Dimanche soir, les représentants des deux grands partis en campagne se sont opposés lors d’un affrontement télévisé … qui n’en était pas un.

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La chancelière Angela Merkel brigue un troisième mandat face à M. Steinbrück, son ancien ministre des Finances (Photo: Sean Gallup/Licence CC)

Avez-vous déjà entendu parler de Peer Steinbrück ? Mais si, le représentant du SPD pour les élections du Bundestag. Toujours pas ? En France, son nom est presque inconnu et pourtant… Dimanche soir, pour le duel télévisé qui l’opposait à Angela Merkel, ce dernier semble avoir mangé du lion. Face à une chancelière fidèle à elle-même, il semblait seul dans l’arène. Il faut dire que Peer Steinbrück a fait du chemin. Il s’exprime de façon clair ; détendu et sûr de lui. Un duel qui tranche donc avec celui qui a opposé la chancelière à son rival du SPD Frank Walter Steinmeier il y a quatre ans. Ce dernier n’a pu que bredouiller pendant que l’actuelle chancelière marquait de plus en plus son territoire.

Aujourd’hui, les choses ont changé. Le candidat en lice pour la chancellerie semble avoir pris des cours de communication. Une nécessité face à la machine qu’est Angela Merkel. En tête dans les sondages à hauteur de 60%, adorée en tant que personnalité plus que pour son bilan politique, elle est prédite comme grande gagnante de ces élections. Ses forces : modération, écoute et comparaison avec les candidats en lice. Un atout qui lui réussi depuis déjà quatre ans. Lors du duel, elle a débattu de manière soutenue avec le candidat du SPD, sans qu’il n’y ait cependant aucun débordement. Peer Steinbrück avait cependant préparé de manière intensive les thèmes sur lesquels ils allaient être questionnés. Smic, augmentation des impôts et réduction des dettes entre autre. Un débat résolument économique pour les représentations du pays européen qui a le moins subi les foudres de la crise.

Les injustices sociales comme cheval de bataille

Dès la première question, le ton est donné. Le modérateur, une star de télévision en Allemagne comparable à Patrick Sébastien en France (excusez du peu !), demande à M. Steinbrück si les Allemands vont gagner plus ou moins d’argent à la fin de son mandat s’il est élu le 22 septembre prochain. La réponse fuse : « Plus ! », déclare le représentant du SPD, dont la mise en place d’un salaire minimum est l’un des thèmes phare de sa campagne. Il enchaîne en n’omettant pas de rappeler qu’il souhaite construire une Allemagne « plus juste mais aussi plus forte », deux notions qui ne sont pas antinomiques pour le candidat. Un discours fort pour celui qui jouait sa dernière carte dimanche soir, ainsi que dernière chance de récolter des voix pour lui et son parti.

Angela Merkel écoute et argumente à son tour. Pour elle, dont la pression de sa place de favorite aurait pu être déstabilisante, pas de problèmes à l’horizon. Mais en Allemagne, les partis au pouvoir gouvernent rarement seuls. La chancelière a donc rappelé sa volonté de « renforcer la coalition qu’elle entretient déjà avec le FDP ». Du côté de la gauche, le SPD pourrait bien s’allier avec les Verts (Die Grünen), la troisième force du pays.

Pour l’instant, même si la chancelière semble avoir de bonnes chances de remporter les élections, les dés ne sont pas encore jetés. Réponse le 22 septembre pour savoir qui aurait la majorité au Bundestag et en prendra la tête.

Camille Wormser