Du 5 au 6 septembre, le G20, composé de 19 pays et de l’Union Européenne, s’est réuni à Saint-Petersbourg. Pour la première fois, ce sommet d’ordinaire purement économique a également placé la diplomatie au cœur des enjeux avec le cas syrien. Les pays présents représentant 85% du commerce mondial, les deux tiers de la population mondiale et plus de 90% du produit mondial brut (somme des PIB de tous les pays du monde), toutes les clefs pour permettre des accords mondiaux étaient présentes. Les résultats n’ont néanmoins pas répondu à toutes les attentes.

Logo G20 Russie 2013

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La crispation syrienne

« La conversation a été constructive, significative, cordiale. Chacun est resté sur sa position. » disait Vladimir Poutine à propos d’une rencontre avec le président Obama. Cela résume bien la situation. Deux camps se sont opposés tout au long du G20 avec les «pour» ou les «contre» une intervention, mais sans réel mouvement suite aux débats. La Russie et la Chine restent sur leur position; mais aussi l’Indonésie, pays musulman le plus peuplé, l’Argentine où le ministre des Affaires étrangères a précisé qu’une action militaire ne ferait qu’aggraver la situation, l’Afrique du Sud, où l’on réclame une solution politique, et l’Inde, aussi présente au G20. L’équilibre des partis s’accentue d’autant plus que de nombreux pays extérieurs au sommet ont affiché leur avis d’une non-intervention: le Vatican, ayant révélé sa position à travers une lettre du pape adressée au G20, l’Algérie, l’Irak, le Liban, l’Égypte et la Tunisie. La Russie et la Chine subissent alors moins de pression du fait de ces soutiens.

De l’autre coté, onze États ont signé une déclaration dénonçant le régime syrien du fait de l’utilisation d’armes chimiques et demandent une réponse de la communauté internationale: la France, le Japon, l’Espagne, l’Australie, le Canada, l’Italie, la Corée du Sud, l’Arabie Saoudite, le Royaume-Uni, la Turquie et les États-Unis. David Cameron, malgré son incapacité d’intervenir lui-même militairement suite au vote du Parlement, passe ainsi la main mais maintient son soutien aux potentielles interventions.

Le 7 septembre, l’Allemagne a finalement décidé de rejoindre cet appel selon son ministre des Affaires étrangères Guido Westervelle.

Globalement, le G20 a révélé au grand jour les multiples confrontations qui se posent à propos de la Syrie.

Nulle solution n’a été trouvée en consensus et, au contraire, de nouvelles données s’accumulent. C’est ainsi que l’expression de «solution politique» a par exemple mainte fois été utilisé par la Chine et le Vatican notamment pour éviter toute violence. Mais celle-ci est floue. Le 6 septembre, François Hollande la voyait d’une toute autre manière et expliquait qu’une riposte proportionnée, limitée, ciblée devait être décidée, selon ses termes, pour amener à une solution politique.

Des solutions économiques plus optimistes

Si la Syrie divise, les questions économiques paraissent finalement plus simples. De nombreux consensus ont été trouvés avec une série d’engagements répertoriés dans un communiqué final

En accord avec l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), les membres du G20 s’engagent à échanger de manière automatique les données fiscales en vue de limiter l’évasion fiscale à partir de 2015, à envoyer chez les pays pauvres très touchés par la fraude des «Inspecteurs du fisc sans frontières», ou encore de s’attaquer à l’optimisation fiscale en s’inspirant d’un programme en 15 points de l’OCDE.

Pour réguler le secteur financier sont prévues une meilleur transparence des banques, l’adoption de meilleurs règles de solvabilité et un meilleur poids des politiques de relances, avec la mise en place d’un plan d’action pour la croissance. La promesse est que chacun présente un projet pour l’emploi au prochain G20 en Australie. De plus, chacun s’est engagé à ne pas prendre de mesures protectionnistes.

Au sein de leurs discours respectifs, le terme de «réussite» a été employé par Poutine et par Hollande à propos des programmes économiques mis en œuvre à Saint-Petersbourg. Une nuance à cet optimisme perdure tout de même à cause des nombreuses ressemblances décelées avec les précédents G20. Ces derniers, constatant souvent les même points faibles de l’économie qu’aujourd’hui, n’avaient, déjà à l’époque, pas pu y faire grand chose. Un exemple emblématique est celui de Cannes en 2011 où l’ancien président français avait réaffirmé avec les autres pays qu’«ils [les paradis fiscaux] seraient mis au ban de la communauté internationale», dont la Suisse et le Liechtenstein.

L’avenir économique reste donc incertain. Même si, au moins ici, les principaux problèmes à résoudre sont approuvés par chacun des États représentés. Cette coordination est peut-être permise par une ambition moins poussée car liée à des enjeux économiques banalisés par plusieurs années de crise, et donc moins exposés aux attentes du jour. Reste à voir si, contrairement au statu quo sur la Syrie, cet aspect économique du G20 portera réellement ses fruits.

Yonathan Van der Voort