« Coup de gueule » chez les Hallyday ! Deux mois après le décès de Johnny, ses enfants aînés, Laura Smet et David Hallyday, contestent le testament du chanteur. Établi en Californie, celui-ci les exclut de la succession de l’artiste au profit de sa femme, Laeticia. La loi californienne étant plus souple que la loi française, rien ne garantit que les deux enfants obtiennent gain de cause.

Jade, Joy et Laeticia Hallyday avec Laura smet et David Hallyday lors des obsèques de JohnnyCrédit : Sipa

Jade, Joy et Laeticia Hallyday avec Laura smet et David Hallyday lors des obsèques de Johnny
Crédit : Sipa

C’est un conflit familial qui a éclaté au grand jour cette semaine. Laura Smet et David Hallyday ont eu la mauvaise surprise d’apprendre leur exclusion du testament de leur père défunt. Lundi 12 février, les deux enfants aînés de Johnny se sont lancés dans une bataille ardue, en engageant des poursuites contre la femme du chanteur, Laeticia Hallyday, qui percevrait l’ensemble du patrimoine et des droits d’artiste. Le testament ayant été établi en Californie, où résidait Johnny, accompagné de sa femme et de ses filles Jade et Joy, la succession ne dépend pas forcément du droit français.

1. Est-il possible de déshériter ses enfants ?

La loi hexagonale est catégorique : aucun Français ne peut déshériter ses enfants. Il s’agit de la réserve héréditaire, qui protège le droit des enfants à l’héritage en cas de décès de leurs parents. Mais ce droit est presque inexistant dans les pays anglo-saxons, et en Californie, où Johnny Hallyday a établi son testament. Le droit californien permet notamment de transmettre son patrimoine à quiconque : son époux (se) ses enfants, une association, etc… Sans réserve héréditaire, rien n’oblige le légataire de transmettre ne serait-ce qu’une partie de son patrimoine à ses enfants. Selon les avocats de Laura Smet, de telles dispositions testamentaires « contreviennent manifestement aux exigences du droit français ».

S’il en était ainsi, son père ne lui aurait rien laissé: ni bien matériel, ni prérogative sur son oeuvre artistique, ni souvenir – pas une guitare, pas une moto, et pas même la pochette signée de la chanson Laura qui lui est dédiée, précisent-ils dans un communiqué.

2. Quelle était la résidence habituelle de Johnny Hallyday ?

C’est l’un des enjeux principaux de cette bataille juridique dans Laura Smet, David Hallyday et Laeticia Hallyday. L’icône du rock français s’est installée à Los Angeles courant des années 2000, accompagné de sa femme Laeticia, et de ses filles Jade et Joy. Mais sachant que Johnny Hallyday a vécu la majorité de sa carrière en France, cette période est-elle suffisante pour surpasser la justice française ?

Où se trouvait donc la résidence principale du chanteur ? S’il s’agit de la maison californienne, ce critère renverserait la balance à l’avantage de l’épouse de l’artiste, Laeticia. En août 2015, la France fait partie des pays signataires du Règlement européen sur les successions internationales. Celui-ci permet à un Français installé à l’étranger que sa succession soit régie par la loi du pays dans lequel se trouve sa résidence habituelle pour l’ensemble de ses biens, sauf si le défunt en question a mentionné dans son testament, la loi française pour organiser sa succession.

Johnny Hallyday était résident californien, il avait une carte verte, il y passait le plus clair de son temps, il y déclarait ses impôts… Donc évidemment il y a une possibilité qu’un juge français décide de retoquer ce testament, mais ça me paraît en l’état actuel des choses peu probable, a expliqué sur BFM TV Pierre Hourcade, avocat aux barreaux de Paris, New York et de Californie, lundi 12 février.

Or, Johnny Hallyday souhaitait finir ses jours en France, ce qu’il a fait en décédant dans sa maison située à Marnes-la-Coquette. Un détail qui pourrait changer la donne pour Laura Smet et David Hallyday si cet argument définit ce domicile comme étant la résidence principale du chanteur.

3. À l’échelle internationale, un droit peut-il prévaloir sur l’autre ?

Le droit californien peut-il primer sur la loi française ou inversement ? Un autre enjeu de taille qui n’est pas sans rappeler l’affaire concernant la succession de Maurice Jarre, qui vivait aux États-Unis de 1953 jusqu’à son décès en 2009. En septembre 2017, la Cour de cassation a validé le testament du compositeur dans lequel il omettait « intentionnellement et volontairement » toutes dispositions concernant ses enfants, léguant ainsi la totalité de ses biens à sa dernière épouse, Fui Fong Khong avec laquelle il vivait depuis 1984.

Même si les enfants aînés de l’artiste finissent par obtenir gain de cause à l’issue d’une procédure judiciaire qui promet d’être longue et périlleuse, Laeticia resterait la grande « gagnante » de la succession. La loi française prévoit en effet que la veuve – Laeticia – perçoive un quart de la pleine propriété des biens, les quatre enfants – David Hallyday, Laura Smet, Jade et Joy – se partagent les trois quarts restants.

Caroline Robin