Environ 35000 personnes se sont réunies place de la République à Paris, ce mercredi soir, en hommage au journal Charlie Hebdo et aux douze personnes tuées lors d’une attaque terroriste contre le siège de la rédaction. Une manière de signifier l’importance de la liberté de la presse.

"L'Amour plus fort que la Haine" : l''une des Unes de Charlie Hebdo les plus polémiques, qui ont forgé sa conception de l'indépendance et de la laïcité

« L’Amour plus fort que la Haine » : l »une des Unes de Charlie Hebdo les plus polémiques, qui ont forgé sa conception de l’indépendance et de la laïcité

Aux alentours de 18h30, une personne grimpe sur l’une des trois statues de pierre du monument de la place de la République et entoure autour de son bras gauche un bandeau noir, en signe de deuil. Charb, Cabu, Wolinski et Tignous : quatre caricaturistes qui ont fait la notoriété du journal satirique Charlie Hebdo assassinés ce matin lors d’un attentat terroriste. C’est en hommage à ces journalistes que des dizaines de milliers de personnes se sont mobilisées à Paris sous le slogan « Je suis Charlie », ce mercredi en fin de journée. A l’appel de nombreuses organisations comme le Syndicat National des Journalistes (SNJ), les manifestants ont dénoncé cette atteinte grave à la liberté de la presse. Une « catastrophe », pour une des participantes, Muriele Prat, chargée de marketing. Pancarte à la main, elle s’affiche avec une des Unes les plus controversées du journal sur le prophète Mahomet. « C’est hallucinant qu’en 2015, après s’être battues pour la liberté de la presse, douze personnes meurent pour leurs caricatures. Que faire dès lors, à part se battre encore ? ».

Muriele Prat, avec la Une de Charlie Hebdo

Muriele Prat, avec la Une de Charlie Hebdo ( N.G. / ParlonsInfo )

Pancartes, Unes du journal et dessins de presse brandies, stylos levés en symbole de cette atteinte à la liberté de dessiner : tous ces gestes sonnaient comme un cri du cœur pour la liberté d’expression et contre la censure. « On a voulu tuer le rire et la liberté d’expression » s’indigne Alexandre, de la Fédération PS de Paris. « Liberté, égalité, fraternité : Charlie Hebdo portait cette conception en se moquant de tous les intégrismes. Il permettait une distance critique. » explique-t-il. « Cet événement doit transcender les partis politiques, et l’on ne doit pas récupérer le rire à des fins politiques. »

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« La France unie pour la démocratie »

Des chants de soutien envers Charlie Hebdo, mais aussi d’union autour de la République et de la démocratie ont été scandés tout au long de la manifestation. Au fil de la soirée, des centaines de personnes ont progressivement investi le monument de la République. Des affiches, des bougies ont été posées en signe de recueillement. Sur les coups de 19h, douze lanternes chinoises ont été lancées à la mémoire des défunts. Peu avant 20h, une minute de silence a été respectée par une grande partie de la place.

Au pied du monument de la place de la République, des affiches et des bougies.

Au pied du monument de la place de la République, des affiches et des bougies. (N.G. / ParlonsInfo )

 

 

Pendant toute la manifestation, les personnes montées sur le monument ont appelé à l’union et au soutien de Charlie Hebdo. Une manière de montrer que « nous sommes tous touchés par ce qui arrive », selon Teddy, de l’association « la Maison des potes », association qui combat les discriminations et aide les jeunes à réaliser des projets dans le XIIIe arrondissement. Car ce qu’il redoute le plus, ce sont les « amalgames » et la « stigmatisation d’une population » après cet attentat. « Il faut tout faire pour essayer que cet événement ne soit pas repris, notamment par le Front National. Nous sommes aujourd’hui dans un climat très tendu sur la question de la laïcité, de la liberté d’expression, de religion, notamment autour de la polémique lancée par le livre d’Eric Zemmour (NDLR : Le Suicide français). Il faut que l’on réagisse en tant que citoyens. »

Teddy, à droite, de l'association La Maison des Potes

Teddy, à droite, de l’association La Maison des Potes ( N.G. / ParlonsInfo )

 

Des dizaines de manifestations de soutien se sont déroulées dans de nombreuses autres villes en France et en Europe. D’ores et déjà, ce jeudi 8 janvier a été décrété jour de deuil national par le Président de la République, François Hollande. D’autres manifestations de soutien se dérouleront ces prochains jours, durant toute la semaine. Une manière d’affirmer, comme les manifestants, que « Charlie n’est pas mort ».

Nathan Gallo