Du haut de ces 26 ans, Julien Rochedy est le nouvel espoir du Front national. Un physique, une communication innovante et des actions coup de poing qui risquent de faire trembler la scène médiatique.

Issu d’un milieu modeste avec un père comptable et une mère travaillant dans le domaine des assurances, rien ne présageait que Julien Rochedy se retrouve à la tête du FNJ. Il le dit lui-même, son environnement familial ne l’a pas enraciné dans l’extrême droite, il s’est « construit tout seul ». Après de brillantes études en sciences politiques et un master en relations internationales à l’Université Jean Moulin Lyon III, il prend sa carte au Front National en 2006 dans le cadre de la campagne pour les présidentielles où Jean-Marie Le Pen se présente. Peu convaincu par les directives politiques du FN à l’époque, il attendra l’arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti pour revenir. Avec Marine, le jeune premier adhère à l’impulsion nouvelle et à la politique moderne qu’offre celle-ci.

Quelques mois plus tard tout s’accélère pour  Julien Rochedy. Après un débat télévisé sur le plateau du Ring de Michel Field sur LCI où il réalise une tirade satirique sur les ténors du parti socialiste, il reçoit au coup de fil de la patronne Marine, elle le veut dans ses rangs. En 2011, il devient porte-parole du FNJ puis président du « mouvement les jeunes avec Marine » dans le cadre de la campagne présidentielle de 2012. En avril 2014, le soldat bleu marine lance le YEAH (Young European Alliance for Hope), une formation réunissant plusieurs parties eurosceptiques en Europe qui  s’est avérer être une force politique de taille aux dernières élections européennes. Le Front national n’a cessé de s’affirmer dans le jeu politique français depuis les dernières présidentielles et cette jeunesse frontiste est l’un des acteurs de la montée du parti dans les urnes.

Julien Rochedy lors du meeting du 1er mai 2012. (Photo : Blandine Le Cain / Licence CC)

Julien Rochedy lors du meeting du 1er mai 2012. (Photo : Blandine Le Cain / Licence CC)

Marine n’a pas hésité. Il est beau, il passe bien à la télé, il opère un charme déconcertant derrière nos écrans qui contraste avec l’animal politique frontiste qu’il est. Le Front national a enfin compris la stratégie médiatique qu’il faut adopter pour rassembler un large électorat : la séduction. Julien Rochedy est un pur produit marketing tout droit sorti des usines frontistes, utilisé pour séduire les jeunesses françaises trop ancrées à gauche et les classes populaires délaissé par « l’UMPS ». Sa « belle gueule », son allure « bobo mais pas trop » est un bon modèle identificatoire pour la nouvelle génération. Les vieux énarques ne fascinent plus les foules et semble déconnectés de la réalité sociale aux yeux du peuple. A contrario, Julien Rochedy incarne une nouvelle forme de politique de terrain avec ses actions coup de poing. Ses actions militantes les plus symboliques sont les parties de poker devant les banques françaises avec les membres du FNJ et il déclare : « Les jeunes jouent au poker. Et bien ici ils font comme nous, les banques jouent au poker avec l’argent des Français. »

Depuis sa création, le Front national souffre d’une image et d’une politique jugée archaïque avec des représentants tenant des propos racistes voir antisémites. Cette image peu glorieuse du parti l’a marginalisé au sein du paysage politique français depuis sa création. Aujourd’hui, la renaissance frontiste qu’incarne Julien Rochedy et ses troupes se veut irréprochable sur le fond et la forme. Cette nouvelle politique frontiste s’accompagne d’une dédiabolisation du parti avec une politique centré sur les thèmes de la croissance économique, du chômage, de la fiscalité, en passant par l’Europe et l’immigration.

La jeunesse frontiste résonne dans le paysage politique français aujourd’hui mais le chemin reste encore long pour ce soldat bleu marine. Le nom « Le Pen » est un véritable repère identitaire pour le parti.  Julien Rochedy est un bon soldat pour la dynastie Le Pen mais elle ne doit pas sous-estimer les ambitions du jeune homme. La réponse en 2022.

Sarah Anfis