Parlonsinfo vous propose, en ce Lundi soir, de revenir sur ce qui a marqué l’actualité de cette dernière semaine de juin, en France et dans le monde.

Simone Veil fait son entrée au Panthéon

« Aux grands hommes la patrie reconnaissante » telle est la devise inscrite sur le fronton du Panthéon dans lequel « Simone Veil rejoindra René Cassin, Jean Moulin, Jean Monnet et André Malraux. », dans le sixième caveaux, a annoncé le président Emmanuel Macron dimanche 1er juillet. Presque un an jour pour jour après sa mort, les cendres de Simone Veil, accompagnées de celles de son époux, Antoine Veil, ont été déplacées du Mémorial de la Shoah au Panthéon. Déportée à Auschwitz à l’âge de 16 ans, elle entre dans la vie politique en 1974 lorsqu’elle est nommée ministre de la Santé par le président Valéry Giscard d’Estaing. Connue pour la « loi Veil » qui dépénalise l’interruption volontaire de grossesse (IVG), elle est aussi la première présidente du Parlement européen de 1979 à 1982, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville dans le gouvernement Édouard Balladur, membre du Conseil constitutionnel de 1998 à 2007 et de l’Académie française à partir de 2008. « Il est beau aujourd’hui que cette femme rejoigne en ce lieu la confrérie d’honneur en laquelle, par l’esprit, les valeurs, elle appartient de plein droit » a déclaré Emmanuel Macron lors de son discours d’hommage. Simone Veil est la cinquième femme à faire son entrée dans le « temple de la République ». Antoine Veil, décédé en 2013, est le premier homme à y entrer en tant qu’époux.

Le Mexique vire à gauche

Andrés Manuel López Obrador, nouveau président mexicain. Crédits : Présidence du Salvador (Licence CC – Wikimédia Commons)

Enrique Peña Nieto a fait son temps. Après six ans au pouvoir, le leader conservateur cède sa place. Les élections présidentielles se tenaient ce dimanche et ont vu la gauche sortir vainqueur des urnes. L’ancien maire de Mexico, Andrés Manuel López Obrador, a obtenu plus de 53 % des voix, selon les estimations officielles. Cette victoire historique de la gauche arrive au milieu d’un vague de violences dans le pays, durant laquelle 150 personnalités politiques, dont 48 candidats ont été assassinés. Les élections législatives et sénatoriales se tenant le même jour, il apparaît déjà que le président aura la majorité à la Chambre des Députés.

Fiers comme des coqs !

Après une phase de poules en demi-teinte, les craintes étaient grandes face à l’Argentine de Leo Messi. Bien qu’ayant arraché une qualification à la dernière minute, l’Albiceleste n’a pas brillé dans son début de compétition. Les compteurs remis à zéro, tout se passait désormais en 90 minutes. 4 buts bleus en un match, c’est plus que durant la phase de poules. Pourtant, il y a eu doute. Une égalisation argentine 1-1 à quelques secondes de la mi-temps aurait pu remettre en cause le jeu tricolore. Le deuxième but argentin au retour des vestiaires aurait pu enfoncer le clou.

C’était sans compter sur un jeune défenseur de 22 ans, Benjamin Pavard. Un tir en pleine lucarne et les voilà revenus à 2-2. Tout est à refaire, et c’est le moment que choisit Kylian Mbappé pour marquer un doublé. Les Bleus mènent le jeu et prennent le large. Les Argentins réduisent l’écart dans les arrêts de jeu, mais le mal est fait et la France qualifiée. On voit poindre un vrai esprit d’équipe, un vrai groupe et surtout, une vraie envie d’aller au bout. Rendez-vous vendredi face à l’Uruguay de Cavani.

De l’autre côté du tableau, on assistera à un surprenant Russie-Croatie en quarts, après l’élimination surprise des Espagnols aux tirs au but, par les hôtes de la compétition.

Le mot russe de la semaine : Pobeda (Победа), n.f. victoire. Et on en souhaite plein d’autres à l’équipe de France.

Le chiffre de la semaine : 10, comme le nombres de Ballons d’or qu’ont reçu au total Cristiano Ronaldo et Lionel Messi. Mais cette année, les deux stars ne dépasseront pas les huitièmes de finale de la compétition, Portugal et Argentine ayant été éliminés. Les deux meilleurs joueurs du monde ne seront ainsi probablement jamais champions du monde.

Tensions et définitions floues dans l’accord sur les migrations

« Plateformes de débarquement » de migrants, « centres contrôlés », renforcement des frontières extérieures… Ce sont les principaux points de l’accord trouvé entre les dirigeants des pays de l’Union européenne sur les migrations, dans la nuit de vendredi à samedi.

Mais aucun pays tiers ne s’est jusqu’à présent proposé pour héberger des lieux d’accueil comme des « plateformes de débarquement » pour les migrants secourus dans les eaux internationales. Il y sera question de distinguer les migrants irréguliers des demandeurs d’asile admissibles dans l’UE, « dans le respect du droit international ». Le Maroc et l’Albanie ont déjà fait savoir qu’ils n’accepteraient pas de tels centres. Et ces lieux suscitent encore beaucoup de doutes parmi les pays européens, sur les contours concrets des « plateformes » comme sur la compatibilité avec le droit international de ces débarquements hors d’Europe.

