Avec l’arrivée du printemps fleurissent les premiers festivals. Pourtant, année après année, les mêmes évènements musicaux se succèdent les uns aux autres sans que l’on y décèle la moindre once d’originalité. C’était sans compter sur les organisateurs du Hashtag Festival qui, en partant de ce constat, ont décidé de proposer un projet inédit en France et qui leur est propre : un festival musical combinant stand-up humoristique, sessions live et DJ’s sets. Parlons Info est parti à la rencontre de ces précurseurs pour les interroger sur leur vision particulière de ce genre plutôt traditionnel.

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Parlons Info : Bonjour à vous, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Matthieu Rouxel : Alors moi, c’est Matthieu, vingt-deux ans. Je suis étudiant à Nanterre en troisième année de gestion et je viens de Sèvres.

Antoine Jacquet : Antoine, troisième année à Nanterre également. J’ai vingt et un ans et j’ai fait un BTS compta-gestion avant de rejoindre Nanterre en seconde année de licence.

Claire Fonquernie : Et moi c’est Claire, j’ai vingt ans et je viens d’Essonne. J’ai fais un parcours en gestion, là je suis en licence, comme eux.

Qui est à l’initiative de ce projet ?

Antoine : On est tous un peu à l’initiative, c’est un projet commun en fait. On se connaît depuis longtemps et on s’est dit voilà, cette année, c’est le meilleur moment pour essayer de lancer un projet.

Matthieu : Oui, de mettre en application ce que l’on voit en cours, c’est-à-dire un ensemble totalement théorique et de se lancer vraiment dans quelque chose de concret, de réel.

Claire : Et on avait l’occasion d’être encadrés, en plus, par l’association de gestion que nous n’avions pas en L1 et L2.

Quelles étaient, à l’origine, vos ambitions pour le projet ?

Claire : Notre objectif, c’était de créer un évènement — à la base, on était plutôt sur des soirées étudiantes accessibles à tous, que l’on soit étudiant ou non — qui soit solidaire. On est tous assez touchés par des causes caritatives, nous n’avons pas souvent l’occasion de pouvoir y participer et là, on créé quelque chose de toute pièce pour une association.

Matthieu : En tant qu’étudiant, tu vois, c’est bien de pouvoir mettre la main à la pâte.

D’être engagé ?

Matthieu : D’être engagé, oui. L’ambition, c’était aussi de se désolidariser des soirées étudiantes qui suivent toutes le même format pour proposer quelque chose d’hors du commun. On cherche vraiment à faire quelque chose qui sorte de l’ordinaire, d’allier deux styles d’art différents.

Claire : Les personnes avec lesquelles nous parlions de notre projet, à qui nous demandions des conseils étaient sceptiques quand on leur disait qu’on visait mille personnes, en disant que c’était trop ambitieux. Mais c’était et c’est toujours notre objectif, il faut viser loin pour avoir tout.

Comment en êtes-vous venus à avoir l’idée de combiner humour et musique dans un même évènement ?

Antoine : On a voulu faire un évènement qui sorte de l’ordinaire. La musique, les DJ’s et les lives, c’est hyper commun, tout le monde en a déjà fait donc on s’est dit qu’il fallait que l’on ajoute quelque chose à notre projet, quelque chose qui change. On s’est alors demandé qu’elles étaient les formes artistiques qui plaisaient le plus et on en est vite venu à la musique et à l’humour. À partir de là, on a essayé de trouver des humoristes plus ou moins connus pour animer la première partie.

Était-ce par volonté de vous démarquer de la concurrence que vous avez choisi ce format ? Avez-vous proposé quelque chose d’alternatif pour créer votre propre marque de fabrique, sachant que vous êtes les précurseurs de ce genre d’évènement dans l’hexagone ?

Claire : C’est assez sympa de se dire cela (rires) ! Mais oui, c’était clairement notre but, on voulait se distinguer de la concurrence. À l’avenir, on envisage vraiment de faire de cette combinaison de performances artistiques l’identité de nos évènements. Cette marque de fabrique aura vocation à évoluer, on gardera la musique, sans doute le rire aussi, si jamais ça fonctionne bien, mais nous ne fermons pas la porte à d’autres formes artistiques pour autant : la mode, la sculpture, la photographie, etc, restent des domaines auxquels nous pensons.

Quelles ont été les réactions des artistes que vous avez contactés pour participer au Hashtag Festival ?

Matthieu : Tu sais, quand tu démarches les artistes et que tu es inconnu, tu te prends pas mal de refus au début parce que tu n’as pas d’expérience dans le domaine, tes prises de contact sont maladroites et forcément, ça coince. Un jour, tu tombes sur un artiste qui te dit « pourquoi pas, ça m’intéresse » et ça débloque instantanément la situation. Le fait qu’on ait cette belle salle du YOYO, qui a attiré beaucoup de grands noms, ça joue aussi en notre faveur. Donc oui, tu commences par avoir un artiste, s’il est bon, d’autres artistes vont se dire « pourquoi pas » et c’est comme ça que, petit à petit, ils se lancent et s’impliquent dans ton projet. Mais oui, pour la plupart, ils étaient vraiment enthousiastes. Il faut savoir que notre festival est entièrement caritatif, on est tous bénévoles et tous les bénéfices iront à l’association Les Toiles Enchantées. Les artistes ne seront donc pas payés et on les en remercie vraiment, parce que c’est pas facile de faire venir des gens de façon bénévole, ils doivent, en plus, être assez sollicités là-dessus.

Il est vraiment très ambitieux de lancer son propre évènement, qui plus est lorsqu’il s’agit d’une première fois. Quelles ont été vos inspirations pour bâtir votre Hashtag Festival, vers quoi vous êtes-vous tournés ?

