Outre la débâcle annoncée du PS et la « vague bleue » UMP, le FN n’a pris que neuf villes lors du second tour de ces élections municipales malgré un taux de participation en berne, l’abstention battant de nouveaux records.

Photo: Pierre-Alain Dorange / Licence CC

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La défaite du PS s’est muée en débâcle lors de ce second tour des municipales, signe d’un désaveu de la politique menée par le duo Hollande-Ayrault. Les socialistes sont parvenus à conserver Metz, Strasbourg, Dijon, Lyon et surtout Paris, où 54,3% des parisiens ont voté pour les listes d’Anne Hidalgo. Il s’agit là d’un des seuls échecs de la droite puisque Nathalie Kosciusko-Morizet n’a reçu que 42% des voix et a même été battue dans l’arrondissement où elle se présentait. Mais de nombreux maires socialistes ont fait les frais d’un vote sanction contre le gouvernement. Si le PS a récupéré deux villes, Douai et Lourdes, le miracle n’a pas eu lieu. Dans le cimetière socialiste figurent entre autres Caen, Amiens, Angers, Ajaccio, Tours, Roubaix, Toulouse, Belfort, Brive la Gaillarde, Dunkerque, Saint-Étienne et Reims. La liste EELV-PG d’Eric Piolle leur a même ravi la ville de Grenoble. Autre symbole, c’est un dissident socialiste qui a remporté les élections à La Rochelle, où les universités d’été du PS se réunissent pourtant chaque année. Même Pau, à gauche depuis 40 ans, a tourné le dos au socialisme en élisant à plus de 60% François Bayrou. S’agit-il d’une renaissance pour le président du Modem jusqu’alors privé de tout mandat ? Son alliance avec l’UDI et l’UMP semble en tout cas porter ses fruits.

L’UMP gagne pour la première fois des élections locales

Car c’est bien la droite qui a raflé la mise lors de ce second tour, prenant plus de 100 villes à la gauche tout en conservant ses bastions, en particulier Marseille. C’est une première pour l’UMP, puisque depuis sa création en 2002, les gouvernements de droite qui s’étaient succédés avaient subi un même vote sanction. Les Français ont de nouveau fait le choix de l’alternance et se sont tournés vers l’opposition. Ils ont donc choisi la droite pour manifester leur mécontentement. Cette « vague bleue » devrait permettre à l’UMP, secouée par de nombreuses affaires, de faire son retour sur le plan local et de remobiliser son électorat puisque le parti de droite signe là son premier succès depuis les élections présidentielles et législatives de 2007.

La vague bleu marine annoncée n’a pas déferlé sur la France

S’il y a bien eu une vague bleue, elle n’est pas bleu marine. Les pontes du Front national présents au second tour ont été battu. Ainsi Florian Philippot, numéro deux du FN, a perdu son pari à Forbach tout comme Louis Alliot, conjoint de Marine Le Pen, à Perpignan. Gilbert Collard, l’un des deux députés du Front à l’Assemblée Nationale, a quant à lui été battu par un front républicain à Saint Gilles, dans le Gard. Cependant neuf villes ont basculé à l’extrême droite. Parmi elles figurent Fréjus, ville remportée par David Rachline (FN) et surtout Béziers (71 000 habitants) où Robert Ménard, soutenu par quatre partis dont le FN, s’est imposé. Il faut ajouter à ces neuf villes Bastia, remporté par le nationaliste corse Gilles Simeoni, connu pour avoir été l’avocat d’Yvan Colonna dans l’affaire Erignac. L’ancrage local du FN reste relatif et Marine Le Pen ne semble pas avoir réussi à séduire la « France silencieuse ».

L’abstention, premier parti de France ?

L’abstention bat de nouveaux records dans ce second tour, estimée par le ministère de l’Intérieur à 38,72%. L’agitation médiatique d’entre-deux-tours suite à l’élection au premier tour de Steeve Briois à Hénin-Beaumont n’a donc pas réussi à mobiliser les abstentionnistes du premier tour, qui se sont tenus à distance des bureaux de vote en plus grand nombre encore.Les personnalités politiques qui ont défilé sur les plateaux semblent avoir du mal à expliquer l’augmentation régulière de l’abstentionnisme. Les socialistes estiment devoir faire un effort de pédagogie mais refusent d’infléchir la politique menée jusqu’ici malgré les rumeurs de remaniement ministériel. Hervé Guaino (UMP) explique quant à lui le désintérêt manifeste d’une partie grandissante des français à « un profond rejet », « une remise en cause des partis politiques ». L’abstention serait-elle devenu le premier parti de France ?

Aymeric Misandeau