Souvent sujet de conflits, la conduite accompagnée ou AAC est passée depuis l’an dernier de 16 à 15 ans. Elle s’adresse majoritairement aux plus jeunes avec la possibilité désormais de passer le permis à 17 ans et demi et pouvoir rouler seul à 18 ans. Et même si seulement 25 % des candidats au permis de conduire l’ont adoptée, les professionnels et les assureurs la recommandent.

Licence CC Wikimedia Commons

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Des difficultés partagées

Il n’est pas toujours facile d’effectuer la conduite accompagnée, il faut bien entendu un accompagnateur qui ait son permis. Pour la plupart, il s’agit de parents avec qui il faut garder son sang froid, et rester en bonne relations car comme le souligne une monitrice « pas de conduite accompagnée si l’on est en tension ». D’autres la pratiquent avec des amis ayant déjà le permis depuis au moins un an, leurs compagnons ou maris. Et si pour la majorité des personnes tout se passe bien, l’exercice n’est pas toujours facile.

C’est le cas pour les parents, qui doivent passer d’une voiture avec doubles pédales, doubles rétroviseurs et un/ une moniteur/trice confirmée et professionnel à une autre voiture, sans double pédales, double rétroviseur et un accompagnateur peu à l’aise puisqu’un seul rendez vous pédagogique est prévu, pendant lequel l’accompagnateur voit l’apprenti au volant avec la / le moniteur/trice.  Le stress, et le manque de moyen de l’accompagnateur est inévitable, il faut plusieurs heures de conduite à l’apprenti pour gagner sa confiance et encore. En effet, pas toujours facile, de devoir redresser la direction par petits coups dans le volant, conseiller, prévenir, et anticiper quand on est passager.Ce n’est pas aisé non plus pour l’apprenti, en voiture où malgré les conflits « le seul maître à bord reste l’accompagnateur ». Subir les changements de directions, les routes inconnues, et faire face aux comportements pas toujours « fair-play » des autres automobilistes après seulement 20 heures de conduite demandent du sang froid.

 

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Un investissement en temps et en argent

Il faut aussi trouver le temps de parcourir au moins 1000 km avant le second rendez vous c’est-à-dire environ entre 4 et 6 mois après la fin de la formation initiale, et 3000  km dans les deux mois précédents la fin de la période de conduite accompagnée. La conduite accompagnée dure au minimum un an, et au maximum 5 ans selon les capacités du conducteur, son âge et sa réussite au permis de conduire.

Pourtant les avantages ne sont pas à sous-estimer, les  assurances proposent une surprime réduite à 50 % dès la première année, puis à 25 % la deuxième année et qui, s’il n’y a pas eu d’accident, disparaît la troisième année, car c’est prouvé, les jeunes conducteurs ayant pratiqué la conduite accompagnée, et donc largement dépassé l’adrénaline et l’excitation des premières heures de conduites ont bien moins d’accidents que les autres. De plus, 74% des élèves ayant suivi l’AAC ont leur permis du premier coup, contre 55 % par la filière classique (selon les chiffres du DSCR). De même, la période du permis probatoire est réduite de 3 à 2 ans et l’attribution du nombre maximal de 12 points A partir d’un capital de 6 points pour tout conducteur novice, se fait progressivement, à raison de trois par an pendant deux ans pour l’AAC, contre deux par an pendant trois ans pour ceux ayant suivi la filière classique, sous réserve de ne pas avoir commis d’infraction pendant la période probatoire.

Les conditions requises

Pour réaliser l’AAC, il faut déjà avoir réussi l’épreuve du code de la route, avoir au moins 15 ans et être titulaire de l’Attestation scolaire de sécurité routière de niveau 2 (ASSR 2) et de l’ASSR passé au collège. De plus, il faut garder en tête que les conducteurs accompagnés ne sont pas autorisés à rouler à la même vitesse que les autres conducteurs : lorsque sur l’autoroute la limite habituelle est de 130 km/h, pour eux ce sera 110 km/h et par temps de pluie, ce sera 100km/h au lieu de 110km/h, sur les autres routes les novices rouleront à 80km/h contre 90km/h pour les habitués. Cependant, dans les agglomérations, la limite reste la même à 50 km/h maximum.

