La monde de la musique est un monde en perpétuel renouvellement. Les artistes en remplacent d’autres, des sonorités nouvelles émergent alors que d’autres disparaissent, les albums se chassent et se croisent chez les disquaires pendant que nous, au milieu de cette actualité foisonnante, tentons d’écouter tout ce qui passe à portée de clic, tentons de capturer la moindre note pour nous en abreuver, pour nous enrichir en nous plongeant dans un nouvel univers. Pour ces raisons, toute tentative visant à hiérarchiser ces titres est vouée à l’échec. C’est pour cela que Parlons Info vous propose — de façon imparfaite et non-exhaustive — de découvrir quelques uns des morceaux et des albums qui ont fait 2015.

Banks — Nouveau Casino // © Simon Sainte Mareville

Banks — Nouveau Casino // © Simon Sainte Mareville

 

Banks — Better

Si vous ne connaissez pas encore Banks, sachez que vous êtes passé à côté de l’une des meilleurs artistes du moment. Excellant dans un univers sombre et sensuel, sur fond de mélodies brûlantes et électriques, la jeune californienne électrise des foules qu’elle sait captiver comme peu d’autres. Après avoir sorti son premier album en 2014, Banks est passée de salles en salles pour le défendre — avec un succès indéniable — devant des publics du monde entier. Avec Better, un premier titre inédit depuis Goddess — le nom de son premier album —, Banks annonce un nouveau projet qui devrait nous parvenir durant les premiers mois de cette nouvelle année. Better est un titre sauvage, entraînant… presque animal. L’incandescence de la voix de la chanteuse est contrebalancée par une instrumentale extrêmement riche, aux sonorités basses et explosives. L’ensemble prend des airs d’incantation, et si les paroles sont simples et dénuées d’originalité, la force avec laquelle elles sont chantées leur donne un sens qui dépasse largement le cadre des mots. Électrisant.

 

 

Lana Del Rey — Honeymoon

La sortie d’un album de Lana Del Rey est déjà un évènement en soit tant la jeune femme est devenue une véritable icône. Porteurs d’une mélancolie de tous les instants, les titres de cet album sont tous d’une grande qualité. Honeymoon est l’album de la maturité pour la chanteuse, c’est avec lui qu’elle est parvenue à amener encore plus haut cette esthétique qui la caractérise tant, un peu gauche, diablement sensuelle, toujours triste mais porteuse d’espoir. Il s’agit assurément de l’un des meilleurs albums de l’année.

 

 

Foxes — Devil Side

Foxes, au même titre que Banks, fait partie de ces nouveaux artistes qui ont cassé les codes musicaux en renouvelant un genre, l’électro-pop ici. La musique de l’anglaise est rafraichissante, moderne. Les instrumentales piochent avec brio dans les différents genres, pour ne garder que le meilleur et offrir des sons à la fois puissants et complexes. L’osmose entre la voix grave et profonde de Foxes et les instruments touche de près la perfection. Les titres Home et Glorious de son premier album en sont l’illustration parfaite. Avec Devil Side, troisième single de l’album All I Need — qui paraitra le 5 février prochain —, Foxes, sur un fond de cordes et de synthé, déclame avec majesté des paroles déchirantes à propos de l’amour, un sujet qu’elle affectionne tout particulièrement. Une artiste à suivre.

 

 

Flo Morrissey — If You Can’t Love This All Goes Away

Voici une autre artiste de talent, d’une rare pureté. Absolument captivante lors de ses sessions live, avec cette voix divine, brisée et sublime, Flo Morrissey a également sorti un album d’une justesse incroyable, un projet magnifique intitulé Tomorrow Will Be Beautiful. Ce premier opus dans la jeune carrière de la chanteuse est tellement abouti, tellement maîtrisé que l’on imagine difficilement comment elle pourrait parvenir à faire mieux. Les paroles, enchanteresses, sont d’un lyrisme absolu, elles prennent leur envol d’un écrin délicat de notes de piano, de violon et de guitare. Un album hors du temps pour une artiste pure sans artifice : laissez vous envoûter par la beauté de ses mots, vous ne le regretterez pas.

