Parlonsinfo vous propose, en ce dimanche soir, de revenir sur ce qui a marqué l’actualité de la quinzaine, en France et dans le monde. Durant l’été, la Semaine en Bref se mue en quinzaine, et continuera à vous informer.

Jacques Chirac est décédé jeudi à l’âge de 86 ans, dans son domicile parisien

La file d’attente pour rendre hommage au président Chirac s’étirait dimanche après-midi sur plus d’un kilomètre. Crédits : Eric Pouhier (Licence CC/Wikimedia Commons)

Jacques Chirac a été Président de la République française durant deux mandats de 1995 à 2007. Sa carrière politique, qui a duré plus de quarante ans, aura été exceptionnelle. Après être passé par sciences po Paris et l’ENA, il aura été, ministre, maire de Paris, premier ministre, et chef de l’état. Son décès a beaucoup touché les français. Les commémorations ont commencé depuis jeudi.

Emmanuel Macron s’est ainsi exprimé en décrivant « un destin français » et « un homme d’Etat que nous aimions autant qu’il nous aimait ». Lundi, aura lieu une cérémonie à l’église Saint-Sulpice de Paris à midi, où une trentaine de chefs d’Etats sont attendus, dont Vladimir Poutine.

L’Elysée également est ouverte jusqu’à dimanche pour que chacun puisse venir lui rendre hommage. Près de 5000 personnes s’y sont déjà rendues depuis jeudi soir, pour y signer les registres de condoléances. Ce dimanche également un hommage populaire aux Invalides est prévu. Ensuite, l’ancien président de la république sera inhumé au cimetière du Montparnasse, lundi, auprès de sa fille Laurence.

Lundi, une journée de deuil national a été décrétée par le chef de l’Etat. Les drapeaux seront ainsi en berne sur les édifices publics et une minute de silence sera observée.

Une procédure de destitution lancée contre le président Trump

Le président américain fait face à l’opposition démocrate, menacé pour la première fois de destitution. Crédits : Gage Skidmore (Licence CC/Wikimedia Commons)

Mardi 24 septembre, la présidente de la Chambre des représentants aux Etats-Unis, Nancy Pelosi, a annoncé l’ouverture d’une enquête de Donald Trump, en vue de sa destitution. Cette enquête fait suite à la découverte d’une conversation téléphonique entre le président américain et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky. Selon un membre du renseignement ayant alerté plusieurs médias, Donald Trump aurait discuté de manière critique de Joe Biden. Ce dernier semble en effet être le candidat favori de la primaire démocrate.

Le président Trump a répondu à ces allégations en avouant avoir évoqué le candidat démocrate avec le président ukrainien. Mais il nie avoir exercé quelque pression pour enquêter sur son potentiel adversaire pour l’élection présidentielle de 2020. C’est ce dernier élément que les parlementaires démocrates cherchent à éclaircir, car il s’agirait d’un acte anticonstitutionnel, et passible de la destitution du président.

La Maison Blanche a donc transmis la transcription d’une partie de l’appel téléphonique. Elle montre que les présidents ont évoqué Joe Biden et son fils, Hunter, notamment à propos d’affaires de corruption. Donald Trump y accuse, sans preuve, Joe Biden d’avoir demandé le départ d’un procureur ukrainien, pour protéger des affaires suspicieuses de son fils.

Cette procédure de destitution est demandée depuis plusieurs mois par certains parlementaires démocrates, notamment à la suite d’accusation s’ingérence du président avec la Russie en 2016. Et cette nouvelle affaire a rallié les membres de la Chambre plus modérés.


Un sommet de l’ONU sur le climat marqué par l’intervention de Greta Thunberg

Lundi 23 septembre 2019, s’est tenu au siège de l’ONU (Organisation des Nations Unies) à New-York (Etats-Unis) un sommet sur l’urgence climatique, réunissant les chefs d’Etat du Monde entier. Une soixantaine étaient présents.

L’absence des Etats-Unis est notable. Donald Trump y a néanmoins fait une apparition surprise d’une dizaine de minutes, durant laquelle il n’aura été que spectateur.

Soixante-six pays se sont engagés au principe d’une neutralité carbone d’ici 2050. Malgré la présence de la France et de l’Allemagne parmi les Etats signataires, il s’agit principalement de petits pays qui représentent 6,8% des émissions totales de gaz à effet de serre. L’Union européenne a échoué à se mettre d’accord sur cet objectif et espère arriver à un consensus d’ici 2020.

Peu avant l’ouverture du sommet, la France a organisé avec le Chili et la Colombie une réunion sur l’Amazonie. Le Brésil de Jair Bolsonaro l’a boycotté. Des nouveaux programmes ont été annoncés pour les forêts tropicales, avec un financement à hauteur de 450 millions d’euros dont 90 millions par la France.

Greta Thunberg a délivré un discours pour critiquer l’inaction des gouvernements. La jeune suédoise affirme qu’elle ne devrait pas être là « mais à l’école ». Avec quinze autres jeunes, elle a annoncé une action en justice pour dénoncer « l’inaction » de cinq pays contre le réchauffement climatique. La France, comme l’Allemagne, l’Argentine, le Brésil et la Turquie, est visée. Leur inaction porterait atteinte à la Convention de l’ONU sur les droits de l’enfant.