Antoine : On est jeunes, on est des fêtards (rires) alors on s’est dit voilà, il faut essayer de se lancer là-dedans, avec un truc qui nous plaît vraiment, la musique, la fête, tout ça. On a tous participés à des petits festivals, ou des grands d’ailleurs…

Matthieu : Oui, qui nous ont fait rêver et on a finit par se dire « pourquoi pas nous ». Tu te lances, ça se concrétise et d’un coup, tu te dis que ça y est : ça peut se faire.

Antoine : Pour les inspirations, on a pas pris comme modèle Tomorrowland en se disant qu’il fallait faire comme eux, mais on a la même idée générale de rassembler plein de monde autour de pleins d’artistes, de pleins de représentations différentes. Notre but, c’est de fédérer notre public autour d’une même passion !

Est-ce que vous avez eu des moments de doute, de découragement face à la masse de travail que vous aviez face à vous ?

Antoine : Découragement est un bien faible mot. (rires) Forcément oui, on se lançait vraiment dans l’inconnu, on avait juste cette idée hyper ambitieuse, on se disait que ce serait génial de faire ça. Puis ensuite, les deux premiers mois, on ne savait vraiment pas par quoi commencer, ce que l’on devait faire.

Claire : On partait de rien, avec l’objectif de faire quelque chose d’énorme.

Matthieu : Eh, on ne partait même pas avec un financement ! On est vraiment parti de rien.

Claire : On avait cinquante euros ! (rires)

Matthieu : Notre association nous a donné les cinquante euros en nous disant : « Tenez, faites ce que vous pouvez avec ».

Antoine : Mais voilà, tous les groupes de Nanterre n’avaient pas les mêmes ambitions, les mêmes projets. Nous, on a vraiment voulu faire quelque chose d’énorme.

Matthieu : Le problème, c’est qu’une fac, ça n’est pas bien financé, surtout par rapport à des écoles de commerce aux budgets importants. Ils ne peuvent pas être tout le temps derrière ton dos et t’accompagner correctement dans ton projet.

Mais d’un autre côté, c’est également grâce à cela que le Hashtag Festival est votre évènement. Quelle a été votre démarche pour dégager les fonds nécessaires à la bonne tenue du projet, pour pouvoir lancer votre campagne de promotion ?

Antoine : Oui, on se l’est vraiment approprié. On s’est vraiment détaché de la matière en elle-même, du projet pour Nanterre : maintenant, c’est un truc que l’on veut porter jusqu’au bout, pour nous.

Matthieu : Oui, et on le doit à personne au final. C’est nous-même, on l’a fait et on peut en être fier. Du coup, on s’est lancés dans le crowdfunding et là encore, on était complètement dans l’inconnu.

Claire : Surtout que l’on a longtemps hésité par rapport au montant à mettre, on ne savait pas du tout si ça allait marcher. On a fixé une barre à deux-mille euros et là, c’était le stress de savoir si les gens allaient participer. Deux-mille euros, c’est une somme et on connaissait d’autres personnes qui avaient échoué dans leur démarche de récolte de fonds. Très rapidement, on s’est rendu compte que c’était un succès. Je pense que c’est l’aspect caritatif et novateur de la soirée, en plus de notre motivation, qui a contribué à ce succès.

Matthieu : C’est clair, j’espère qu’on donne vraiment l’image de gens motivés.

Claire : Ça a fonctionné, c’est incroyable. On a récolté plus de deux-mille-sept-cent euros.

Quels seraient les conseils que vous donneriez à des personnes qui voudraient lancer leur propre évènement ?

Antoine : Déjà, ne pas prendre le même nom que nous. (rires) Après, il faut y croire, ne pas lâcher le morceau même si les premiers mois sont difficiles, il faut insister, ne pas avoir peur des refus.

Matthieu : C’est hyper vivant : un jour, tu vas être déçu parce que tu n’auras rien de bien concret et pourtant, dés le lendemain, une très bonne nouvelle va tomber et te redonner confiance en ton projet. Le fait est qu’un tel projet est une succession d’éléments positifs et négatifs sur lesquels tu ne peux avoir une grand influence, l’important est de ne pas se laisser décourager.

Claire : Il faut surtout ne pas avoir peur de s’investir, parce que bien évidemment, ça prend énormément de temps : une fois que t’es pris dans le truc, tu ne peux plus en sortir. Il faut vraiment bien réfléchir avant de te lancer, mais une fois que t’es dedans, c’est vraiment génial.

Matthieu : Dés que tu t’investis dans le truc, tu ne comptes plus tes heures.

À moins d’un mois avant le lancement de votre festival,  comment vous sentez-vous ?

Antoine : Pression, pression, pression, pression… (rires)

Matthieu : Et impatience, impatience surtout. On n’en peut plus, on veut être le Jour J pour voir si tout le travail fourni pendant des mois sera enfin récompensé !

Claire : La satisfaction ça sera aussi de voir les gens s’amuser, s’éclater.

Matthieu : Nous dire que ça, c’est grâce à nous…

Claire : Et puis pouvoir donner le chèque à l’association !

Matthieu : Oui, pour pouvoir aider les enfants hospitalisés. Mais oui, on a vraiment envie d’y être. On est impatients, mais on a peur aussi.

 

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Le Hashtag Festival se déroulera le 16 avril prochain au YOYO — Palais de Tokyo. Pour de plus amples informations sur l’événement, cliquez ici ; pour réserver vos billets, cliquez ici. Enfin, il est important de rappeler que l’ensemble des bénéfices de la soirée seront reversés à la belle association des Toiles Enchantées, association permettant aux enfants hospitalisés de voir des films qui passe au cinéma directement depuis l’hôpital où ils sont soignés.

Simon Sainte Mareville