficile. Le changement promis par le candidat Hollande se fait donc attendre. La situation économique du pays est encore loin d’être reluisante et le taux de chômage ne cesse d’augmenter.

Au lieu d’être uni et efficace, le gouvernement a paru multiplier les « couacs » –  sans même parler du retentissement politique de l’affaire Cahuzac. Les mésententes entre les divers ministres résidant à Bercy sont plus d’une fois apparues au grand jour. Or, c’est ce ministère qui devrait être le moteur d’un nouveau départ pour la France.

Face à la situation du pays, un nombre croissant de Français semblent vouloir un gouvernement d’union nationale. S’il est loin d’être certain que les différents acteurs du monde politique puissent arriver à surmonter leurs divergences pour travailler ensemble et redresser le pays, il semble important que François Hollande fixe dans les mois à venir un nouveau cap pour les politiques menées par son gouvernement. En effet, de plus en plus de Français semblent vouloir savoir:  « Le vrai changement, c’est pour quand? »

David Bolton