Si elles sont secourues dans les eaux européennes, les personnes en exil pourront être prises en charge dans des « centres contrôlés » sur le territoire de l’UE. Le texte prévoit ensuite leur répartition dans l’Union quand ils sont éligibles à l’asile, ou leur renvoi vers leur pays dans le cas contraire. Cependant, la création de ces lieux serait libre à chaque Etat membre, de même que le partage de l’accueil devra se faire « sur une base volontaire ». L’Italie, qui a salué cette proposition, n’a toutefois pas précisé pour autant si elle créerait de tels lieux sur son sol. Le texte parle de centres « contrôlés », et non « fermés » comme le proposait la France, sans que le sens de cette nuance ne soit encore clair.

L’accord prévoit d’augmenter les moyens de l’Agence européenne de gardes-frontières, Frontex, en lui donnant plus de ressources financières, sans donner de chiffres. Il prévoit aussi de renforcer le soutien aux garde-côtes libyens et appelle « tous les navires qui opèrent dans la Méditerranée » à « respecter les lois applicables et ne pas faire obstacle aux opérations des garde-côtes libyens ». Un passage particulièrement apprécié par Malte et l’Italie. Les 28 ont convenu de débloquer la seconde tranche de 3 milliards d’euros du fonds pour aider les réfugiés en Turquie et d’alimenter le fonds de l’UE pour l’Afrique, afin de lutter contre les causes des migrations.

« Un consensus doit être trouvé sur le Règlement de Dublin pour qu’il soit réformé sur la base d’un équilibre entre responsabilité et solidarité », est-il écrit dans l’accord, qui ne donne toutefois pas de calendrier pour boucler cette réforme. Initialement, il était prévu que le sommet permette justement de trouver ce compromis, mais les divergences sont encore trop fortes sur les modifications à apporter à cette législation européenne, qui confie la responsabilité du traitement d’une demande d’asile aux pays de première entrée. La Commission propose de déroger à ce principe en période de crise, avec une répartition obligatoire des demandeurs d’asile depuis leur lieu d’arrivée. Mais des pays comme la Hongrie et la Pologne, soutenus par l’Autriche, s’y opposent frontalement. L’Italie demande de son côté un système permanent de répartition et l’abandon pur et simple du principe de la responsabilité du pays d’arrivée.

Au lendemain de l’accord, la situation reste confuse en Europe

SOS Méditerranée, une ONG dédiée au secours des migrants en mer, a annoncé samedi 30 juin que son bateau, l’Aquarius, allait prolonger son escale à Marseille. « Les ONG sont devenues le bouc émissaire un peu facile de la faillite des Etats européens à faire respecter les conventions maritimes », a accusé Frédéric Penard, directeur des opérations de SOS Méditerranée. Le représentant de l’ONG a notamment dénoncé la considération de l’UE envers la Libye :« Ce soutien inconditionnel aux garde-côtes libyens nous semble incompatible avec le sauvetage en mer, car en aucun cas les ports de Libye ne peuvent être considérés sûrs ». L’ONG Proactiva Open Arms avait indiqué sur Twitter qu’un navire qui avait été secouru et qui transportait cinquante-neuf migrants se dirigeait vers « un port sûr ». En soirée, elle a annoncé qu’elle avait reçu l’autorisation d’accoster à Barcelone, ajoutant qu’elle comptait y arriver mercredi. « Malgré les obstacles, nous continuons à protéger la vie de gens invisibles. Leurs récits sur ce qu’ils ont vécu en Libye sont terrifiants », a souligné l’ONG.

Le Ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini, a quant à lui affirmé sur Facebook que le bateau de Proactiva Open Arms avait atteint l’embarcation des migrants avant les gardes-côtes libyens à l’intérieur de la zone de secours libyenne. « Le port le plus proche est Malte, l’organisation et le pavillon sont espagnols : ils peuvent oublier l’idée de rejoindre un port italien », a-t-il déclaré. La veille, le ministre d’extrême droite avait prévenu que les ports de son pays seraient fermés « tout l’été » aux ONG qui secourent les migrants en Méditerranée. De son côté, le ministre maltais de l’intérieur Michael Farrugia a contesté la version des faits exposée par M. Salvini, affirmant que les migrants avaient été secourus dans une zone située entre la Libye et le port italien de Lampedusa. « Arrêtez de répandre des informations inexactes en désignant Malte sans aucune raison », a-t-il déclaré sur Twitter.

Cette semaine, le navire de l’ONG allemande Lifeline a accosté à Malte avec à son bord 233 migrants après une odyssée d’une semaine marquée par de fortes tensions. Vendredi, trois bébés sont morts, et une centaine de personnes ont été portées disparues lors d’un naufrage au large des côtes libyennes.

Lara Baranowski, Marianne Chenou & Marie Sénéchal