Depuis l’émergence du livre électronique, le secteur littéraire est dit en crise et, en pratique, c’est effectivement le cas. L’édition 2014 du Salon du Livre de Paris semble toutefois marcher dans les pas de la précédente. Les organisateurs attendent en effet pas moins de 200.000 visiteurs soit 2,5% de plus qu’en 2013…

La situation du livre en France

Les chiffres du secteur de l’édition viennent de tomber. À priori, ils semblent contredire l’hypothèse d’une crise du livre : en 2013, on constate une hausse de 3,7% de la production de livres – soit 74.818 titres contre 72.139 en 2012. L’existence de cette crise semble toutefois bien être une réalité et se trouve confortée dans d’autres chiffres, notamment dans celui du tirage moyen – c’est-à-dire le nombre d’exemplaires imprimés lors de la première édition – qui n’est que de 7.282 exemplaires, soit une baisse enregistrée de 4,6% par rapport à 2012. Les éditeurs ont un chiffre d’affaire 1,2% moins important qu’en 2011 tandis que les français ne sont que 69% à avoir lu au moins un livre au cours des douze derniers mois.

Le secteur du livre est tiré vers le haut par les ventes d’ouvrages jeunesse – 21% des exemplaires vendus en 2012 – et de romans – 25%. Sur la totalité des livres commercialisés en France courant 2013, 17,8% sont des traductions avec une nette domination de la littérature en langue anglaise qui, à elle seule, représente 60,2% du volume total des traductions. Les Français restent donc attachés à l’objet-livre bien que 15% d’entre-eux admettent avoir déjà lu un livre numérique et 7% envisagent de le faire prochainement.

Extrait d'un livre électronique : quand un nouveau support permet de découvrir des livres qui ne sont plus édités / ©ParlonsInfo

Extrait d’un livre électronique : quand un nouveau support permet de découvrir des livres qui ne sont plus édités / ©ParlonsInfo

Le Salon du Livre 2014

Forte du succès de l’année précédente, la nouvelle édition du Salon du Livre de Paris a installé ses étals Porte de Versailles et c’est déjà un succès. Les visiteurs se bousculent dés l’entrée – accueillis par les éditions du Seuil – et entre les différents stands où il n’est pas aisé de circuler. Les files d’attentes pour obtenir une dédicace peuvent faire plusieurs dizaines de mètres de long mais toujours – ou presque – dans la bonne humeur. Cette édition est dédiée à différentes formes d’arts : quelques expositions – dont une inédite de Sempé –, des démonstrations culinaires ainsi que quelques illustrateurs œuvrant sous les yeux d’une foule épatée… Des débats ont également lieu. Oxmo Puccino est par exemple venu parler de Twitter et de la nouvelle forme de communication que le réseau social a engendré à l’occasion de la sortie de son essai 140 piles. France Culture émet en direct depuis le Salon du Livre en invitant les écrivains à venir parler de leurs rapports à l’écriture, aux livres et à la littérature en général.

Débat à propos des buts de la littérature / ©ParlonsInfo

Débat à propos des buts de la littérature / ©ParlonsInfo

La ville de Shanghai est invitée d’honneur et ce sont dix-sept auteurs chinois qui se succèdent à l’occasion de tables rondes et de débats pour permettre à tout un chacun de découvrir une littérature qui ne leur est pas familière. L’Argentine est également célébrée comme pour fêter le centenaire de la mort de Julio Cortázar – l’auteur du célèbre Marelle. Les livres d’arts ont également une belle place et l’on peut apprécier quelques magnifiques ouvrages tandis que les plus précieux s’offrent aux regards des visiteurs protégés d’une paroi de verre.

Le débat avec Oxmo Puccino autour de Twitter / ©Parlonsinfo

Le débat avec Oxmo Puccino autour de Twitter / ©ParlonsInfo

Enfin, le sujet délicat du livre électronique est central et fait l’objets de nombreux débats sur certains stands du salon : certains affirment que c’est une forme dégénérée du livre papier tandis que d’autres y voient l’avenir de certains domaines de l’édition – notamment pour les ouvrages scientifiques qui nécessitent des mises à jour constantes, chose facilitée par le support numérique. Une chose est pourtant sûre, le livre numérique est bel et bien parti pour s’installer durablement dans le domaine de l’édition – et à prospérer – au regard du succès qu’obtient l’objet culturel dématérialisé de l’album musical au long-métrage et de la facilité avec laquelle on accède à tout contenu, cela en grande partie grâce à Internet et  aux cartes de crédits.

NdlR : Les chiffres proviennent de l’Observatoire de l’économie du livre (MCC/DGMIC-SLL), mars 2014.

Simon Sainte Mareville