Parlonsinfo vous propose, en ce dimanche soir, de revenir sur ce qui a marqué l’actualité de cette première quinzaine de juillet, en France et dans le monde.

David Davis et Boris Johnson, deux ministres britanniques, démissionnent

Coup dur pour le gouvernement britannique qui a vu démissionner deux figures majeures à deux jours d’intervalle : David Davis, ministre chargé du Brexit, et Boris Johnson, ministre des affaires étrangères. Dimanche 8 juillet, David Davis a donc annoncé sa démission, invoquant des désaccords concernant la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne avec Theresa May, Première ministre britannique. En cause notamment, l’éloignement de l’idée d’un « Brexit dur » de cette dernière. « Ce que je redoute, c’est qu’ils ne prennent ce que nous leur proposons et n’en exigent encore plus… Nous acceptons trop de choses, et trop facilement. J’espère que nous saurons résister à toute concession supplémentaire. » explique David Davis. Il conteste entre autre la décision d’accorder une période de transition jusque fin 2020 pour pouvoir conserver l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni, des contreparties financières envers Bruxelles et un alignement des réglementations commerciales.

Boris Johnson (Licence CC : adamprocter2006 ; Wikimedia Commons)

La démission du ministre chargé du Brexit été suivie par celle du ministre des affaires étrangères, Boris Johnson. Ce dernier a annoncé quitter le gouvernement lundi 9 juillet. « C’est comme si nous envoyions à la bataille notre avant-garde agitant des drapeaux blancs, dénonce-t-il. Le rêve du Brexit meurt, étouffé par d’inutiles doutes sur nous-mêmes. La Grande-Bretagne se dirige vraiment vers le statut de colonie [de l’UE]. » a-t-il déclaré à propos de Theresa May. C’est Jeremy Hunt, ministre de la santé, qui le remplacera au poste de ministre des affaires étrangères. David Davis a quant à lui été remplacé par l’eurosceptique Dominic Raab, ancien secrétaire d’État chargé du Logement.

Le « délit de solidarité » jugé inconstitutionnel

C’était le cheval de bataille de Cédric Herrou, agriculteur connu pour avoir aidé des centaines de migrants, l’abolition du « délit de solidarité ». Ce dernier a été jugé contraire au « principe de solidarité » par le Conseil Constitutionnel. Chacun a ainsi « la liberté d’aider autrui, dans un but humanitaire, sans condition de la régularité de son séjour sur le territoire national ». Aucun acte humanitaire ne pourrait donc être puni au titre de l’aide au séjour et à la circulation irrégulière. A la suite du jugement du Conseil Constitutionnel, Martine Landry, poursuivie pour assistance à deux mineurs guinéens en 2017 et passible de cinq ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende, a été blanchie.

Brett Kavanaugh nommé juge assesseur à la Cour Suprême des États-Unis

Nommé par le Président américain, Donald Trump, Brett Kavanaugh, juge catholique conservateur de 53 ans, rejoint les huit autres juges de la Cour Suprême des États-Unis et remplace Anthony Kennedy qui souhaite prendre sa retraite d’ici la fin du mois. Comme tout agent fédéral, un juge de la Cour Suprême est nommé à vie par le Président américain et sa nomination doit être approuvée par le Sénat. Mais les positions de potentiel nouveau membre, et notamment son positionnement contre l’avortement, suscitent le débat chez les démocrates. Le chef de l’opposition sénatoriale, Chuck Shummer a déjà annoncé qu’il se positionnerait contre cette nomination, la jugeant dangereuse.

Geoffroy Roux de Bézieux prend la tête du Medef

Geoffroy Roux de Bézieux (Licence CC : Semaines-sociales de France – Wikimedia commons)

Le Mouvement des entreprises de France (Medef) a un nouveau visage, celui de Geoffroy Roux de Bézieux. L’ancien vice-président du Medef a été élu mardi 3 juillet pour cinq ans avec 55,8%, succédant ainsi à Pierre Gattaz, en place depuis 2013, et battant son opposant, Alexandre Saubot, ancien président de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM). L’homme de 56 ans s’était présenté comme le « candidat de la transformation numérique » et souhaite moderniser l’organisation patronale.

