Le vendredi 23 mai avait lieu la projection en avant-première et en plein air sur la Place de la République du film Caricaturistes – Fantassins de la démocratie, réalisé par Stéphanie Valloatto et coproduit par Radu Mihaileanu (réalisateur, entre autres, du film Le Concert ou encore de Va, vis et deviens). Le documentaire avait déjà été montré à Cannes lundi dernier et il était à nouveau projeté en présence de l’équipe du film et des douze principaux caricaturistes apparaissant dans le documentaire.

caricature

 

La première partie de soirée était consacrée à une remise de prix concernant le concours de dessin de caricature « et voilà ce qui ne me va pas ! », ouvert au public dans quatre catégories : collégiens, lycéens, étudiants et adultes. Les dix premiers dessins sélectionnés dans chaque catégorie étaient exposés au public et les trois premiers de chaque catégorie avaient l’occasion de monter sur la scène pour présenter leur dessin et recevoir un prix de la part de François-Xavier Demaison. Tous les dessins seront exposés sur les Berges de Seine à partir de la semaine prochaine, lors de la sortie officielle du film en salles. Ce qui fait plaisir à voir, c’est la justesse des dessins d’enfants, notamment ceux des collégiens, qui montrent qu’eux aussi voient des choses qui les dérangent, qui les préoccupent ou leur donnent envie de se révolter.

Les dessins sont à voir ici: http://www.caricaturistes-leconcours.com/dessins

©Farah J. (3ème prix – les filles mortes sont plus maigres)

 

C’est exactement le même discours qu’ont tenu les douze caricaturistes présents, lorsqu’ils sont venus un a un se présenter avant de présenter le film qui allait être projeté. Plantu, présent depuis le début de la soirée a ainsi introduit ses collègues internationaux : Mikhail Zlatkovsky (de Moscou), Jeff Danziger (de New-York), Angel Boligan (de La Havane, travaillant à Mexico City), Rayma Suprani (de Caracas), Nadia Khiari (de Tunis), Slim (d’Alger), Michel Kichka (de Jérusalem), Baha Boukhari (de Ramallah), Damien Glez (d’Ouagadougou), Lassane Zohoré (d’Abidjan) et Pi San (de Pékin). Tous sans exception ont été confrontés aux autorités de leur pays à cause de leurs dessins, de leur prise de position souvent hostile au régime en place et pourtant, ce qui est ressorti de leur discours n’est non pas un discours de violence ou de rébellion, mais un discours de paix, empli « d’optimisme naïf », comme l’a exprimé sous les applaudissements du public l’Israélien Michel Kichka main dans la main avec son homologue Palestinien Baha Boukhari. Le dessinateur de cartoons Pi San a ajouté « ce qui compte n’est pas tellement la liberté extérieure, la seule liberté qui compte réellement c’est celle que l’on trouve à l’intérieur de soi, c’est elle qui est créative. »

Les dessins des caricaturistes sont à voir sur : http://www.cartooningforpeace.org/dessins

équipe film caricaturistes

L’équipe du film Caricaturistes ( Photo © Édouard Lenormand / ParlonsInfo )

 

S’en est suivi un discours épique d’un délégué à la mairie de Paris sur la symbolique du déroulement d’un tel évènement sur la place de la République (alors que les lauriers de la statue tournaient le dos à l’ensemble des caricaturistes), survenu entre les présentations et la projection du film. Malgré la pluie qui s’en est suivie, les spectateurs ne se sont pas découragés et sont, pour la plupart, restés jusqu’au générique final sur lequel sont revenus saluer tous les protagonistes de la soirée, encore une fois sous un tonnerre d’applaudissements.

Radu Mihaileanu a conclu la soirée sur un « Vive le cinéma ! » scandé sur fond de Volare cantare des Gipsy Kings sorti tout droit des haut-parleurs de son smartphone. Oui, vive le cinéma de pouvoir permettre des expériences comme celle-là.


Édouard Lenormand