ParlonsInfo vous propose, en ce dimanche soir, de revenir sur ce qui a marqué l’actualité de cette semaine, en France et dans le monde.

Réforme pénitentiaire : Emmanuel Macron veut sortir du tout-carcéral mais reste ferme

Mardi 6 mars, Emmanuel Macron et Nicole Belloubet, actuelle garde des Sceaux, se sont rendus à l’École d’administration pénitentiaire à Agen pour présenter leur réforme pénitentiaire. Celle-ci comprend deux piliers : la transformation du système actuel et la dignité.

Les peines inférieures à un mois, jugées inutiles par le chef de l’Etat, seront désormais interdites. Les peines entre un et six mois, 70% des peines prononcées, devront être exécutées hors prison, par l’intermédiaire d’un bracelet électronique ou de travaux d’intérêt général par exemple. Par contre, l’aménagement automatique ne sera plus possible pour les peines supérieures à un an. C’est le tribunal qui sera chargé de décider d’un possible aménagement. Emmanuel Macron souhaite enfin que les peines soient immédiatement appliquées.

L’objectif de cette réforme est de lutter contre la surpopulation carcérale, redonner du sens à la peine et favoriser la réinsertion. Il y a aujourd’hui en France près de 70 000 détenus dans les 188 prisons françaises, soit un taux de surpopulation carcérale de 120% en moyenne. La réforme prévoit ainsi la création de 7000 à 10 000 places en prison sur le quinquennat. 1500 postes de conseillers de réinsertion seront également créés.

Les Républicains dénoncent « une politique du renoncement » et un « allègement des sanctions« . La réforme a également été critiquée par les syndicats de magistrats. L’Union syndicale des magistrats regrettent que la promesse de création de 15 000 places en prison ne soit pas tenue tandis que la syndicat de la magistrature dénonce des « mesures gadgets » et la « rengaine sécuritaire » du chef de l’Etat.

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Prison à Ushuaïa, désormais un musée – crédit photo : Wikipedia Commons (Luis Argerich)

Bras de fer entre TF1 et les opérateurs télécoms : la Une réclame une rémunération de ses chaînes 

C’est une semaine pleine de rebondissements qui vient de s’écouler pour la Une. Le PDG de TF1, Gilles Pélisson s’est engagé dans un sérieux combat avec Canal + et les opérateurs télécoms. En cause, des négociations périlleuses pour une rémunération de la diffusion des chaines du groupe audiovisuel (TF1, TMC, TFX, TF1 SÉRIES FILMS, LCI), pourtant accessibles gratuitement sur la TNT.

Les contrats touchent à leur fin et aucun nouvel accord n’a été trouvé. Après des mois de négociations, Canal + et les opérateurs télécoms, Orange et Free,  ne lâchent rien face au groupe TF1 qui réclame environ 20 millions d’euros pour diffuser ses contenus. Seuls Altice (SFR) et Bouygues sont parvenus à conclure un accord avec la Une respectivement en novembre et janvier.

Des négociations non fructueuses qui ont mis le feu aux poudres cette semaine, à tel point que Canal + a cessé, vendredi 2 mars la diffusion des six chaînes du groupe audiovisuel, avant de la rétablir partiellement sur l’offre TNTsat à la suite de la demande du CSA. De son côté Free fait également monter la pression : un message alertant d’un arrêt potentiel de la diffusion des chaînes du groupe TF1 s’est affiché sur les écrans de ses clients le 6 mars. « Depuis plusieurs mois nous négocions avec le groupe TF1 qui après quinze ans de distribution sur nos réseaux a décidé d’exiger une rémunération infondée pour des chaînes disponibles gratuitement en TNT et sur internet. La rémunération demandée étant incompatible avec notre volonté de maintenir notre tarif nous sommes contraints d’interrompre la diffusion de TF1, TMC, TFX, TF1 Séries Film, HD1 et LCI. Nous espérons remédier à cette situation rapidement », pouvait-on lire. Finalement, l’opérateur n’a pas coupé le signal.

Jeudi 8 mars, TF1 a enfin trouvé un terrain d’entente avec Orange : l’opérateur historique a accepté de verser bien moins de 15 millions d’euros par an à TF1 pour la distribution des « services à valeur ajoutée », comme le Replay, le start-over, ou des émissions diffusées en 4K. L’opérateur dont le PDG, Stéphane Richard était « prêt à couper TF1 » a même obtenu gain de cause : Orange ne rémunérera pas TF1 pour la diffusion de ses six chaines, gratuites sur la TNT.

Malgré le réapparition éphémère du signal de TF1 sur Canal + à l’occasion du concert de la troupe des Enfoirés pour la campagne des Restos du coeur, les audiences de la chaînes ont fortement été impactées : en attirant seulement 9,7 millions de téléspectateurs, soit 45, 2 % de part d’audience, le spectacle des Enfoirés a réalisé sa pire audience depuis 2000.

