Parlonsinfo vous propose, en ce dimanche soir, de revenir sur ce qui a marqué l’actualité de la semaine dernière, en France et dans le monde.

Le tant attendu remaniement est arrivé

Reporté successivement en raison du déplacement d’Emmanuel Macron en Arménie, puis des inondations dans l’Aude, le remaniement a été finalement annoncé mardi matin. Pas de surprise du côté des départs. Outre le ministre de l’Intérieur démissionnaire, quatre membres du gouvernement se voient démis de leurs fonctions : Françoise Nyssen, Stéphane Travert, Jacques Mézard et Delphine Gény-Stephann.

Pour les arrivées, ils sont toutefois nombreux à venir grossir les rangs de l’exécutif. Son nom se murmurait depuis plusieurs mois à de plus hautes fonctions, Christophe Castaner est promu ministre de l’Intérieur. Auparavant secrétaire d’État en charge des relations avec le Parlement, il devient « premier flic de France ». Il sera assisté de Laurent Nuñez, secrétaire d’État, qui était jusqu’alors directeur de la DGSI.

Parmi les entrées remarquées, on note aussi l’ouverture à gauche, avec la nomination de Didier Guillaume, ex-chef de file des socialistes au Sénat, au poste de ministre de l’Agriculture. Franck Riester, député de droite, hérite quant à lui du ministère de la Culture. Peu connu du grand public, il s’est toutefois fait remarqué en 2013, étant l’un des deux seuls membres de son parti (UMP à l’époque) à voter la loi sur le mariage pour tous. Impliqué dans les questions culturelles, il a notamment travaillé sur les projets de loi Hadopi.

Gabriel Attal, jeune député LREM de 29 ans, devient quant à lui secrétaire d’État auprès de Jean-Michel Blanquer, maintenu à son poste de ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse.

Photo traditionnelle pour ce nouveau gouvernement. Crédits : gouvernement.fr (Licence CC)

Réunis pour la première fois mercredi à l’occasion du Conseil des ministres, les heureux élus ont posé pour la photo officielle. Retrouvez la composition complète du nouveau gouvernement ici.

Crédits : Pierre-Selim (Licence CC – Wikimédia Commons)

La semaine agitée de Jean-Luc Mélenchon

Le leader de La France Insoumise n’a jamais autant occupé l’espace médiatique en une semaine. Tout commence mardi 16 octobre, lorsque Jean-Luc Mélenchon dévoile sur Facebook une vidéo de la perquisition effectuée à son domicile. Il y dénonce une opération d’intimidation à son encontre mais visant aussi ses proches, qui ont également fait l’objet de perquisitions.

Selon Franceinfo, ces perquisitions sont menées par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions dans le cadre de deux enquêtes préliminaires. La première enquête concerne des soupçons d’emplois fictifs d’attachés parlementaires au Parlement européen. Visant d’abord le Front National (désormais Rassemblement National), celle-ci s’était élargie à quatre anciens assistants parlementaires européens du chef de file de La France Insoumise en juillet 2017. Les enquêteurs cherchent à savoir si des fonds européens ont été détournés pour rémunérer des cadres employés à d’autres tâches. La seconde enquête préliminaire, ouverte en mai 2018, porte sur les comptes de campagne pour l’élection présidentielle de 2017 et des soupçons d’irrégularités.

« Qu’esseuh-que ça veut direuh ? » Jean-Luc Mélenchon ajoute de l’huile sur le feu lorsqu’il croit bon de se moquer de l’accent toulousain d’une journaliste, mercredi 17 octobre, alors qu’il était interrogé sur son rapport à la justice. Il aura néanmoins inspiré une députée de la majorité, Laetitia Avia, qui a proposé le lendemain une loi contre la glottophobie, afin de reconnaître l’accent d’une personne comme source de discrimination. Il s’agissait en réalité d’une blague de la part de l’élue LREM, qui souhaitait « envoyer une « pique » humoristique au leader de Le France Insoumise », d’après les révélations du Journal du Dimanche le 21 octobre.

Le 19 octobre, des révélations de la cellule investigation de Franceinfo viennent ébranler la situation de leader de La France Insoumise : la société de la communicante Sophia Chikirou aurait facturé très cher certaines prestations pour la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon.

