Le paysage musical est un milieu qui ne cesse d’évoluer. Certains artistes disparaissent, d’autres fleurissent presque immédiatement et c’est là un cercle sans fin. Nous parlerons aujourd’hui de la naissance d’une artiste en particulier, Cécile De Laurentis, et de son tout premier EP : De Laurentis vous présente De Laurentis. 

De Laurentis

 

Inutile de nier l’évidence, l’EP de De Laurentis est une véritable réussite. Les six titres qui le composent sont d’une égale qualité et prouvent chacun tout le talent de cette artiste. Cécile De Laurentis, justement, enfile toutes les casquettes — auteure-compositrice-productrice — pour mettre entre nos oreilles la musique la plus rigoureusement fidèle à l’idée qu’elle s’en était faite. En clair, si vous vous attendiez à tomber une fois de plus sur l’un de ces albums pop dénué de saveur et d’identité, préparez-vous à être surpris et à embrasser un univers captivant, vous voilà prévenus.

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L’EP s’ouvre sur le sublime Sparrow, un titre évasif, contemplatif et plein de grâce. Les notes au synthétiseur et les boucles enrobent la voix lunaire de la chanteuse, le tout n’aurait pu être plus aérien. Le piano apporte de la chaleur au morceau. À l’image d’une ancre, il lui permet de garder pied dans la réalité : l’instrument se révèle d’autant plus nécessaire que l’on s’abandonnerait volontiers à ces longues notes et à cette voix légèrement saturée qui nous envoûte, lentement mais surement. Les paroles, simples et belles, sont déclamées avec une certaine nonchalance, un relâchement du meilleur effet, mais écoutez plutôt :

La piste suivante s’imbrique parfaitement à l’EP. The Angel est, en effet, un morceau lent et magique qui se révèle, paradoxalement, plutôt entraînant. De Laurentis susurre ses quelques mots en épousant parfaitement les notes légères du clavier. L’ensemble est d’une réelle beauté, voix et musique fusionnent pour créer une entité nouvelle, une entité légère, évasive et onirique. Many Years ne rompt pas la continuité du projet, loin de là. Quelques notes longues et lancinantes au synthétiseur apportent cet aspect lunaire si particulier au morceau alors que la voix, aérienne, fière et déchirante, prend ses meilleurs accents rock pour exploser lors du troisième couplet. De Laurentis impose — et expose — son style sur ce morceau, avec son grain de voix si particulier, entre douceur et puissance folle.

Many Years est également la sixième et dernière piste de l’EP, dans une version retravaillée. Le rythme y est bien plus rapide, les notes, plus électriques. L’ensemble est d’une étrangeté singulière, mais il se révèle surtout intensément entraînant. I Follow Rivers, la reprise du titre de Lykke Li, rend l’original méconnaissable. Oubliez l’aspect enjoué et entraînant du morceau de la suédoise, De Laurentis a véritablement métamorphosé le titre, le rendant plus profond et empreint d’une mélancolie certaine. Les notes sont appuyées, abyssales. Elles répondent avec perfection à la voix éthérée de l’artiste qui démontre une fois de plus toute l’étendue de sa maîtrise, dans un registre bien différent du sien.

Silent Home vient — malheureusement — clore cet EP, mais de la plus belle des manières. Cette piste, la plus contemplative de l’album, aurait sa place dans de nombreux longs-métrages tant elle est cinématographique. Une fois de plus, l’élégance du piano soutient la voix de De Laurentis qui n’en retentit alors qu’avec plus de force. Une belle piste pour conclure un bel EP, la boucle est bouclée. Vous l’aurez compris, De Laurentis signe ici un premier EP d’une très grande qualité. Rares sont les nouveaux artistes qui maîtrisent autant leur art. De Laurentis, elle, ne s’embarrasse pas de débuts hésitants. Sûre d’elle, la jeune artiste a son propre univers — vaporeux, d’une pureté absolue — qu’elle maîtrise à la perfection, nous ne pouvons donc qu’attendre avec impatience son premier album qui, à coup sûr, nous satisfera pleinement.

L’EP De Laurentis est disponible chez vos disquaires ainsi que sur les plateformes de téléchargement légal depuis le 1er juin.

Simon Sainte Mareville