Élections en Italie : le début d’une instabilité politique

Matteo Salvini, leader de la Ligue –
Crédits : Fabio Visconti (Wikimédia Commons)

Dimanche dernier, 4 mars, se tenaient en Italie les « élections politiques », l’équivalent des législatives. À la suite de celles-ci, le président de la République, Sergio Mattarella, est chargé de nommer un premier ministre et son gouvernement.
Le mouvement 5 Étoiles a remporté les élections avec 32% des voix, cependant, étant donné qu’il refuse de s’allier avec une quelconque autre force politique, il ne sera pas au gouvernement.

Le pouvoir devrait donc logiquement revenir à la coalition de droite (35%), qui a vu le parti de Silvio Berlusconi s’allier au parti Fratelli d’Italia et à la Ligue de Matteo Salvini. La Ligue (anciennement Ligue du Nord) est un parti d’extrême-droite, souverainiste. La Ligue ayant remporté le plus de voix (17%), c’est elle qui devrait récupérer le poste tant convoité de Président du Conseil (Premier ministre). Marine Le Pen a d’ailleurs félicité Matteo Salvini pour sa « victoire ».

À gauche, l’ancien Premier ministre Matteo Renzi échoue à reconquérir le pouvoir. Avec seulement 18% des voix, il réalise un des plus mauvais scores du Parti Démocrate. Il a dès lors présenté sa démission de la tête du parti lundi, précisant toutefois qu’il restait jusqu’à la formation du nouveau gouvernement.

L’Italie entre donc dans une période de tractations politiques et de négociations. Cependant, le futur italien tend clairement vers une politique d’extrême-droite, eurosceptique.

Un ex-espion russe empoisonné en Angleterre

Sergueï Skripal, ancien agent double de Russie travaillant pour le compte de l’Angleterre, et sa fille Youlia, ont été retrouvés inconscients le 4 mars à Salisbury, non loin du cimetière où sont enterrés la femme et le fils de l’ex-espion. Le ministre des Affaires Etrangères britannique, Boris Johnson, a tout de suite accusé la Russie. Dénonçant de la « pure propagande« , celle-ci a nié toute implication dans l’empoisonnement de M. Skripal, qui avait été condamné pour trahison dans son pays et était arrivé en Angleterre en 2010 à la suite d’un échange de prisonniers organisé entre Moscou, Londres et Washington. Theresa May avait quant à elle précédemment averti que son gouvernement pourrait envisager un boycott diplomatique de la Coupe du monde de football, qui commencera en juin en Russie. Parmi les options possibles figurent aussi le gel des avoirs de milliardaires russes proches du pouvoir, l’expulsion de diplomates et le renforcement de la présence militaire britannique en Europe de l’Est. La police britannique déploie des moyens de grande ampleur pour faire la lumière sur cette affaire. Serguei Skripal et sa fille sont toujours dans un état « critique mais stable » d’après le gouvernement.

Mayotte : les dessous d’une crise structurelle 

Mayotte est secouée par une grève générale contre l’insécurité depuis le 20 février. L’île, devenue département d’Outre-mer en 2011, est aujourd’hui le terrain d’une crise structurelle à la fois démographique, migratoire et sociale.

« Le mécontentement qui s’exprime aujourd’hui, qui est légitime et qui doit être entendu, il ne naît pas d’une situation récente », expliquait le Premier ministre, Edouard Philippe, jeudi 8 mars devant les sénateurs au Palais du Luxembourg. En effet, Mayotte est victime d’une explosion démographique : la population de mahorais a été multipliée par plus de 10 en presque 60 ans.  En 1958, Mayotte comptait seulement 23 300 habitants. Une population qui a bondi lors du dernier recensement, atteignant 256 000 habitants.

L’île est aussi le département le plus jeune de France, avec un mahorais sur deux âgé de moins de 17 ans.  À titre de comparaison, en France métropolitaine, la moitié de la population a moins de 39 ans. Une jeunesse grandissante qui s’explique par le taux de fécondité des femmes mahoraises qui s’élève à plus de 4,1 en 2012, là où il n’atteint que 2 enfants par femme en moyenne pour l’ensemble de la France.

Mais cette situation démographique est également la conséquence d’une immigration importante. D’après l’Insee, plus de la moitié des adultes âgés de 18 à 79 ans qui résident à Mayotte n’y sont pas nés. « Mayotte c’est 45% de personnes étrangères en situation irrégulière » a déclaré devant le Sénat la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, qui s’est dit prête, au micro de Jean-Jacques Bourdin sur la radio RMC, à se déplacer sur l’île dès lundi.

À côté de cette explosion démographique, Mayotte est en proie d’une crise économique et sociale avec un taux de chômage battant des records et une insécurité grandissante : plus d’un adulte sur quatre est touché par le chômage. Le taux de chômage dépasse les 47 % pour les jeunes et les femmes.

Mais la raison principale de la montée des mouvements contestataires depuis maintenant trois semaines tient véritablement au climat d’insécurité qui règne sur l’île et particulièrement à la délinquance. D’après les conclusions du ministère de l’intérieur en 2015 « les infractions violentes et les cambriolages sont beaucoup plus fréquents à Mayotte qu’en métropole, et même que dans la majorité des Outre-mer. Seul le nombre de vols sans violence contre des particuliers se situe, une fois rapporté à la population, en deçà de la moyenne nationale. ».

Lara Baranowski, Marianne Chenou, Caroline Robin & Marie Sénéchal