Nouvel empoisonnement au Novitchok en Angleterre : une femme décède

Deux personnes, Charlie Rowley et Dawn Sturgess, ont été hospitalisés le 30 juin dernier après avoir été empoisonnés au Novitchok. Cette dernière est décédée à l’hôpital une semaine plus tard. Cette nouvelle affaire a relancé les tensions entre Londres et Moscou, tensions nées du premier empoisonnement au Novitchok à Salisbury de Sergueï Skripal et de sa fille en mars dernier. Une « petite bouteille » de Novitchok a été retrouvée au domicile de Charlie Rowley. Les enquêteurs cherchent à savoir si l’agent est le même que celui qui avait empoisonné Sergueï Skripal.

Transfert de Cristiano Ronaldo

Ce mardi, le départ de Cristiano Ronaldo du Real Madrid pour la Juventus de Turin a été officialisé. Le quintuple ballon d’or a signé un contrat de quatre ans avec l’équipe italienne, pour 100 millions d’euros, plus 12 millions comme montant de solidarité, clause imposée par la FIFA. Ramón Calderón, l’ancien président du Real Madrid, estime que la Juventus a fait « une bonne affaire« , puisque « la valeur de la Juventus va incroyablement augmenter, le prix payé sera annulé par la publicité et les sponsors« . C’est donc selon lui une grave erreur de la part du Real de laisser filer CR7. L’icône du football devient donc le transfert le plus cher de l’équipe italienne, largement devant Gonzalo Higuain et son transfert de 90 millions.

Cristiano Ronaldo (Licence CC : Анна Нэсси – Wikimedia commons)

Rejets toxiques de Sanofi: le laboratoire perquisitionné

L’usine Sanofi de Mourenx, connue pour la fabrication de Dépakine, est à l’arrêt depuis ce lundi 9 juillet. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) estime que la valeur toxique de référence (VTR) du valproate de sodium, principe actif de la Dépakine, doit faire l’objet de nouveaux contrôles. Ce médicament anti-épileptique est accusé d’avoir provoqué des malformations et retards de développement chez des milliers d’enfants. L’Anses a déjà été sollicitée le 29 juin dernier, alors que l’usine de Mourenx était accusé de rejets de valproate de sodium sur le bassin chimique de Lacq, ce à quoi elle n’était pas autorisée. Un groupe d’expertise collective, réuni en urgence pour établir un rapport, a rappelé que « malgré un grand nombre de données existantes, aucune dose minimale en dessous de laquelle des effets sur la reproduction et le développement sont susceptibles de ne pas se produire, n’a pu être identifié ». Il n’y a donc pas de seuil minimal au-dessus duquel le principe actif de la Dépakine ne représenterait pas de risque pour la santé. De l’environnement à l’être humain, nombreuses peuvent en être les victimes. Le gouvernement a annoncé qu’il attendait les conclusions de l’Anses pour « fixer des prescriptions supplémentaires à l’industriel », alors que Sanofi « prend note des observations des services experts de l’État ».

« (…) Cents vies, je le sais, ne me lasseraient pas » : Mort de Claude Lanzmann à 92 ans

« Je m’en souviens toujours, je m’en souviendrai jusqu’à la mort, j’apprends beaucoup par cœur. » concluait Claude Lanzmann après sa déclamation d’un poème de Saint-John Perse, à l’antenne de France Culture lors d’une émission consacrée à la diffusion de ses quatre derniers films « Les Quatre Soeurs ». Il se sera affirmé jusqu’à la fin comme une mémoire privée et publique, sensible et engagée.

Au plus proche de l’Histoire du XXème siècle, résistant à l’âge de 18 ans dans les Jeunesses Communistes, participant aux embuscades et aux luttes clandestines pendant 2 ans, il rejoindra Paris à la Libération pour poursuivre des études de philosophies. Pigiste pour plusieurs journaux, il attire l’attention de Jean-Paul Sartre par une série de reportages sur Allemagne de l’Est. Le philosophe existentialiste fera engager « Le lièvre de Patagonie » (nom de résistant et titre de ses Mémoires) dans sa revue Temps Modernes, dont il prendra la tête en 1987 après la mort de Simone de Beauvoir, son amante puis amie.

