Parlonsinfo vous propose, en ce dimanche soir, de revenir sur ce qui a marqué l’actualité de la semaine dernière, en France et dans le monde.

Bolsonaro élu président, le Brésil bascule à l’extrême droite

Jair Bolsonaro, président du Brésil. Crédits : Agência Brasil (Licence CC – Wikimedia Commons)

Porté par une vague protestataire, le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro a été élu à la tête du Brésil le 28 octobre. Le candidat du Parti social libéral (PSL) a obtenu 55 % des voix face à son adversaire du Parti des travailleurs (PT, gauche) Fernando Haddad, et prendra ses fonctions le 1er janvier. En quelques mois, le candidat a su mettre à son profit les tensions qui frappent le pays en galvanisant les colères de la population et en diabolisant le parti de son adversaire. Ainsi, Jair Bolsonaro a été porté par un électorat aisé, plus éduqué que la moyenne et dont la première des préoccupations était l’insécurité, sur fond de dégagisme de la classe politique. Surtout, il a su profiter de la tentative d’assassinat dont il a été victime le 11 septembre pour élargir sa base de façon exponentielle et toucher un vaste public jeune. On estime que 60 % de ses électeurs ont moins de 34 ans, une génération qui n’a pas connu la dictature. Le candidat en a profité pour multiplier les attaques contre le PT, et pour faire campagne sur les réseaux sociaux.

Durant celle-ci, le nostalgique de la dictature militaire (1964-1985), ouvertement raciste, homophobe et misogyne, a promis de « fusiller » les « petralhas », autre nom des sympathisants du PT. Il a surtout fait l’éloge du « citoyen de bien » à qui il promet de délivrer armes et munitions pour se protéger. Les premiers indices de la composition de son futur gouvernement illustrent ces positions. Le député Onyx Lorenzoni devrait devenir le chef d’un gouvernement resserré d’une quinzaine de ministres, contre une trentaine actuellement. Membre du parti de droite DEM, il s’est illustré ces dernières années à la Chambre pour avoir été rapporteur d’un projet de loi anticorruption. La nomination au poste de ministre de la Justice du juge Sergio Moro, une figure emblématique de la lutte anticorruption au Brésil, dont le principal fait d’armes est la condamnation, en juillet 2017, de l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula, tend à suivre cet objectif. Enfin, à peine élu président, et pas encore en fonction, Jair Bolsonaro a annoncé le transfert de l’ambassade du Brésil en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem. Symbole d’une proximité avec le populiste Donald Trump.

La Nouvelle-Calédonie a tranché contre l’indépendance

Ce dimanche, le Nouvelle-Calédonie décidait de son avenir. Ce référendum attendu depuis 20 ans, prévu par l’accord de Nouméa signés en 1998, permettait au peuple calédonien de se prononcer sur l’indépendance de son territoire. Le corps électoral était constitué des Kanaks, peuple natif de Nouvelle-Calédonie, des « Caldoches », les descendants blancs de colons et des personnes installées depuis 1994 sur l’île. La définition du corps électoral était déjà à elle seule un enjeu.

L’histoire entre la Nouvelle-Calédonie et la France n’est pas des plus simples. Consacré territoire français par Napoléon III en 1853, l’île était un bagne. Les Kanaks sont colonisés, acculturés et mis à la marge de la société. Les tensions entre indépendantistes et loyalistes sont fortes, mais c’est en 1988 que tout bascule. Le 22 avril 1988, à deux jours du premier tour des élections présidentielles, des indépendantistes prennent des gendarmes en otage dans la grotte d’Ouvéa, un petit atoll des îles Loyauté, composantes de la Nouvelle-Calédonie. Jacques Chirac, Premier ministre, donne l’assaut après 15 jours de prise d’otages. Le bilan est lourd, 2 gendarmes et 19 Kanaks sont tués.

En vert, les communes où le oui a été majoritaire, en rouge, celles où le non l’a emporté. Crédits : Tpe.g5.stan (Licence CC – Wikimedia Commons)

Cet épisode marque la population et oblige le gouvernement à agir. En juin 1988, après les élections présidentielles qui ont vu la réélection de François Mitterrand, le Premier ministre Michel Rocard oblige les parties à discuter. Il obtient une image historique, une poignée de main entre Jean-Marie Tjibaou, leader des indépendantistes et Jacques Lafleur, partisan de l’unité. Les accords de Matignon sont signés le 26 juin 1988 et garantissent la mise en place d’un processus de transition vers l’indépendance. Le référendum ayant été repoussé à 2018 au plus tard en 1998, les Calédoniens étaient enfin appelés aux urnes pour se prononcer.