 

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Quelques références pour choisir

Le tarif de la conduite accompagnée varie selon les auto-écoles mais reste dans une fourchette  entre 1200 et 1400 euros. Les frais sont certes élevés mais ce tarif comprend une présentation à l’examen du code qui coûte environ 50 euros, 20 heures de conduites avec un moniteur et trois rendez-vous pédagogiques dont les prix par unité varient entre 75 et 100 euros.

Si la conduite AAC reste la plus courante, d’autres types de conduites, existent aussi comme la conduite supervisée, la formule n’est possible que pour les conducteurs majeurs, désirant acquérir plus d’expérience de conduite que les heures classiques avant l’examen du permis, ou voulant continuer après un échec à l’examen en vue de le repasser plus tardivement.  Elle dure au minimum trois mois et sur au moins 1000km.

La conduite encadrée, est aussi une bonne formule, cependant elle s’adresse uniquement aux élèves orientés vers une voie de conducteur professionnel comme un BEP ou un CAP de conducteur routier, et est accessible dès 16 ans. Elle se déroule pendant son temps de formation scolaire. La conduite encadrée permet tout comme l’AAC à l’élève d’améliorer ses compétences en conduites en vue du diplôme professionnel qu’il passera à sa majorité.

 

La conduite sujette à de nombreuses réformes

En 2009, à l’initiative de Nicolas Sarkozy, une réforme visant à favoriser l’accès de la jeunesse à la conduite est mise en place par le Comité Interministériel de la sécurité routière (CISR). Et au vu de l’importance des morts par accident de la route, il était urgent d’adapté la formation à de nouvelles contraintes car comme le soulignait Dominique Busserau, Secrétaire d’État chargé des Transports :«  L’apprentissage de la conduite et de ses règles est un acte social qui engage la responsabilité de tous. ».

Cette réforme concerne aussi l’examen du permis désormais il ne se fait plus sur des relevés de fautes du conducteurs mais  sur un constat de compétences qui a permis à + de 60 % de personnes d’obtenir le permis dès 2010. L’épreuve du code a elle aussi été concernée par l’ajout de deux nouvelles catégories dont l’importance se faisait sentir : celle du  partage de la route et celle des usagers vulnérables.

Avec des procédures d’inscriptions simplifiées depuis 2010, le candidat n’a plus besoin de patienter 1 mois après son enregistrement en préfecture pour passer l’épreuve du code et la conduite supervisée passe de 12 mois à trois mois minimum.  Par ailleurs, trois dispositifs d’aide au permis voient le jour. Par la signature d’une convention entre la Caisse des dépôt et des consignations, l’État et le gestionnaire du Fond de cohésion sociale, 20000 jeunes ne pouvant présenter une caution pour les démarches de formation professionnelle au permis bénéficieront d’un prêt d’un euro par jour.  L’accès à la bourse au permis de conduire a été lui aussi élargi et une opération spéciale « 10 000 permis pour réussir » est en marche avec 6 300 jeunes qui bénéficient désormais d’une aide financière pour préparer l’examen.

Enfin, l’offre de l’AAC est mise en avant puisque depuis 2010, l’âge de l’accompagnateur n’a plus besoin d’être supérieur à 28 ans, il lui suffit d’avoir derrière lui au moins 5 ans de permis B (permis pour les voitures classique), de plus, l’âge pour l’effectuer a été abaissé à 15 ans.

Cependant, en dépit de toutes ces réformes, encore 3 384 personnes ont perdu la vie sur les routes l’an dernier et les chiffres sont en hausse, notamment chez les piétons et les cyclistes, d’où l’intérêt de sensibiliser les nouveaux conducteurs à ces usagers vulnérables.

Romane Deyrat