A l’occasion de la sortie prochaine du film Le petit locataire, le 16 novembre 2016, l’équipe de ParlonsInfo a interviewé sa réalisatrice Nadège Loiseau. 

Le petit locataire, racontant l’histoire de Nicole qui tombe enceinte à 49 ans, c’est d’abord un film comique mais également profond qui aborde des thèmes comme celui de la femme, de la famille… C’est un film très vrai sous une apparente légèreté où beaucoup se reconnaîtront dans les personnages. Il laisse également place à de nombreuses émotions. En tout cas, que l’on aime ou que l’on aime pas, Le petit locataire ne laisse pas indifférent.

Scène tirée du film "Le petit locataire"

Scène tirée du film Le petit locataire (Image : Elias Sfaxi)

A l’occasion de la sortie de ce  film – son premier long-métrage -, la réalisatrice, Nadège Loiseau a accepté de répondre à nos questions.

Nadège Loiseau

Nadège Loiseau

 

Parlons Info : Nadège Loiseau, c’est donc votre premier film en tant que réalisatrice et scénariste.  Qu’est–ce que cela fait de sortir son propre film ?

Nadège Loiseau : C’est comme accoucher d’un enfant mais en plus long (rire).

C’est vraiment très puissant en fait, ça fait cinq ans que je suis dessus, c’est cinq années de ma vie vraiment dédiées au film.

 

P.I.  : Le film a-t-il été dur à réaliser (par exemple, le tournage) ?

N.L. : Tourner, pour moi, ça n’a pas été dur. Ça a été évidemment très intense et très long : on a tourné pendant neuf semaines. Ça a été une grande aventure mais ça n’a pas été dur parce que j’avais choisi une équipe qui correspondait au film et à ma personnalité. J’avais des comédiens incroyables, bienveillants et prêts à s’embarquer dans l’aventure.

Ce qui est dur finalement, c’est l’avant car tout a été d’abord très lent jusqu’à l’arrivée de Karin Viard dans l’équipe. A partir de là, il a fallu aller très vite, préparer le film vraiment rapidement. Il aurait fallu des journées de 35 heures tellement il y avait de travail.

Ce qui est dur également, c’est l’investissement sur le long terme : ça fait un an et demi que je ne vis que pour Le Petit Locataire, je ne fais que cela (rire).

 

P.I. : Comment avez-vous eu l’idée d’écrire cette histoire ?

N.L. : D’abord, lors de ma première grossesse, il y a 11 ans, j’ai eu la sensation d’être habitée par un « locataire ». L’idée est donc venue de là, de cette envie d’écrire sur la maternité. A ce moment, j’avais beaucoup écrit mais c’était très personnel, presque un journal intime ou un roman sans fin. Cinq ans plus tard, j’ai vu qu’il y avait un concours pour un court-métrage, je voulais y participer mais je ne trouvais pas d’idée et puis un jour je me suis dis « C’est là, c’est maintenant, c’est l’idée du locataire » et pour que ça soit un sujet de comédie, je me suis dit qu’il fallait que ce petit locataire débarque là où ce n’était plus le moment. J’ai donc pensé à faire arriver cet enfant dans le ventre d’une femme qui n’avait plus l’âge donc 49 ans (à l’époque, je lui avais même donné l’âge de 54 ans).

C’est grâce à ce scénario que j’ai rencontré mes producteurs : j’ai envoyé le scénario à plusieurs productions et les films du Worso ont aimé le scénario. On s’est rencontré, on s’est lancé dans le court (-métrage) et j’ai remarqué que j’avais très envie d’en faire un long (-métrage). Quand on l’a fini, je leur ai dit « Laissez-moi l’écrire en long-métrage » .

 

P.I. : Vous avez tourné avec Karin Viard qui est connu récemment pour La famille Bélier. Est-ce que c’est dur de tourner avec des stars ayant joué dans des films à grand succès au box-office ?

N.L. : Je n’avais que Karin Viard en grande star et ça me suffisait. Pour mon premier film, je ne voulais pas avoir trop de star car je voulais justement ne pas avoir trop d’appréhension à diriger mes acteurs. Karin a été super, elle a adoré le scénario, elle a tout de suite accepté (elle a mis trois jours pour répondre à ma proposition, c’est quand même historique !). Bien sur, au début de l’aventure, elle m’intimidait beaucoup donc je veillais à ce qu’elle soit bien, qu’elle ait confiance en moi et il a fallu dix jours de tournage pour qu’on s’apprivoise l’une l’autre. Passé ce temps là, des barrières sont tombées, on est devenu très proches et surtout, elle a veillé à ce que Nicole ressemble à ce que je voulais faire d’elle. Les autres acteurs aussi, ça a été vraiment des rencontres humaines, ils sont tous rentrés dans le projet. C’est vraiment une grande famille.

 

P.I. : Avez-vous des anecdotes de tournage à nous raconter ?

N. L. : Oui, bien sur. Par exemple, Hélène Vincent qui joue Mamilette, la mère de Nicole, a accepté pour ce rôle de prendre entre 10 ou 15 ans de plus, ce qui est extrêmement rare pour une actrice (en général, elles sont plutôt d’accord pour prendre 10 ou 15 de moins). Elle s’est vieillie pour le rôle, elle a porté une perruque, a accepté d’être en fauteuil roulant, … J’avais l’habitude de ne voir les comédiens que sur le plateau, quand ils sont habillés et maquillés et je m’étais tellement habituée au personnage de Mamilette qu’un jour, après avoir fini de tourner, elle est venue dire au revoir à tout le monde sur le plateau habillée comme elle l’était dans la vie de tous les jours (ce qui n’a rien à voir avec Mamilette) et je ne l’ai pas reconnu. Je me suis dit « mais qui est cette femme qui vient nous voir ? » et en fait c’était Hélène Vincent.

On a vécu des moments incroyables également : par exemple, on a tourné dans une usine à saucisse et il ne fallait pas couper la chaîne de production donc on était tous stérilisés, habillés avec des combinaisons. C’était très marrant de voir son équipe avec des charlottes sur la tête. Il y a également une comédienne qui a failli tourner de l’œil tellement elle ne supportait pas l’odeur qui était très forte (rire).

On a eu des vrais moments de fou rire où on me demandait de sortir de la pièce parce qu’on m’entendait rire dans le film (rire). A l’inverse, on a eu des scènes très fortes en émotions où il m’est arrivé, après une prise, de diriger les comédiens en larme. Je pleurais tellement c’était beau ce qu’ils jouaient, tellement c’était fort.

 

P.I. : Avez-vous en tête la sortie d’un nouveau film après Le petit locataire  ?

N.L. : C’est compliqué pour moi d’être déjà sur un autre projet. J’ai vraiment besoin de sortir Le petit locataire. Comme je le disais tout à l’heure, c’est comme une grossesse et ce film c’est vraiment mon bébé. C’est comme de demander à une femme qui est en train d’accoucher si elle veut tout de suite un deuxième. Elle sera bien incapable de dire oui et c’est mon cas (rire). Même si j’avoue que l’envie est là de revivre une telle aventure. Ce sera à la seule condition de trouver une idée avec laquelle je veuille vivre encore cinq ans.

 

P.I. : Merci Nadège Loiseau pour cette interview.

 

Le petit locataire est dès à présent en avant-première dans certaines villes de France et sortira le 16 novembre 2016. Pour savoir si le film passe dans votre ville ou votre cinéma.

 

Léa Boudet