L’Eurogroupe, instance informelle qui rassemble les dix-sept ministres des finances de la zone euro, a trouvé un accord avec les autorités chypriotes, peut-on lire dans une déclaration publiée ce lundi 25 mars.

 

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Le sauvetage de l’île de Chypre pose problème.

Chypre était, à son tour, après l’Irlande, la Grèce, l’Espagne et le Portugal, malade de deux de ses banques, Laïki et Bank of Cyprus. Pour renflouer son secteur bancaire, victime de la crise de la dette publique grecque, l’île a besoin de 17 milliards d’euros. L’Eurogroupe et le FMI avaient accordé un plan d’aide de 10 milliards sous conditions. Ce sont justement ces conditions qui ont été rejetées par l’ensemble des parlementaires chypriotes, comme un seul homme. Et pour cause, l’accord prévoyait entre autres une taxation sur les dépôts bancaires à hauteur de 10 %. Le texte avait été ensuite amendé pour épargner les petits épargnants. L’argument des défenseurs de ce projet était de toucher les épargnants étrangers (russes, et britanniques entre autres) qui profitaient de la « lessiveuse » chypriote, mais aussi de toucher les comptes bancaires des entreprises européennes, qui profitaient d’un taux d’impôts sur les sociétés très bas (10 %) en toute légalité.

Finalement, l’accord aurait à peu près les mêmes conséquences, et n’aurait pas à être ratifié par le parlement, selon le ministre des finances allemand, Wolfgang Schaüble. Le nouveau plan prévoit la liquidation d’une partie de la « bad bank » de Laïki (une structure de défaisance, dans laquelle sont rassemblés les actifs pourris), et la recapitalisation de Bank of Cyprus (BoC). Les dépôts de ces banques seront gelés pour aider au refinancement de BoC. Ils recevront des titres de participation en échange. Les dépôts des gros épargnants pourraient fondre de 30 à 70 %. Les emplois de la banque liquidée seront supprimés. Quant aux actifs et aux emplois sauvegardés, ils seront repris par BoC. Au cours des négociations menant à cet accord, le président chypriote Nicos Anastasiades, très fraîchement élu, aurait menacé plusieurs fois de démissionner. Un tel accord remet en cause le moteur principal de l’économie de l’île que représente la finance. Elle pèse huit fois son PIB, une aberration selon certains économistes qui défendaient un tel plan.

Pour l’heure, le plan permet de lever près de 5 milliards pour sauver le secteur financier chypriote. Courant mai, le MES devrait fournir l’aide promise, à en croire les déclarations de son président, Klaus Regling. Chypre doit négocier l’extension d’un prêt russe de 2,5 milliards d’euros, mécontente du gel des dépôts : « De mon point de vue, le vol continue » a déclaré Dmitri Medvedev à la presse russe. Les agences bancaires restent fermées jusqu’à nouvel ordre. La défiance contre Bruxelles et la monnaie unique est toujours perceptible sur l’île.

Marvin Nsombi