L’année 1972 marque le début sa carrière de cinéaste, dont la grande majorité des oeuvres seront orientées sur la question juive. Avec Pourquoi Israël (en 1973), il innove par son procédé documentaire de témoignage face caméra et qui le place aussi bien comme un acteur à part entière de la discussion, que comme un interviewer à l’affut et déterminé. Viens ensuite Shoah, le film fleuve qui sera à jamais associé à son patronyme, d’une durée de 9h26 (diffusé sur Arte) laissant à chaque témoignage le temps de se dévoiler. Reconnu mondialement comme un film essentiel et nécessaire, cela le confortera à condamner moralement d’autres auteurs qui traiteront de près ou de loin la question de l’Holocauste par des dispositifs documentaires ou fictifs différents du sien. Ainsi, Roberto Benigni (La vie est Belle), Steven Spielberg (La liste de Schindler) ou encore plus récemment Lászlo Nemes (Le Fils de Saul) se seront vus attirer les foudres de Lanzmann.

Un dernier fait marquant de la part d’un homme qui se sentait peut être partir, c’est la vente à l’Université de Yale de la correspondance amoureuse avec Beauvoir. Effrayé que ses héritiers fassent mauvais usage de cette « exceptionnelle correspondance d’amour unique au monde » il déclarait avoir préféré « permettre l’accès aux historiens et aux chercheurs » à cette dernière. Un homme qui s’est entièrement donné à l’Histoire.

Sommet de l’OTAN, une victoire diplomatique pour Donald Trump ?

« Dangereux, imprévisible et fluctuant », le contexte international était au coeur des tensions lors du sommet de l’OTAN à Bruxelles, le 11 et 12 juillet dernier. Entre « actions agressives » de la Russie, instabilité et crises à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, prolifération des armes de destruction massive, c’est dans une ambiance crispée entre grandes puissances que la déclaration a aboutit à soixante-dix-neufs points.

Un partage plus équitable des charges, appuyé par le président Donald Trump, qui n’a pas manqué de comparer l’investissement financier américain à celui des alliés européens. « Les États-Unis sont les couillons qui paient tout », affirmait-il quelques jours avant, dans le Montana. Après avoir quitté l’accord sur le climat, déchiré le compromis sur le nucléaire iranien et déserté l’Unesco, une certaine appréhension vis-à-vis de la position américaine s’est manifestée. Affirmant son soutien, celui-ci a tout de même remis en cause la position allemande face à la Russie : « Nous devons les protéger contre la Russie, mais ils lui paient des milliards de dollars. L’Allemagne aura automatiquement 70% de son gaz contrôlé par la Russie. Dites-moi : est-ce juste ? (…) Je pense que non. (…) Et pendant ce temps, l’Allemagne dépense à peine 1% de son PIB pour la défense tandis que les USA plus de 4% ». Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, a souhaité rappeler l’augmentation de 6% des dépenses des alliés, et ce depuis le sommet de Newport. L’effort de défense devenant le principal sujet de la réunion, Donald Trump a réveillé l’engagement pris par les États membres en 2014 de consacrer au moins 2% de leur PIB au budget de la défense, qui devra être atteint d’ici 10 ans pour les états en deçà du seuil.

Une amélioration des relations avec la Russie, dont les politiques récentes ont modifié l’environnement de sécurité « euro-atlantique », s’est également esquissée, mais reste incertaine en amont de la rencontre Trump-Poutine qui aura lieu dans les prochains jours. Le texte a toutefois souhaité réaffirmer le soutien de l’OTAN a la souveraineté et l‘intégrité de l’Ukraine, la Georgie. Une autre trentaine de points évoque une modernisation de l’Alliance, projette une certaine stabilité dans la lutte contre le terrorisme, aspire à renforcer le partenariat avec l’Union Européenne et rappelle enfin les valeurs partagées de défense collective par les états membres.

Marie Sénéchal, Joana Sureau et Mathilde Piriou-Guillaume