Actuel candidat dans la course à la présidentielle aux E-U, Donald Trump est un personnage largement mis en avant, mais toutefois bien moins pour son pragmatisme politique que par ses frasques médiatiques. À coup de meetings de campagne très rodés « à l’américaine », de pose avec les stars d’outre atlantique et de déclarations controversées, D. Trump semble s’être imposé comme un acteur majeur de la campagne présidentielle américaine. Qui est cet homme, bien souvent tourné en dérision en Europe mais à l’audience très forte dans son pays, et en quoi incarne-t-il une nouvelle facette des États-Unis d’aujourd’hui ?
Qui est Donald Trump, alias Mister Univers ?
Issu d’une famille aisée, Donald Trump a fait fortune dans l’immobilier. Il a suivi des études d’économie à la prestigieuse université de Pensylvannie, Upenn. Sur son site trump.com dédié à son entreprise d’immobilier de luxe, il est écrit dès les premières lignes : «Donal J. Trump est la définition même de la success-story à l’américaine […] Il est l’archétype de l’homme d’affaires : un négociateur sans égal. » Vous avez dit fier ?
Loin d’être seulement orienté dans le secteur immobilier, D. Trump a fondé une agence de mannequinat à New York et a longtemps été à la tête de concours de beauté tels que Miss USA ou Miss Univers, dont il a récemment revendu la totalité de ses parts en septembre 2015. L’erreur lors du couronnement de Miss univers 2016 il y a quelques jours (Miss Colombie annoncée gagnante alors qu’il s’agissait en réalité de Miss Phillipines qui s’est vue couronnée après qu’on ait retiré la couronne de la tête de sa concurrente) a été pour Donald Trump une occasion de mettre à nouveau en avant son talent de businessman. En effet, dès le 21 décembre il a retweeté, c’est-à-dire mis en avant la publication d’un autre utilisateur du réseau : « #MissUnivers Donald Trump doit être ravi, dès qu’il revend le concours, celui-ci déraille. Nous avons besoin de vous M. Trump », avant de tweeter lui-même : « Désolant ce qu’il s’est passé hier soir lors du concours de Miss Univers. Je l’ai vendu il y a 6 mois à un prix record. [Avec moi] cela n’aurait jamais eu lieu ! ».
Pour ainsi dire : Mister Trump est un homme du contrôle, capable de prendre en main toutes les situations, et s’il n’est pas là plus rien ne se passe correctement. Selon lui. Quoi qu’il en soit, Donald Trump représente la réussite à l’américaine : une fortune gigantesque (l’homme est milliardaire) qui suffit à lui donner du crédit pour s’investir en politique, et ce sans aucune douceur quand il s’agit de se mettre en avant tout en écrasant ses adversaires. Donald Trump est de plus une personnalité très connue aux États-Unis avant d’être un homme politique, ce qui assoit d’une certaine manière une forte base populaire.
Un programme : « Make America Great Again » à coup d’armes et de rejet des immigrés, avec une pincée de grossièreté
Aux États-Unis, la question du port d’armes fait partie des débats politiques majeurs. En effet, la Constitution américaine l’autorise dans le deuxième amendement, et il est très compliqué de modifier la Constitution, tant d’un point de vue administratif que d’un point de vue populaire, car le port d’armes est pour certains inséparable de l’identité américaine. Sur son site de campagne, Trump énonce clairement sa position à ce sujet : « Le Second Amendement de notre Constitution est clair. En aucun cas on ne doit empiéter sur le droit du peuple à garder et porter une arme. Point. » : clair, net et précis.
Donald Trump a également réinvesti le vocabulaire lorsqu’il a choisi de désigner les immigrés illégaux non pas par le terme de « clandestins » mais par celui, très courtois, d’aliens. Toutefois, les États-Unis étant historiquement une terre d’immigration, de nombreux habitants d’Amérique Latine ont traversé la frontière pour y venir travailler (légalement ou non), et font donc partie de ces « aliens » qui représentent une part majeure de l’électorat américain : 11% en 2012. La déclaration la plus récente ayant porté à polémique a eu lieu après la tragique fusillade du 2 décembre à San Bernadino en Californie commise par deux individus musulmans radicalisés. Donald Trump a en effet annoncé une prise de position radicale dans un communiqué officiel mis en ligne sur son site de campagne. Alors que Barack Obama appelait les américains à ne pas faire l’amalgame entre musulmans et terroristes radicaux, il est écrit dans ce communiqué que « Donald J. Trump demande une fermeture totale et complète de l’entrée des musulmans aux États-Unis jusqu’à ce que les députés de notre pays comprennent ce qu’il se passe ».
Mais ce qui semble être l’arme favorite de Donald Trump, du moins sur les réseaux sociaux, c’est sa grossièreté et son indifférence à l’égard du politiquement correct. D. Trump n’hésite pas à tourner en ridicule ses adversaires afin de mieux se mettre en avant, en s’affirmant par comparaison. Notons que sur Twitter il interpelle souvent Hillary Clinton simplement par son prénom, et non pas par son nom complet. J’ai choisi ici plusieurs de ses Tweets qui parlent d’eux-mêmes. Un tel comportement suscite parfois la moquerie en Europe tant il semble en totale inadéquation avec un réel pragmatisme politique.
« Hillary Clinton est faible et incompétente: aucune force, aucune endurance ». On fonce dans le tas.
« Pauvre Jeb Bush qui a dépensé 50 millions de $ pour sa campagne, je n’ai presque rien dépensé. Il est en bas (et disparu), je suis au top (et largement). Voilà ce dont les EU ont besoin ! »
« L’année prochaine sera vraiment intéressante. J’ai hâte de faire campagne contre Hillary Clinton, une candidate totalement défectueuse, et de la battre à plate couture »
Un homme élevé qui n’est pourtant pas hors d’atteinte des moqueries
Comme Barack Obama avant lui, Donald Trump sait également s’entourer de personnalités pour gagner en popularité. Il a notamment posé avec Dan Bilzerian, un Américain faisant parler de lui avec son mode de vie alternant drogues, armes à feu, jeux d’argent, fêtes gigantesques et bimbos, et accessoirement par une photo de lui posant avec un sénateur sur laquelle on pouvait apercevoir clairement une ligne de cocaïne sur le bureau en arrière plan. Donald Trump est en effet régulièrement tourné en dérision sur de nombreux sites internet avec différents montages faits par des internautes qui s’amusent de ses déclarations invraisemblables.
Donald Trump est donné en tête de la primaire républicaine par les sondages américains. S’il venait effectivement à représenter le parti républicain, Hillary Clinton serait probablement face à lui pour représenter le camp des démocrates. Malgré l’exubérance du personnage, force est de reconnaître que Donald Trump a compris un principe nécessaire pour réussir en politique : dire aux citoyens ce qu’ils veulent entendre. Face à sa popularité et donc l’adhésion à ses diverses déclarations et promesses de campagne, il est possible de se demander s’il s’agit de ses réelles convictions ou d’une simple stratégie politique d’un homme qui est capable de faire fi des divers jugements pour s’assurer un maximum de voix en vue de son objectif principal : devenir président des États-Unis.
Clotilde Vidal-Oustalet