 

 

Benjamin Clementine — At Least For Now

Dans un registre différent, Benjamin Clementine est également un artiste authentique, au talent immense. Une voix qui renvoie aux meilleurs moments de la soul, une voix intemporelle qui suggère puis impose le voyage. Déchaîné, presque possédé lorsqu’il est sur scène, le chanteur vit littéralement par et pour sa musique, chacun de ses mots est un cri de l’âme. Son premier album, At Least For Now, est sans conteste l’un des meilleurs projets de l’année. À écouter absolument, pour la beauté de la musique, la force des paroles et la majesté de la voix.

 

 

Daughter — Doing The Right Thing

Daughter est l’un des meilleurs groupes des années 2010, un groupe qui n’a jamais déçu, fidèle à une même vision de la musique depuis maintenant cinq ans. L’album If You Leave, leur premier, était tout simplement sublime, très juste. Leur musique est extrêmement suggestive, vraiment sensible et c’est un véritable plaisir d’entendre la voix d’Elena Tonra se poser avec grâce sur la batterie et la guitare d’Igor et de Remi, les deux musiciens du groupe. Leur univers est assez sombre, abyssalement mélancolique. Chaque musique est une invitation à l’évasion, chaque note transcende un peu plus une voix qui s’élève peu à peu vers des sommets vertigineux. La poésie qui se cache derrière chaque mot donne encore plus de force au groupe, qui allie comme presque aucun autre forme et fond. Avec Doing The Right Thing, premier single de l’album Not To Disappear qui paraîtra le 15 janvier prochain, Daughter renoue avec ces sonorités douces et mélancoliques, avec cette fragilité apparente qui se cache derrière les brisures d’une voix parfois déchirante mais toujours juste. Un titre sublime.

 

 

Louise Roam — Avaton

En sortant deux EP en 2015, Louise Roam nous a laissé approcher de près sa musique, et nous ne pouvons être que happés par un tel talent. Cet EP de quatre titres, Avaton, brille par son homogénéité. Les sons se laissent contempler autant qu’ils s’écoutent, c’est définitivement beau et infiniment cinématographique. La voix est belle, suggestive. Plus que de la musique, les quatre titres sont autant d’œuvres d’art devant lesquelles on reste songeurs, presque béats d’admiration. La musique de l’artiste française est viscéralement belle, cet EP est à écouter les yeux fermés.

 

 

H-Burns — Nowhere To Be

En sortant son cinquième album en 2015, H-Burns fêtait également ses dix ans d’existence. L’album, intitulé Night Moves, est une ode aux nuits californiennes agitées, aux bars malfamés et aux longues errances nocturnes. Avec une pop-rock du meilleur effet, une sensibilité de tous les instants et un travail minutieux de la production à la composition, le groupe nous a offert un projet mélancolique, éthéré et plein d’émotion. Un sans faute pour H-Burns qui livre l’un de ses meilleurs albums et également l’un des projet les plus enthousiasmant de l’année passée, en attendant — on l’espère — la suite.

 

 

 Jabberwocky — Ignition

Pour conclure cette retrospective, quelques mots à propos de Jabberwocky qui a sorti son premier album en 2015. Le groupe, originaire de Poitiers, nous abreuve depuis plus de deux ans de ses sons électro-pop léchés, et c’est avec un plaisir non dissimulé que nous avons pu découvrir Lunar Lane dans les bacs, un projet résolument électronique d’une très grande qualité. Parmi ses titres — tous excellents —, certains sortent du lot et c’est le cas de l’incandescent Ignition. Passionnée, explosive et d’une intense sensualité, cette piste a été brillamment mise en vidéo par Julien Hosmalin. Un morceau brûlant.

 

Simon Sainte Mareville