L’exposition « Albums- Bande dessinée et immigration, 1913-2013 » témoigne, jusqu’au 27 avril, des interactions entre immigration et bande dessinée au cours de notre siècle. Le dessin y raconte avec pertinence les parcours des migrants.

65be1ba9e9e22892c3264523c9748488

Affiche de l’exposition Albums, illustrations tirées des ouvrages de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, Aya de Youpogon (tome 6) © éditions Gallimard ; D’Halim Mahmoudi, Un monde libre © Des ronds dans l’O ; et de Jérôme Ruillier, Les Mohammed © Sarbacane

Comment raconter la migration en bande dessinée ? C’est la question que pose le Musée de l’Histoire de l’Immigration par le biais de cette exposition où, pour la première fois, le 9ème art est à l’honneur.

Lier bande dessinée et immigration, c’est d’abord raconter un siècle d’évolutions. D’abord cantonnée à quelques cases en fin de journal, la BD s’est affirmée comme un art à part entière avec ses festivals et son cortège de fans. Migrants d’hier et d’aujourd’hui sont eux aussi sensiblement différents, l’ouvrier célibataire a fait place à la famille, aux enfants de deuxième génération et aux femmes (actuellement 50% des migrants sont des migrantes).

Pour raconter ce siècle, l’exposition s’articule autour de trois grands axes. Le premier s’attache à retracer les parcours d’une dizaine d’auteurs qui, chacun à leur manière, ont marqués l’histoire du genre. Les grands précurseurs George McManus, Will Eisner et René Goscinny témoignent des vagues d’immigration entre Europe et continent américain au début du XXème siècle.  La génération née en France de parents immigrés dans les années 50 est représentée par Baru, Farid Boudjellal et Enki Bilal tandis que les plus jeunes trouvent, entre autres, en Marjane Satrapi une porte-parole (le story-board de Persépolis est d’ailleurs présent sur le parcours).

La seconde partie de l’exposition donne à voir les différentes inspirations qui ont traversés la bande dessinée. D’abord faite pour distraire, elle emprunte petit à petit au cinéma et à la littérature tout au long du XXème siècle. Elle devient alors plus graphique et s’ouvre aux récits de vie et aux autobiographies.

Le dernier volet s’attache au voyage, ses différentes étapes et les raisons qui poussent les hommes à partir de chez eux. Dessinateurs et scénaristes racontent, à travers leurs planches, des parcours. Si le migrant a changé, des constantes subsistent, il y a toujours un départ, un voyage et, à la fin, une terre d’accueil.

L’exposition se clos par un sanctuaire, calme et poétique, où les œuvres de l’australien Shaun Tan entrainent le visiteur dans un monde universel, brumeux et fantasmé.

Cette belle exposition permet de vivre, à travers des yeux d’artistes, l’expérience de la migration. Chaque planche peut se voir comme une œuvre à part entière, le visiteur pressé s’en satisfera. Pour appréhender les histoires et replacer les dessins dans leurs contextes, le parcours est parsemé de salons de lecture où les albums complets attendent le visiteur désireux d’accompagner encore un peu plus loin ces artistes voyageurs.

 Manuel Senut

 

« Albums – Bande dessinée et immigration 1913-2013 » jusqu’au 27 avril ; Musée de l’Histoire de l’Immigration ; du mardi au Dimanche ; gratuit pour les moins de 26 ans.