Tribune – Alors que l’Élysée a rejeté ce vendredi 3 juillet la demande d’asile de Julian Assange, le cofondateur de WikiLeaks, Paul Godefrood, militant Les Républicains, estime que ce refus est une preuve de plus d’une forme de vassalité de la France par rapport aux États-Unis.

Julian Assange (Image: David G Silvers / Licence CC)

Julian Assange (Image: David G Silvers / Licence CC)

S’il en était encore besoin, les autorités de ce pays viennent aujourd’hui de démontrer à quel point la France avait cessé d’être la « troisième voie », tant vantée par les gouvernements successifs comme le symbole de l’indépendance nationale et la volonté farouche de porter un message original, en accord avec notre histoire et notre culture de la liberté.

Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, qui a porté à la connaissance du grand public les pratiques d’espionnage industriel des États-Unis envers leurs partenaires et « alliés » a ce vendredi, demandé officiellement l’asile à la France. Il aura fallu moins d’une heure, là où aujourd’hui de telles demandes sont traitées en un an, pour qu’elle soit rejetée.

Alors que les scandales se succèdent depuis des années, que l’on apprend que des ministres, des diplomates, des fonctionnaires, des grands patrons, et jusqu’à trois de nos présidents ont été espionnés, aucune mesure sérieuse n’aura été prise par ce gouvernement pour faire cesser de telles pratiques. On s’ébat, on s’agite, on organise des conseils de défense, on convoque l’ambassadrice des États-Unis en France, mais pour quels résultats ? Les garanties réclamées par la France et de nombreux autres pays européens il y a un an, au lendemain des premières révélations ? Renvoyées à des discussions bilatérales. Le partage des informations entre la France et les membres du réseau Échelon ? Refus poli, teinté de condescendance et de mépris par les États-Unis. « Une nouvelle fois, nous redécouvrons que les États-Unis n’ont pas d’alliés, ils n’ont que des cibles ou des vassaux » affirmait Jean-Jacques Urvoas, président de la Commission des lois au parlement et proche de François Hollande. Force est de constater que la France n’est pas le « partenaire privilégié » que nombre de nos élites se targuent d’être pour les États-Unis. Au mieux, un vassal qui devrait s’enorgueillir d’être surveillé, car considéré.

Car dans la classe occidentale, la France a semblé prendre le relai de la Grande Bretagne en matière de fidélité à toute épreuve : lorsque les États-Unis entament un durcissement de sa position au Levant, la France met ses rafales à disposition ; lorsque les États-Unis sonnent la fin de la récréation à Cuba, la France s’empresse d’y poser un pied ; lorsqu’une rumeur veut qu’Edward Snowden soit dans l’avion présidentiel bolivien, la France n’hésite pas à interdire le survol de son espace aérien.

L’accueil de Julian Assange aurait été une réaction à la hauteur de l’affront subi par la France, une manière de graver dans le marbre le principe de son indépendance, une manière de déclarer aux pays qui en douteraient que la France reste cette voix originale qui refuse tout manichéisme. Il en a été décidé autrement et ceux qui aiment sincèrement leur pays ne peuvent que le regretter. En d’autres temps, n’oublions pas que Charles Pasqua n’avait pas hésité à expulser 43 diplomates américains. Autre époque, autres pratiques.

Certes la France bénéficie du renseignement américain au Mali et dans de nombreux autres endroits, certes, nos deux pays sont intimement liés dans de nombreux combats supérieurs, certes, la France doit elle-même pratiquer ce type d’espionnage. Mais si notre relation avec les États-Unis est si forte et si ancrée par des intérêts supérieurs, alors l’accueil de Julian Assange n’aurait pas eu plus de conséquences sur notre relation que les sempiternelles annonces d’espionnage n’en ont.

Sur ça comme sur le reste, les gouvernants ne sont pas à la hauteur de leur tâche et de la France. Gageons qu’une nouvelle visite d’État saura faire rentrer dans le rang les timides velléités de révolte…

Paul Godefrood