Qui succédera à Bertrand Delanoë à la mairie de Paris l’année prochaine ? La compétition semble dominée par un duel entre Anne Hidalgo, représentante du PS et Nathalie Kosciusko-Morizet pour l’UMP. Mais elles ne sont pas les seules à viser ce poste tant convoité.


Le Delanoë qui se présente à la mairie de Paris pour les élections municipales de 2014 n’est pas un candidat comme les autres. « Plus jeune. Plus frais. Plus performant », Delanoë a surtout un autre prénom que l’actuel maire : Gaspard. Ce dernier est plus connu pour être le président de l’association du 59 Rivoli, un lieu d’ateliers d’artistes et d’expositions. Egalement fondateur du Parti Faire un Tour, Gaspard Delanoë est un candidat loufoque dont le programme électoral fait sourire. Parmi la centaine de propositions, on compte par exemple la destruction de l’Opéra Bastille, « mal fichu, impopulaire et en lambeau » et la reconstruction à la place de la prison de la Bastille. Par ailleurs, il détourne des thèmes plus sérieux en transformant le Mariage pour tous en « légalisation du mariage entre homosexuels et hétérosexuels ». Ce que montre ce Delanoë, c’est que la politique n’est pas nécessairement sérieuse, quand on veut bien en rire. Le programme de ce candidat est poétique, ce qui ne veut pas dire qu’il n’a pas de fond.

Un deuxième Coluche ?

Gaspard Delanoë a été candidat à la présidentielle de 2012 ce qui n’est pas sans rappeler, à une autre échelle, celle de Coluche en 1981. Au départ, la candidature n’était qu’une plaisanterie avant de devenir sérieuse. Les intentions de votes lui donnaient alors 15 % jusqu’à ce qu’il se retire à cause de nombreuses pressions.

Gaspard Delanoë s'était déjà présenté lors des élections présidentielles de 2012 et avait même présenté son gouvernement aux Français.Crédit : Licence CC, Nathalie Seroux.

Gaspard Delanoë s’était déjà présenté lors des élections présidentielles de 2012 et avait même présenté son gouvernement aux Français.
Crédit : Licence CC, Nathalie Seroux.

En 2012, notre Delanoë n’a pas fait partie des bulletins de vote puisqu’il n’a pas réussi à recueillir les 500 signatures nécessaires (il en a tout de même eu 384). Que ce serait-il passé le cas échéant ? C’est avec le sourire que Gaspard Delanoë évoque des sujets graves. Il ne pourrait avoir des militants ordinaires. Il écrit :

 

« Dans la plupart des partis politiques il y a des militants.

Des militants qui militent.

Et à qui l’on demande de se comporter 

comme des militaires.

Aux ordres.

[…]

Pour devenir agent dormant du P.F.T. (Pffft pour les intimes),

il suffit de déclarer

dans la zone de commentaire ci-dessous : « Je dors. »

Une bonne partie des programmes politiques du P.F.T.

proviennent de rêves et rêveries

qui ont été fait(e)s et relaté(e)s 

dans cet espace dédié. »

Coluche voulait séduire les déçus de la politique. « Je suis un candidat nul et je veux recueillir les voix des abstentionnistes. Je voudrais qu’ils montrent combien ils sont et pourquoi ils font ça « , disait-il à Antenne 2. Il a su déranger les partis habituels. Delanoe souhaite quant à lui, utiliser son droit d’éligibilité parce que pour lui, « les droits qui ne sont pas utilisés, dépérissent ». 

Des idées révolutionnaires

En singeant les vrais politiciens, Gaspard Delanoë nous montre leurs défauts. Ses propositions pour Paris, aussi improbables soient-elles, mettent en avant des problématiques réelles : chômage, diversité, vote des étrangers, Roms… « Pour être un citoyen complet, il faut critiquer mais surtout proposer, c’est ce que je fais. Une ville plus poétique qui développe un réseau de montgolfières, techniquement, c’est possible. Non seulement mes idées sont possibles, mais leur réalisation est souhaitable ». Les propositions de Gaspard Delanoë peuvent paraître utopistes, mais pourtant elles sont réelles et assumées par les autres partis. « J’ai proposé qu’il y ait un centre d’insertion de Roms dans le 16e arrondissement, ça fait rire, mais les communistes et le Parti de Gauche l’ont aussi sérieusement proposé ! D’ailleurs, j’interpelle Christophe Najdovski d’EELV, pour que nous fassions campagne commune. »

La candidature de Gaspard Delanoë n’est donc pas comme les autres. Bien sûr, le programme appelle à sourire et les idées paraissent saugrenues. Elles le sont parce que nous sommes habitués à une politique classique. Les taux d’abstention montrent que de plus en plus de personnes ne croient plus en la classe politique. Insensées ou géniales, les idées de ce nouveau Delanoë ont le mérite d’être imaginatives, ce dont manquent les « vrais » politiciens.

Nicolas Scheffer