Si elle est relativement développée aux Etats-Unis, l’école à la maison reste une pratique assez peu répandue en France. Selon un rapport du Sénat de 2011, 18818 enfants sont inscrits à domicile ; toutefois, seuls 3297 le sont sans être déclarés inscrits dans un organisme d’enseignement à distance (le CNED étant le plus populaire).

Source : Pixabay

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Il y a deux principaux cas de figure : soit la scolarisation à domicile est une nécessité pour l’enfant, en cas de handicap ou de maladie notamment, soit c’est un choix des parents. En effet, certains parents estiment que l’enseignement dans une structure classique n’est pas optimal : pas assez de temps pour chaque enfant, programmes trop contraignants, rythmes scolaires inadaptés… Ils se lancent donc alors dans l’aventure de l’instruction en famille. Sabine Fontroget-Marchand, présidente des ateliers Homes couleurs, groupe de home-schooling, explique d’ailleurs que « les deux cas sont une réalité et aujourd’hui nous trouvons autant de famille dans un cas comme dans l’autre. » Les durées de l’instruction en famille varient de quelques années à toute la scolarité. Il semble en tous cas que cette pratique soit de plus en plus populaire. Pour son groupe de Bordeaux, Mme Fontroget-Marchand dénombre « environ une quarantaine [de famille] en moyenne. Les chiffres sont en augmentation régulière. »

Il y a plusieurs types d’école à la maison : l’instruction en France est relativement traditionnelle, avec le suivi d’un programme mais d’une manière plus souple, ou la validation progressive d’unités (des compétences précises dans diverses matières). Mme Fontroget-Marchand souligne donc bien que « l’instruction en famille est le terme générique. L’école à la maison représente les familles qui font comme à l’école mais à la maison. La non scolarisation et le fait de ne pas mettre son enfant dans un établissement scolaire. » Néanmoins, certaines méthodes se sont développées, notamment aux Etats-Unis, qualifiées de « unschooling », dans les années 1960-70 par John Holt, qui considérait que l’école est « un endroit où les enfants apprennent à être stupide ». Le mot d’ordre est la liberté totale, l’autonomie : les parents laissent à l’enfant le soin de choisir ce qui l’intéresse, ce qu’il souhaite apprendre. Pas de livres d’apprentissage, tout est à la carte : si l’enfant souhaite faire de l’astronomie sa priorité, qu’il en soit ainsi. Cette philosophie éducative affirme, de ce fait, ressembler à la vie. Mme Fontroget-Marchand explique qu’« en France, de nombreuses familles font école à la maison avec des cours par correspondances ou des livres et cahiers. Certaines suivent des pédagogies comme Montessori, Freinet, Steiner… Le unschooling se développe beaucoup ces dernières années pour suivre les nouvelles connaissances sur le cerveau et son développement mais aussi grâce aux livres et films sur le sujet. »

Qu’en est-il d’un point de vue législatif ? L’instruction des enfants est obligatoire en France de 6 à 16 ans, et selon l’Article L131-1-1 du Code de l’Education, « cette instruction obligatoire est assurée prioritairement dans les établissements d’enseignement », mais elle peut être réalisée par la famille. L’enfant à le droit à l’instruction, pour acquérir les fondamentaux et développer son sens moral et critique. L’instruction donnée par les parents aux enfants et les progrès de ces derniers sont alors rigoureusement contrôlés. En effet, si la scolarisation à domicile est un choix des parents, un inspecteur d’académie effectue un contrôle individuel au moins 1 fois par an, vérifiant que certaines compétences sont bien acquises. Si ce n’est pas le cas, un nouveau test a lieu, et si le second contrôle n’est pas concluant, l’enfant doit être scolarisé dans un établissement scolaire. L’instruction en famille est donc une éducation alternative légale et bien encadrée, pour le moins en France, mais cette pratique reste relativement minoritaire.

Mathilde PIRIOU-GUILLAUME