Lors de son interview du 14 juillet, François Hollande affichait son optimisme et prévoyait un renouveau de la croissance dès le second semestre. Parlons Info s’est rendu dans une gare parisienne pour interroger diverses personnes sur ce qu’elles en pensaient. Les avis recueillis sur l’avenir et la crise divergent pour beaucoup avec la vision gouvernementale de la situation…

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La quasi-totalité – si ce n’est la totalité – des individus interviewés ne croit pas en un retour de la croissance dans les temps qui viennent. « Il serait peut être temps que Hollande revienne à la réalité parce que là… » ironise par exemple Marie, vendeuse dans un salon de thé. Ces belles annonces apparaissent souvent comme quelques promesses de plus sans résultat. Les politiciens ne feraient que ménager l’électorat et le peu d’espoir restant sans réelle sincérité.
Yannick, délégué syndical, témoigne également du triste constat économique français: « Mon entreprise a annoncé cette semaine un plan de délocalisation en Inde de près de 100 postes. Donc je suis assez pessimiste sur l’état actuel et sur ce qu’il adviendra. » Globalement, chacun trouve la situation très mauvaise et ne peut donc pas encourager cet optimisme de quelques-uns.

«En France, on est un peu en période de régression des acquis sociaux et des domaines de la santé» Hélène et Corentin, en fin d'étude

«En France, on est un peu en période de régression des acquis sociaux et des domaines de la santé» Hélène et Corentin, en fin d’étude

Si toutes les réformes ne seraient pas forcement contestables, l’état d’esprit qui les anime est sans cesse pointé du doigt. Car la politique entière de la France devrait être modifiée pour sortir de la crise. « Je ne vois pas l’intérêt des réformes faites aujourd’hui: il faudrait vraiment faire des choses de fond pour bouger les choses » résume Muriel, responsable de projet. Beaucoup expriment de cette façon leur mécontentement à l’égard du manque de courage actuel puisque les réformes n’iraient pas au fond des choses.

« Il y a un problème sur la stabilité des informations. »

A partir de là, d’autres critiques suivent. Parmi d’autres, le fonctionnaire Ludovic s’explique: « On n’a pas de vision claire et presque tous les mois, il y a un réel changement fiscal. Moi au niveau familial, je sais pas où je vais aller. Donc je ne suis pas optimiste pour mes enfants dans l’immédiat. Il y a problème sur la stabilité des informations. Des subventions diminuent d’un coté de 500 millions d’euros, et de l’autre coté, il y a recréation de 300 millions. »

D’autre part, les critiques portent sur une multitude de réformes qui touchent surtout les gens travaillant tous les jours et ayant du mal à gagner leur vie; et à l’inverse, les autres sont peu touchés. Ces premiers touchés peuvent être les travailleurs –« alors que ce sont eux qui font l’économie ! » précise un interviewé –  ou les classes moyennes en général, selon les avis.
Finalement, Karim, responsable comptable, pense également que les réformes actuelles ne portent pas sur le bon fond. « Je ne suis pas optimiste pour la croissance car il reste facile de déporter du bénéfice fiscal d’une boite à l’autre. C’est mon métier. Par exemple, Apple paye 4 milliards d’impôts sur 100 milliards de revenus. Le compte est très facile à faire. Je pense que le vrai business est dans la dématérialisation de données, mais n’est plus dans l’industrie et la fiscalité franco-francaise pure. »

"S''ils ne changent pas ce système là [celui des banques et de l'endettement], ils auront beau faire tout ce qu'ils veulent -baisser ou augmenter les taxes- ça ne changera rien. Charles, opticien

« S »ils ne changent pas ce système là [celui des banques et de l’endettement], ils auront beau faire tout ce qu’ils veulent -baisser ou augmenter les taxes- ça ne changera rien. » Charles, opticien

Une crise française à l’intérieur d’une crise européenne: débat sur les possibilités de croissance

Les termes «mondial», «mondialisé» et «Europe» apparaissent souvent. Beaucoup d’opinions se confrontent sur la capacité ou non du niveau national à s’affranchir seul des grandes difficultés. Mais il semble difficile de dégager une tendance majoritaire.

« Les politiciens sont prisonniers d’une logique européenne, d’une politique d’austérité qui se décident à Bruxelles. Hollande peut faire des déclarations optimistes, c’est comme le vent, ça va aller dans un sens et puis après dans un autre mais de toute façon ça changera rien. C’est un problème beaucoup plus global que ça; il n’y peut pas plus que son prédécesseur. » décrit Laurent, lobbyiste.
A l’inverse, le fiscaliste Ludovic pense qu’une « réelle volonté politique nationale peut faire évoluer l’avenir de la France. Mais aujourd’hui, ils [les politiciens] attendent trop de l’extérieur justement ».

Pour terminer sur une note positive, on retiendra le conseil de Léon, informaticien, qui peut toujours être bon à prendre. « Être optimiste, c’est un état d’esprit. Et le bonheur ne dépend pas de la crise ou pas. A chacun d’être heureux selon ses propres aspirations.. ».

Yonathan Van der Voort