Le possible rachat d’une partie d’Alstom par l’entreprise américaine General Electric offre aux politiciens français un véritable champ de bataille pour l’industrie : l’entreprise représente plus de 10 000 salariés en France.

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Si la solution européenne, c’est à dire le rachat par l’entreprise allemande Siemens, est privilégiée, l’idée d’une nationalisation a aussi émergé suite à un sondage BVA du 3 mai : 55 % des Francais seraient favorables à « une nationalisation temporaire ». Il reste un mois avant qu’Alstom confirme le rachat américain de sa branche « Energie », et donc un mois où le gouvernement tentera de trouver une alternative.

« L’État a forcement son mot à dire » : un échec ?

François Hollande et son gouvernement mettent les mains à la pâte à force de rencontres avec les PDG d’Alstom, de Siemens, et de Bouygues, actionnaires d’Alstom à hauteur de 29,4 %. L’Autorité des marchés financiers (AMF) a été saisie mardi dernier, le 22 avril, afin qu’elle s’assure que le processus de mise en vente de la division énergie d’Alstom soit « ouvert, transparent et non discriminatoire ».

Le conseil d’administration d’Alstom n’a pas reculé malgré la mise en avant d’une solution européenne par le gouvernement, où Siemens, entreprise allemande, récupérerait l’offre. Les membres du conseil ont reconnu à l’unanimité les mérites stratégiques et industriels de General Electric.

Seul le gain de temps fournit au gouvernement et à la classe politique une possibilité de changer la donne. Le conseil d’administration a jusqu’à la fin du mois de mai pour confirmer la décision, et procéder « à un examen approfondi de l’offre, en tenant compte des intérêts de l’ensemble des partis prenantes, y compris ceux de l’État français ». Des derniers termes de bonne communication au gouvernement, mais qui n’engagent à rien.
L’État ne possède plus que 0,9% du capital de l’entreprise depuis 2006, et ne peut espérer peser sur la décision du conseil d’administration. Une loi de 2004 protège des investissements étrangers les secteurs jugés stratégiques. Mais l’énergie et le nucléaire n’y figurent pas explicitement.

Trouver une solution de secours

Le Front de Gauche avec Jean-Luc Mélenchon est favorable à à la nationalisation temporaire. Jean-Francois Copé de son coté souhaite des garantis d’emploi et n’est pas contre une nationalisation, « s’il s’agit, pour l’État, de temporairement permettre, par une prise de participation symbolique, de réfléchir à un nouveau projet industriel. »

Le MoDem avec François Bayrou plaide en faveur de Siemens dans une optique d’industrialisation forte européenne. Une optique partagée par Pascal Durant, tête de liste EELV.
Le président intérim de l’UDI, Yves Jégo, prône plus largement pour sa part l’instauration d’un groupe européen « géant » où Alstom trouverait sa place avec Siemens mais aussi d’autres entreprises du secteur.

La presse américain se montre critique quelque soit la décision définitive. Le Wall Street Journal parle de « Retour à la France de l’après-guerre » et de « mauvais signaux envoyés aux investisseurs étrangers ». De quoi rappeler aux États que si l’interventionnisme suscite un coût électoral chez les politiques, il a aussi un coût symbolique à l’égard des bonnes relations avec les entreprises.

Yonathan Van der Voort