Depuis quelques jours, une colère grandissante agite la République Démocratique du Congo et a causé de nombreuses victimes au vu des violents affrontements qui ont opposé les citoyens à la police.

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En 2006 déjà, une manifestation avait eu lieu à Kinshasa, contre les élections présidentielles (Thomas Dougherty/ Licence CC)

Kabila, dégage !

Les raisons de la colère ? Une loi électorale très controversée qui permettrait notamment au chef de l’État, Joseph Kabila, de rester au pouvoir plus longtemps que ne le permet son mandat. Le 17 janvier dernier, l’Assemblée nationale avait adoptée le projet de loi, mettant le feu aux poudres. En effet, ce vote implique un projet de révision de la loi électorale, pouvant compromettre la bonne tenue des élections de 2016. Devant l’indignation générale, le Sénat a décalé le jour où il devra décider d’adopter ou non cette loi, décision cruciale pour le pays.

Des pratiques douteuses

Les émeutes qui ont fait suite à l’adoption par l’Assemblée Nationale de ce texte ont connu une répression sanglante. Mercredi, les forces de l’ordre ont affronté des étudiants de l’université de Kinshasa, sous la clameur populaire réclamant le départ de Kabila. Après ces violentes émeutes, l’université de Kinshasa a été fermée et la connexion Internet fut coupée durant 48 heures dans toute la ville. Des mesures drastiques qui dénotent de l’inquiétude du gouvernement.

Dans l’est du pays, à Goma, le bilan est plus sanglant. La police aurait ouvert le feu sur plusieurs cortèges d’étudiants, faisant plusieurs blessés et peut être des morts. Le mécontentement s’étend donc et la colère monte chez les étudiants qui ont cette fois bloqué les routes et brûlé des pneus sur la voie publique, réclamant la libération des manifestants arrêtés à Kinshasa. Le président Kabila s’est quant à lui exprimé devant les médias, estimant qu’il n’était pas responsable le bilan du décès de ces manifestants.

Un bilan difficile

Le bilan des affrontement reste compliqué à établir. En effet, la Fédération Internationale des Ligue des Droits de l’Homme (FIDH) a accusé jeudi la police congolaise d’avoir tué 42 personnes en trois jours, en réprimant « des manifestations pacifiques » : « Comme cela est devenu malheureusement récurrent en RDC, les forces de sécurité ont à nouveau fait preuve d’une réaction totalement excessive et disproportionnée, tirant à balles réelles sur les manifestants » (source Le Monde). Le gouvernement congolais, a, quant à lui, récusé la bilan annoncé par la FIDH et annoncé qu’il y avait eu 12 morts et que la FIDH cherchait à nuire au gouvernement en grossissant les chiffres.

Quoi qu’il en soit, des manifestants sont morts, et une loi permettant à un chef d’État de rester au pouvoir plus longtemps que prévu menace d’être adoptée. Qui plus est, le président Joseph Kabila ne bénéficie pas d’une grande popularité auprès des citoyens congolais, dont certains lui reprochent son incapacité à gérer les milices qui meurtrissent le pays de leurs violences depuis des années, voire même l’assassinat de son propre père, l’ancien président du RDC Laurent Désiré Kabila.

La décision à venir du Sénat quant à cette loi sera donc cruciale pour la paix civile.

Une mobilisation au delà des frontières

Si les médias font peu cas de ce qui se passe en République Démocratique du Congo, la communauté congolaise internationale tente de se mobiliser et de faire entendre la voix de son peuple. Ce samedi 24 janvier est organisé, à Paris une marche pour le Congo, au départ de la porte de Clignancourt à 14 heures. Sur les réseaux sociaux également, la mobilisation se fait avec la diffusion de slogan comme « Il ne faut pas forcément être congolais pour compatir » ou encore « Je suis congolais » comme un écho au « je suis Charlie », devenu symbole de la lutte en faveur de la liberté d’expression.

Inès Senaoui