Et ce n’est pas fini. Samedi 20 octobre, Radio France a annoncé porter plainte contre le député des Bouches-du-Rhône après le partage d’une nouvelle vidéo sur Facebook la veille, dans laquelle il appelait à « pourrir » les journalistes de Franceinfo, qu’il a également qualifiés d’« abrutis ». La présidente-directrice générale de Radio France, Sybile Veil a tenu à apporter sur Twitter son « soutien » et à saluer « le professionnalisme et la qualité de leur travail d’investigation ». 

Brexit : à Londres, un demi-million de manifestants réclament un nouveau référendum

Alors que les négociateurs européen et britannique pataugent pour trouver un accord global à moins de six mois de la date effective du Brexit, le 29 mars 2019, entre 500 000 et 700 000 personnes ont manifesté samedi 20 octobre à Londres pour réclamer la tenue d’un nouveau référendum.

Voilà de quoi fragiliser davantage les négociations à l’heure où le Brexit semble ne plus faire consensus parmi les Britanniques, qui avaient pourtant voté à 51,9 % pour quitter l’Union Européenne le 23 juin 2016. Baptisé « People’s vote », ce référendum fait l’objet d’une campagne menée depuis le mois d’avril par les anti-Brexit. Une mobilisation à laquelle des personnalités politiques telles que le maire de Londres, Sadiq Khan, ou la première ministre écossaise, Nicola Sturgeon se sont alliés. « Quand on a lancé la campagne pour le “People’s Vote” en avril, nous n’étions que quelques uns, aujourd’hui il est clair que nous sommes la masse », a confié la députée conservatrice pro-européenne Anna Soubry.

Perte de consensus et difficultés à trouver un accord, c’est un avenir sombre et incertain qui se profile tant pour les Britanniques que pour les Européens, dont les ressortissants installés au Royaume-Uni risquent d’être considérés comme des réfugiés. Lors du dernier sommet européen qui s’est tenu mercredi 17 octobre, la question de la frontière irlandaise était à nouveau le principal point de crispation, empêchant ainsi les Britanniques et les 27 de faire progresser les négociations. De quoi hanter les esprits des négociateurs qui ne peuvent écarter, à ce jour, la possibilité d’un no-deal

Crédits : Alfagih (Licence CC – Wikimédia Commons)

L’Arabie Saoudite reconnaît la mort du journaliste Jamal Khashoggi

Porté disparu depuis le 2 octobre, Jamal Khashoggi a bien été tué au sein du consulat saoudien d’Istanbul. Après dix-sept jours de suspicion, l’Arabie Saoudite a fini par reconnaître le meurtre du journaliste dans un communiqué du procureur général de Riyad. « Les discussions qui ont eu lieu entre lui et les personnes qui l’ont reçu au consulat saoudien à Istanbul ont débouché sur une rixe à coups de poing avec le citoyen Jamal Khashoggi, ce qui a conduit à sa mort, que son âme repose en paix », écrit Saoud Al-Mojeb . En revanche, il n’a pas précisé où se trouvait le corps de la victime alors que les enquêteurs turcs poursuivent leurs investigations. Dans le même temps, les autorités saoudiennes ont annoncé l’arrestation de 18 suspects et le limogeage de deux des principaux collaborateurs du prince héritier Mohammed Ben Salmane, le général Al-Assiri chef adjoint du renseignement général et Saoud Al-Qahtani le conseiller médias du roi.

Cette disparition suspecte avait provoqué un embarras occidental. Il y a plus d’un an, Jamal Khashoggi s’était exilé aux États-Unis où il écrivait régulièrement dans le Washington Post des tribunes hostiles à la politique saoudienne et au prince héritier Mohammed Ben Salmane. La réaction de Washington n’a pas tardé suite à l’annonce officielle de la mort du journaliste. Donald Trump, qui avait promis un châtiment sévère, a annoncé qu’ « il était encore tôt », avant d’ajouter « nous n’avons pas fini notre évaluation ou enquête mais je pense qu’il s’agit d’un pas très important ». Des élus américains se sont montrés nettement plus durs que la Maison Blanche après l’annonce saoudienne. Sur Twitter, le sénateur Lindsey Graham, un proche allié du président républicain, a mis en doute la crédibilité de Riyad. « Dire que je suis sceptique sur la nouvelle version saoudienne sur M. Khashoggi est un euphémisme », a-t-il posté. En France, le ministre des Affaires Étrangères, Jean-Yves Le Drian a exigé une « une enquête exhaustive et diligente pour établir l’ensemble des responsabilités et permettre que les responsables du meurtre de Jamal Khashoggi répondent de leurs actes ».

Marianne Chenou, Alexis Czaja & Caroline Robin