Le résultat est sans appel. 56,4 % des votants se sont prononcé contre l’indépendance. Le Président de la République, Emmanuel Macron, qui n’avait pas pris position sur le sujet, a salué l’engagement des autorités calédoniennes pour « préserver le dialogue et la paix ». Il a noté un choix « souverain » et a souligné « l’immense fierté » que les Calédoniens aient choisi de rester liés à la France.

Dopage financier : l’UEFA aurait couvert le PSG

Le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi. Crédits : Aisha Sahukar (Licence CC – Wikimedia Commons)

Football Leaks partie II. Deux ans après une première salve de révélations mettant en cause plusieurs stars internationales du ballon rond, le réseau de médias European Investigative Collaborations (EIC), dont Mediapart fait partie, s’attaque cette fois-ci au système-même. Le site d’information publie une enquête qui montre que le Paris-Saint-Germain a bénéficié d’ « un dopage financier » d’envergure pour éviter les contraintes liées au fair-play financier. Cette règle, adoptée par l’UEFA en 2010, stipule qu’un club ne peut pas dépenser plus d’argent que ce qu’il gagne.

Pour contourner la loi, Mediapart affirme que le PSG – qui appartient à un fonds souverain qatari – s’est vu injecté près d’1,8 milliard d’euros depuis 2011 « essentiellement de manière frauduleuse » afin de gonfler son budget et ainsi de s’offrir quelques-uns des meilleurs joueurs du monde, comme Neymar ou Kylian Mbappé à l’été 2017. Le montage aurait été structuré autour de « contrats fictifs de sponsoring » passés avec des institutions directement liées à l’État du Qatar, comme l’Office du tourisme du Qatar (QTA). Celui-ci a promis 1,075 milliard d’euros au club sur 5 ans, soit 215 millions d’euros par an. Pour un contrat qui en vaudrait 77 fois moins pour un premier expert mandaté par l’UEFA… et même 1750 fois moins pour un second.

Plus troublant encore, les enquêteurs estiment que Michel Platini et Gianni Infantino, alors respectivement président et secrétaire général de l’UEFA, auraient couvert la fraude du club parisien pour des « raisons politiques ». Selon les documents de l’EIC, les hauts dirigeants de l’instance européenne auraient proposé de « régler l’affaire par un accord amiable » en 2014 alors que les sanctions prévoyaient une exclusion de la Ligue des champions. Ils auraient rédigé un nouveau contrat moins élevé que l’original avec Nasser Al-Khelaïfi, le président du club parisien, et Jean-Claude Blanc, directeur-général délégué du PSG, pour tromper l’instance de contrôle financier – l’ICFC. Les révélations vont plus loin puisque Infantino aurait ensuite cédé à de multiples reprises face aux demandes du PSG notamment lors du caprice d’Al-Khelaïfi furieux que Manchester City, financé par Abou Dhabi, récupère une amende moins élevée.

Le mystère des bébés nés sans bras continue 

Onze nouveaux cas suspects de bébés nés sans-bras ont été recensés entre 2000 et 2014 dans le département de l’Ain selon un rapport rendu public mardi 30 octobre. Des résultats accablants, révélés conjointement par Santé Publique France et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), et qui s’ajoutent aux sept cas suspects recensés par le Registre des malformations en Rhône-Alpes (Remera) plus tôt dans l’année. Avec un total de 18 cas d’enfants nés avec des malformations des membres supérieurs, le gouvernement a d’ores et déjà lancé une enquête au niveau national dont les résultats seront connus d’ici trois mois.

Aucune thèse médicale ou environnementale n’a pour le moment été avancée par les scientifiques pour expliquer ces concentrations suspectes de malformations dans une même zone géographique, même si les écologistes pointent du doigt les pesticides. L’eurodéputé écologiste Yannick Jadot a même précisé que « toutes les familles qui ont été touchées vivent à côté des champs de maïs et de tournesol ».

Marianne Chenou, Alexis Czaja & Caroline Robin