Prison sources AFP

Dans les 101 maisons d’arrêt de France, la surpopulation carcérale a connu une hausse de 1% en 2012.

Surpopulation carcérale Une situation « effroyable ». C’est en ces termes que le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, a décrit l’état de la prison des Baumettes. Un schéma qui semble se retrouver sur tout le territoire français.

 

Une réhabilitation nécessaire

66 748 personnes écrouées en septembre 2012 pour 57 213 places disponibles. Face à la dégradation des conditions de détention, des rapports d’expertise judiciaire affluent, sur demande de la justice ou d’associations qui militent pour une réhabilitation des prisons françaises .

À la maison d’arrêt de Colmar, comme ailleurs, le constat est sans appel. À trois dans une cellule de 9m², peu d’aération, les douches dans un « état de vétusté avancé », le chauffage « sommaire, voire inexistant ». Cette situation « inhumaine et indécente » fait écho à l’ancienneté de la prison. En plein centre touristique, l’ancien couvent de Colmar est transformé en prison en 1791. Peu de changements sont à noter depuis cette date. La surpopulation carcérale, quant à elle, augmente sans cesse.

La maison d’arrêt accueille les prévenus ainsi que les condamnés à une peine n’excédant pas un an. Un problème majeur pourtant: les détenus en attente d’orientation vers un établissement pour purger leur peine. Ils sont amenés à Colmar lorsque le numerus clausus des centres de détention voisins est atteint. La capacité d’accueil explose donc rapidement. Les 120 places disponibles sont surexploitées. Le taux d’occupation grimpe alors à 145% – la moyenne nationale dans les maisons d’arrêt étant de 130%.

Face à cette augmentation constante des effectifs, les avocats de détenus entendent faire condamner l’État et obtenir réparation pour leurs clients. Les associations, quant à elles, réclament des moyens matériels et humains et, surtout, la mise en place d’une vraie politique pénale. Faute de quoi, l’Observatoire international des prisons (OIP) se positionnera pour la fermeture de ces établissements, comme il l’a déjà fait pour les Baumettes.

Développer les peines alternatives

Les conditions de détention déplorables révélées ces dernières semaines touchent essentiellement les vieux établissements pénitentiaires. Mais dans les prisons récentes, le contexte n’est pas si différent. Si la vétusté n’est pas encore perceptible, la surpopulation carcérale y bat son plein.

A 25km de Toulouse, la maison d’arrêt de Seysses. Créée en 2003 pour remplacer l’ancienne prison de la ville, elle possède une capacité d’accueil de 596 détenus. 1 100 personnes sont aujourd’hui incarcérées entre ses murs.

Depuis la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy, la politique carcérale a pris un tournant. Fini le tout sécuritaire pour remplir les prisons françaises. Bracelet électronique, semi liberté et placement extérieur pour les courtes peines sont devenus les nouveaux moyens pour désengorger les lieux de rétention.

À Seysses, l’aménagement des peines existe. 600 condamnés sont sortis de prison, bracelet au poignet. Ils sont surveillés à distance par la maison d’arrêt grâce à la géolocalisation de l’appareil. Ce système, moins coûteux qu’une journée de détention (5.40€ au lieu de 71€), permet de responsabiliser le détenu. Autre alternative : le quartier courte-peine. Les détenus dont la condamnation ne dépasse pas un an l’intègrent sur la base du volontariat. Disposant de la clé de leur cellule dont les fenêtres sont sans barreaux, ils réapprennent à vivre normalement. Durant cette période de transition, les détenus suivent un programme de prévention à la récidive puis réintègrent le système carcéral traditionnel. La bouffée d’air frais qu’offre cette unité à 60 personnes montre la volonté du gouvernement de privilégier la réinsertion à la répression.

Le chemin reste encore long. Dominique Carrière, surveillant à Seysses, dénonce « un manque de personnel dans un établissement surchargé ». « Alors qu’il faudrait un surveillant pour 50 détenus, nous sommes à un pour 80 condamnés», ajoute-il. La surpopulation carcérale entraîne une gestion « médiocre » et une disponibilité moindre des infrastructures pour chaque personne. L’administration pénitentiaire n’arrive même plus à remplir sa mission première : veiller à la sécurité des détenus. Face à cette situation alarmante, les syndicats des surveillants non-gradés se prononcent en faveur de l’instauration, par la loi, d’un numerus clausus pour les maisons d’arrêt. Une solution de plus pour réguler le flux d’entrées en prison.

Camille Wormser