Dimanche 5 mai, place de la Bastille.

Dimanche 5 mai, place de la Bastille.

Le 5 mai, la veille du premier anniversaire de l’arrivée de François Hollande au pouvoir, plus de 100 000 citoyens ( 30 000 selon la police, 180 000 selon les organisateurs, et donc environ 100 000 si on fait la moyenne ou si l’on se refère à Agoravox ) ont répondu à l’appel de Jean-Luc Mélenchon, d’aller manifester de la place de la Bastille à celle de la Nation.
Annoncée le 5 avril dernier, cette manifestation a eu pour but de promouvoir la création d’une VIème République ( une cause qui jusqu’à présent n’intéressait qu’une extrême minorité ) et donner un « coup de balai », en réaction à l’affaire Cahuzac.

La place de la Bastille "rouge" de monde.

La place de la Bastille « rouge » de monde.

Bien que le rassemblement fût ouvert à tous, les drapeaux du Parti de Gauche étaient très largement dominants. A part les ouvriers de l’usine Fralib ( qui se battent depuis février 2011 pour sauver leur usine ) venus avec leur éléphant en papier-mâché, il y avait très peu de cortèges de syndicats : la plupart des manifestants étaient tout simplement des Français en colère.

Les ouvriers de l'usine Fralib

Les ouvriers de l’usine Fralib

 

L'élephant des ouvriers de l'usine Fralib, de Géménos, qui fabrique les sachets de thé "Eléphant" de la marque Lipton

L’éléphant des ouvriers de l’usine Fralib

 

Comme on pouvait s'y attendre, il y avait beaucoup de balais.

A défaut de pouvoir exercer un mandat électif de premier plan, Jean-Luc Mélenchon s’est tourné vers un exercice dans lequel il excelle : la fonction tribunicienne. Des quatre grands discours du jour, le sien fut le plus attendu et le plus long. Précédé par Clémentine Autin, Eva Joly, et Pierre Laurent, l’ancien candidat à l’élection présidentielle s’est exprimé depuis une petite estrade proche de la foule, pendant  une trentaine de minutes.

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Dans son discours, Jean-Luc Mélenchon a très vivement critiqué le bilan plus que mitigé de François Hollande : « La période d’essai est terminée, le compte n’y est pas ». Dans un ton d’un lyrisme qui a fini par devenir sa marque de fabrique, il s’en est ensuite pris à l’austérité promue par la « Troïka » ( FMI, BCE et Commission Européenne ), ainsi qu’à la « finance internationale qui vole les peuples » grâce aux paradis fiscaux. Enfin, il a dédié toute la fin de son discours à défendre l’idée que seule une nouvelle république pourrait sauver la France des périls qui la guettent.

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Maniant un propos résolument souverainiste, Jean-Luc Mélenchon s’est fait l’avocat d’une profonde refonte du système politique français : selon lui, seul un nouveau régime, dans lequel les citoyens seraient systématiquement consultés et auraient le pouvoir de destituer aisément leurs élus, pourrait protéger la nation des méfaits de la mondialisation.

La foule était dense à l'angle de la rue de Lyon et de l'avenue de Daumesnil.

La foule était dense à l’angle de la rue de Lyon et de l’avenue de Daumesnil.

Le discours terminé, et après avoir chanté l’Internationale et la Marseillaise,  le défilé s’est tranquilement élancé vers la place de la Nation. objet de toutes les attentions, Jean-Luc Mélenchon vole la vedette à toutes les autres figures de proue de la gauche de la gauche venues manifester ce jour là : il se prête avec complaisance au jeu des photos et des poignées de mains.

Apréciant les foules conquises à sa cause, Jean-Luc Mélenchon s'est montré plus affable que jamais.

Appréciant les foules conquises à sa cause, Jean-Luc Mélenchon s’est montré plus affable que jamais.

 

Le défilé s'est déroulé dans une ambiance bonne enfant, sans incident notable.

Le défilé s’est déroulé dans une ambiance bonne enfant, sans incident notable.

Il est environ 17h, lorsque le cortège de tête atteint la place de la Nation, sur laquelle des manifestants et d’autres Parisiens en quête de soleil sont déjà en train de célébrer la fin de la journée : il y a plus de monde qu’à n’importe quelle autre manifestation de ce début de mois de mai, la manifestation n’a pas dégénéré et en plus il fait beau.
Pourtant, une certaine déception se fait sentir parmi les manifestants lorsqu’ils se rendent compte que rien n’a été prévu pour la fin de la journée, pas le moindre discours, pas la moindre assemblée.
Cette légère gêne ravive une question que les manifestants auraient préféré refouler : « et maintenant ? Qu’allons-nous faire en attendant ? »

Arnaud Salvat

Photo: A.S