Arnaud Hermant, journaliste sportif au Parisien et coauteur du livre « Le PSG, le Qatar et l’argent », revient sur l’arrivée très médiatique de David Beckham au Paris Saint-Germain.

British football player David Beckham poses presenting his new jersey after a press conference on January 31, 2013 at the Parc des Princes stadium in Paris. Beckham signed a five-month deal with the French Ligue 1 football club Paris Saint Germain until the end of June.      AFP PHOTO / FRANCK FIFE

 

«Oh my god!» Telle aurait pu être la première sortie d’un journaliste français anglophone en débarquant en fin d’après-midi au Parc des Princes le 31 janvier ou au camp des Loges le 13 février dernier. Jamais au grand jamais, ce reporter n’avait vécu, dans sa carrière, une agitation, une excitation, un barnum médiatique aussi démesurés et envisageables que celui suscité par la présentation d’une nouvelle recrue d’un club de foot. Sauf que… (Il y a des exceptions à tout paraît-il). Sauf que ce club s’appelle le PSG, versus Qatar, et qu’aujourd’hui tout lui est permis, les folies les plus grandes comme les rêves les plus fous. Et sauf que cette nouvelle recrue s’apparente davantage à une rock star qu’à un simple footballeur. Il s’agit, bien sûr, vous l’aurez reconnu, de David Beckham en personne.

Ancien grand joueur de 38 ans en mai prochain, au palmarès conséquent puisqu’il a tout gagné en clubs, passé par des formations mythiques (Manchester United ou le Real Madrid), il a signé un bail de cinq mois avec le PSG. Cinq mois comme joueur avec vraisemblablement ensuite une reconversion du style ambassadeur. Même s’il n’y a rien d’officiel sur ce sujet, cela semble pourtant assez logique et nécessaire. Car, même si aujourd’hui le coup médiatique a parfaitement fonctionné (on y reviendra), on en prend pour preuve la récente étude réalisée par Sport Market et Synthésio selon laquelle l’arrivée du Spice Boy a généré près de 300.000 mentions, dont 86% positives, sur les réseaux sociaux du monde en entier en douze jours, 150 jours de présence seulement au PSG ne peuvent suffire aux dirigeants parisiens pour profiter à plein de l’effet Beckham.

Donc ce journaliste français, assistant à la conférence de presse d’officialisation du recrutement de «Beck» et à son premier entraînement près de quinze jours après, n’en a pas cru ses yeux. A l’entrée du beau gosse dans l’amphithéâtre du Parc des Princes plein de 200 journalistes venus du monde entier en ce dernier jour de janvier, une clameur inhabituelle a retenti, mêlant la déferlente des crépitements des appareils photo et petits cris retenus des femmes de l’auditoire devant la merveille… C’est comme si un fan des Rolling Stones, au crépuscule de sa vie, croisait enfin Mick Jagger ou un fervent catholique avait la chance d’obtenir une audience avec feu Jean-Paul II, le très apprécié Pape décédé en 2005.

Le 13 février, le premier entraînement de la star s’est aussi drapé dans les annales de l’histoire du PSG. C’était la première fois qu’il fallait s’accréditer pour avoir le droit d’assister à une séance. Près de 200 demandes sont arrivées sur le bureau du service de presse parisien mais seuls 100 d’entre elles ont été sélectionnées pour avoir le privilège de suivre les premières foulées de David Beckham au camp des Loges, joliment rebaptisé camp David par les Guignols de Canal+ le soir même. Le moment a revêtu un caractère exceptionnel pour la France et le petit monde du football dans son ensemble. Parce que Beckham est plus qu’un footballeur. Il se dirige vers la retraite de façon pressante mais malgré tout, il demeure plus populaire qu’un Lionel Messi ou un Cristiano Ronaldo, les deux vedettes et meilleurs joueurs du football aujourd’hui. Beckham, à lui seul est synonyme, pour un club comme le PSG en recherche effrenée et mondiale de notoriété, de retombées gigantesques. Beckham doit ouvrir au Paris made in Qatar les portes de marchés réellement inexplorés jusqu’alors par notre L1 limitée et méconnue. On pense bien évidemment à l’Asie…

Alors Beckham dans le club de notre capitale c’est un petit pas pour lui mais un grand pas pour le projet du nouveau PSG. Et sans prendre de risques inconsidérés, il n’est pas fou d’annoncer d’ores et déjà que ce mariage s’annonce réussi et porteur de succès.

Arnaud Hermant

Photo: Flickr/Licence CC