Parlonsinfo vous propose, en ce dimanche soir, de revenir sur ce qui a marqué l’actualité de la semaine, en France et dans le monde.

Crise catalane : la tension est encore vive

Lundi 14 octobre, la sentence est tombée pour neuf anciens dirigeants indépendantistes catalans, jugés pour avoir orchestré la tentative de sécession de la Catalogne en octobre 2017. Le chef de « rébellion » n’ayant pas été retenu, les peines vont de 9 à 13 années de prison ferme pour « sédition » ou « détournement de fonds publics ». Alors que la justice espagnole a lancé un nouveau mandat d’arrêt international visant l’ex-président régional Carles Puigdemont, toujours réfugié en Belgique, la décision a ravivé les tensions dans toute la Catalogne.

Le 11 septembre dernier, des milliers de Catalans défilaient déjà dans les rues pour la Diada, fête nationale de Catalogne, en demandant l’indépendance. Crédits : Dani Codina/Òmnium

Depuis cette déclaration, les manifestations se multiplient sur le territoire catalan. Le jour même du verdict, l’aéroport de Barcelone a été bloqué par des manifestants. Les défilés massifs se succèdent dans le centre de Barcelone, avec pour point d’orgue la grève générale du vendredi 18 octobre où 500 000 personnes se sont mobilisées. Le soir, les scènes d’émeutes se multiplient. Pour la seule soirée de vendredi, les affrontements entre manifestants et policiers auraient causé plus de 180 blessés dans la région, selon les secouristes. D’après le Ministère de l’intérieur, 83 personnes auraient été interpellées à Barcelone.

Pour des raisons « exceptionnelles », la fédération espagnole de football (RFEF) a annoncé vendredi l’ajournement du « clasico », opposant le Barça au Real Madrid, initialement prévu le 26 octobre au Camp Nou.

Le Conseil de l’Europe, qui siège à Strasbourg, critique régulièrement l’absence d’indépendance des magistrats espagnols. L’UE quant à elle reste muette sur la condamnation, estimant qu’il s’agit une affaire intérieure. L’eurodéputé (RE) et ancien journaliste français Bernard Guetta estime que « la question catalane est la définition même de ce qu’est un problème intérieur ».

Après six jours de violences, le gouvernement indépendantiste de Catalogne a demandé le 19 octobre au gouvernement espagnol la tenue de « négociations sans conditions ». En plus de tenter de résoudre le conflit dans la région, l’objectif de Quim Torra (Président de la Generalitat de Catalogne) est de rendre possible la discussion autour de l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Ce dernier a annoncé au Parlement catalan souhaiter l’indépendance d’ici fin 2021, sous condition d’accord des partis politiques locaux.

Agression d’une femme voilée par un élu RN et retour du débat dans les médias

Julien Odoul, élu du Rassemblement National, a demandé à une accompagnatrice scolaire de quitter le conseil régional de Bourgogne Franche-Comté en raison de son voile vendredi 11 octobre. L’homme politique a pris à partie la mère de famille accompagnant des écoliers en visite dans l’hémicycle en lui exigeant de retirer son voile « au nom de nos principes laïcs ». Il a filmé la scène et la posté sur les réseaux sociaux.

« Franchement, j’étais là sans être là. La seule chose que j’ai vue, c’était la détresse des enfants. Ils étaient vraiment choqués et traumatisés » explique la mère de famille au Collectif contre l’islamophobie suite aux propos de l’élu. « Quand j’ai vu mon fils en train de craquer, je leur ai dit que je ne pourrai plus rester. J’avais aussi besoin de me retrouver toute seule. Je tremblais de la tête aux pieds et je me sentais en train de tomber. Je ne voulais pas craquer devant les enfants, donc je suis sortie. (…) Sincèrement, ils ont détruit ma vie. » ajoute-t-elle.

L’avocat de la mère de famille a annoncé mercredi 16 octobre le dépôt d’une plainte auprès du parquet de Dijon contre Julien Odoul pour « violences en réunion par personnes dépositaires de l’autorité publique sur mineur et majeur à caractère raciales ». Une autre sera déposée pour « incitation à la haine » prochainement auprès du parquet de Paris.

Le voile islamique, hijab, recouvrant la tête mais laissant apercevoir le visage, est autorisé en France. Le principe de laïcité dans la Constitution française « impose notamment le respect de toutes les croyances, l’égalité de tous les citoyens devant la loi sans distinction de religion et que la République garantisse le libre exercice des cultes ».

Suite à cette agression le débat sur le port du voile islamique dans l’espace public a pris, à nouveau, possession des médias. Checknews a compté, du 11 au 17 octobre, 85 débats télévisés sur ce sujet avec 286 interventions. Une seule femme voilée a cependant été invitée pour discuter de ce sujet. Latifa Ibn Ziaten, présidente de l’association IMAD pour la Jeunesse et la Paix, fondée suite au meurtre de son fils Imad Ibn Ziaten par Mohammed Merah en 2012, a été reçue par LCI.

La date du Brexit approche et un nouvel accord refusé

Samedi 19 octobre, au Royaume-Uni, la Chambre des Communes s’est réunie exceptionnellement à Londres pour débattre et voter à propos d’un nouvel accord pour sortir de l’Union Européenne. Cet accord a été conclu jeudi 17 octobres à Bruxelles, entre le gouvernement conservateur et les 27 membres restant dans l’UE. Les parlementaires ont voté en majorité contre cet accord, et souhaitent donc un amendement.

Le Premier ministre britannique ne parvient toujours pas à obtenir l’approbation du Parlement dans l’accord de Brexit. Crédits : gov.uk

Ce nouvel accord était semblable à celui proposé par Theresa May en 2018, mais avec la principale différence que le « backstop » irlandais n’y figurait plus. L’île ne serait pas séparée par une frontière physique, mais l’Irlande du Nord maintiendrait les normes européennes du marché intérieur communautaire, laissant les contrôles douaniers entre l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne.

Parallèlement à l’accord, le Royaume-Uni et l’Union Européenne ont discuté de leurs relations futures. Un accord de libre-échange pourrait être négocié après le Brexit, sous condition que certaines règles européennes soient respectées outre-Manche, concernant par exemple l’environnement et le social.

Avant que ce nouvel accord ne soit refusé, le Premier Ministre, Boris Johnson, avait encore affirmé que, même si cet accord n’était pas accepté par les Communes, il était prêt à faire sortir le Royaume-Uni de l’Union Européenne le 31 octobre sans accord. Mais l’opposition travailliste refuse cette option d’un « no deal ».

Grégoire Chérubini, Agathe Dijoud, Sarah Fiegel & Marie Lagache