Tribune – Depuis près de deux ans, Paul Godefrood, militant Les Républicains, réclame une intervention militaire en Syrie. Il estime que les bombardements effectués actuellement par les forces occidentales sont loin d’être suffisants pour contenir le péril que représente Daesh.

Hier s’est ouverte la 70ème Assemblée générale des Nations Unies, où se sont exprimés quelques-uns des plus importants dirigeants de la planète et parties prenantes d’un conflit qui a déjà causé le décès de plus de 300 000 personnes, civils pour la plupart, et provoqué l’exode de millions d’autres.

Vladimir Poutine à la tribune de l'ONU (Image : UN Photo/Cia Pak / Licence CC)

Vladimir Poutine à la tribune de l’ONU (Image : UN Photo/Cia Pak / Licence CC)

Hasard du calendrier ou volonté politique de la part de l’administration onusienne, Vladimir Poutine, qui ne goûte généralement pas aux grand-messes diplomatiques occidentales, avait fait le déplacement – tout un symbole – alors que, en habitués des lieux, Barack Obama et François Hollande venaient répéter sempiternellement un discours sur la crise syrienne qui a de plus en plus de mal à s’accointer avec la réalité du terrain et des forces en présence. Un François Hollande qui avait, quelques heures auparavant, demandé aux rafales français en mission dans la zone aérienne syrienne, de détruire un centre d’entrainement djihadiste, façon élégante de défendre le rôle à venir de la France dans les négociations.

Il aurait sans doute fallu un peu plus que quelques missiles et un camp détruit pour s’assurer une place à la hauteur de la France et de son implication dans le dossier syrien dans les négociations à venir… Alors que le président français haranguait les autres délégations présentes à son discours, Barack Obama, son « fidèle allié » et Vladimir Poutine, le vrai maitre du jeu, s’éclipsaient pour organiser les contacts entre militaires russes et américains et établir une stratégie militaire pour venir à bout de l’État Islamique. Va jouer dans ta chambre, papa et maman ont à parler.

Image : UN Photo/Amanda Voisard / Licence CC

Image : UN Photo/Amanda Voisard / Licence CC

Dernière humiliation en date, cette fois-ci adressée également au président américain (c’est toujours meilleur quand c’est partagé) : la fin de non-recevoir du président russe lors d’un point presse concluant les vaines incantations de départ du pouvoir de Bachar Al Assad : « J’ai le plus grand respect pour mes homologues américain et français mais ils ne sont pas des ressortissants syriens et ne doivent donc pas être impliqués dans le choix des dirigeants d’un autre pays ».

Car force est de constater que la stratégie mise en place par les occidentaux est un fiasco. Les bombardements entrepris par la coalition ont drainé vers la Syrie et l’Irak autant de fous de Dieu qu’ils en avaient neutralisés ; la formation des milices syriennes modérées ne donne pour l’instant aucun résultat tangible, les livraisons d’armes tombent pour la plupart entre les mains de Daesh, etc. J’avais demandé, il y a maintenant plus de deux ans, sur ce mêmes site, une intervention militaire en Syrie, malheureusement avortée par les atermoiements occidentaux, afin de détruire la menace islamiste et de ne pas laisser au maitre du Kremlin un boulevard politique et stratégique qu’il se serait empressé de prendre dans cette région du monde.

Aujourd’hui, il est nécessaire qu’une intervention militaire terrestre de grande ampleur soit organisée, avec des troupes arabes, turques, iraniennes, occidentales, russes et syriennes, à l’image de ce que propose Bruno Le Maire. Aujourd’hui, le vrai péril s’appelle Daesh : ce sont eux qui frappent nos territoires, qui professent la guerre sainte contre l’occident et contre les mauvais musulmans, qui décapitent et violent. Il sera toujours temps de régler le cas de Bachar Al Assad dans un second temps car oui, le temps viendra où son départ devra être négocié. Il est le principal responsable du chaos qui règne dans cette zone et de la mort de dizaines de milliers de personnes.  C’est uniquement en acceptant ce principe de réalité et en cessant de traiter la Russie comme un pestiféré de la diplomatie mondiale qu’une solution viable pourra être trouvée et que la France pourra peser de tout son poids dans la résolution du conflit.

Paul Godefrood