L’intervention a été très applaudie par l’assemblée. Emmanuel Macron s’est dit frappé par les discours des jeunes l’ayant précédé : « On a besoin de cette jeunesse pour nous aider à bouger les choses (…) et mettre plus de pression sur ceux qui ne veulent pas bouger » a-t-il déclaré.

L’organisation non-gouvernementale Greenpeace France rappelle à franceinfo que ces engagements sont des déclarations de principe dont l’échéance est à long terme. Le Pape François lui même a déploré sur Twitter les engagements « très vagues » des Etats depuis quelques années.

#BalanceTonPorc : l’initiatrice du hashtag condamnée pour diffamation

Sandra Muller, qui a lancé le mouvement #BalanceTonPorc il y a deux ans, a été condamnée par le tribunal de Paris mercredi 26 décembre pour diffamation. La journaliste devra verser 15 000 euros de dommages et intérêts au titre de préjudice moral et 5 000 euros pour les frais judiciaires à Eric Brion, ancien dirigeant de la chaîne Equidia qu’elle avait accusé de harcèlement sexuel sur Twitter. Elle sera aussi obligée de supprimer son tweet et publier un communiqué judiciaire à la place.

Le 13 octobre 2017 elle publie sur Twitter « #balancetonporc!! toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlent (sic) sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends ». Ce message a encouragé des milliers de femmes à parler des agressions sexuelles qu’elles ont subies. Sandra Muller sera même nommée par le Time comme une des « personnalités de l’année » en 2017.

Les avocats d’Eric Brion estiment que leur client « n’est pas un harceleur ». Ils s’expliquent : « oui, #balancetonporc est un phénomène superbe, mais à côté de ça, il y a eu de la calomnie, de la rumeur ». L’avocat de Sandra Muller, Francis Szpiner a lui exprimé son intention de faire appel en raison d’une « décision hors du temps et une régression ».

Suite à sa condamnation la journaliste dénonce elle une « décision lourde, punitive et décevante qui n’enlève rien au fait que la parole des femmes s’est libérée ». Elle leur lance même un message : « vous devez continuer à parler. Vous devez continuer à dénoncer les agissements répréhensibles quels qu’ils soient. La peur ne doit pas gagner, la peur ne doit pas changer de camp ».

Une tribune de soutien a été signée par de nombreuses militantes féministes : « nous savons aujourd’hui ce que nous devons à #BalanceTonPorc et à Sandra Muller, et nous lui exprimons toute notre solidarité ».

Brexit : annulation de la suspension du Parlement

De l’autre côté de la manche le Brexit agite toujours le Parlement britannique. Boris Johnson avait décidé, avec l’accord de la Reine, de suspendre le travail des députés pour une durée de cinq semaines à partir du lundi 9 septembre. La Cour suprême britannique a cependant jugé mardi 24 septembre que la suspension du Parlement était illégale et l’a annulée. C’est une décision unanime de la part des onze juges de la juridiction la plus élevée au Royaume-Uni.

Ce jugement est décrit par les spécialistes du droit constitutionnel comme spectaculaire. Il place le Parlement au cœur de la constitution et annule la suspension voulue par Boris Johnson. La Cour suprême a en effet pour la première fois annulé une décision, la rendant complètement inexistante, et ne l’a pas juste déclarée illégale. Les juges ont motivé ce choix par le caractère souverain du Parlement entendu au sens large et la nécessité pour le gouvernement de s’expliquer devant les députés.

C’est une défaite importante pour Johnson et une victoire pour Gina Miller, femme d’affaires anti-Brexit, et les militants qui avaient saisi la Cour suprême. Ce n’est pas le premier jugement rendu par la juridiction sur ce dossier. En 2017 la Cour suprême, suite à un recours de Gina Miller, avait déjà obligé le gouvernement de Theresa May à obtenir l’accord du Parlement pour la sortie de l’Union Européenne en plus du référendum de 2016. Depuis la militante gestionnaire de fonds à Londres, utilise sa fortune pour se dresser contre le Brexit.

Boris Johnson s’est exprimé mercredi 25 septembre devant les députés de retour à Westminster suite à l’annulation de la suspension. Le Premier ministre a réitéré sa volonté de sortir de l’Union Européenne, « je veux faire le Brexit » et a proposé à l’opposition de voter une motion de défiance.

Cette proposition permettrait au parti travailliste de le renverser et former un gouvernement eux-mêmes durant deux semaines. S’ils échouaient durant cette période des élections auraient lieu et ils devraient « faire enfin face au jugement des électeurs » selon Boris Johnson. Jeremy Corbyn, un des leaders de l’opposition, reconnait vouloir la démission du Premier ministre mais ne souhaite pas d’élections. Il demande même report du Brexit au-delà de la limite du 31 octobre.

Grégoire Chérubini, Agathe Dijoud, Sarah Fiegel & Marie Lagache