Parlonsinfo vous propose, en ce dimanche soir, de revenir sur ce qui a marqué l’actualité de la semaine, en France et dans le monde.

Fin du mandat de Mario Draghi à tête de la BCE

Mario Draghi a donné jeudi 24  octobre sa dernière conférence de presse. Son mandat à la tête de la Banque Centrale européenne (BCE) arrive à son terme le 31 octobre. Pour beaucoup il restera le « sauveur de l’euro ».

Mario Draghi sera remplacé par la Française Christine Lagarde. Crédits : EU2017EE Estonian Presidency (Licence CC – Wikimedia Commons)

« Super Mario » dirigeait l’institution basée à Francfort depuis le premier novembre 2011. Sa prise de fonction s’est faite en pleine crise des dettes souveraines, qui affectait de plein fouet la Grèce et progressait jusqu’à atteindre dangereusement l’Italie et l’Espagne. Cette situation critique le pousse à déclarer en juillet 2012 que la BCE préserverait l’euro « whatever it takes », quoiqu’il en coûte. Beaucoup estiment que cette simple phrase a sauvé l’euro. Derrière cette citation devenue célèbre se cachait la promesse de mise en place de politiques monétaires non conventionnelles. Elles étaient jusqu’alors impensables pour la BCE, initialement conçue sur le modèle de la « Buba » (Bundesbank), la Banque fédérale d’Allemagne.

La BCE rachète dès septembre 2012 des dettes d’Etat en quantité illimitée afin d’éviter des spéculations contre les dettes de la zone euro.  Cette annonce et cette politique ont réussi à faire reculer les spéculations contre les dettes italiennes et espagnoles.

L’objectif de maintenir un taux d’inflation à environ 2% n’a quant à lui pas été rempli. La hausse généralisée des prix est restée quasiment nulle pendant toute la durée du mandat, malgré une hausse en 2018 à 1,7%. La zone euro a même risqué la déflation durant l’été 2014, tant le taux d’inflation était bas. 2600 milliards d’euros ont été injectés dans l’économie dans un large plan de rachat de dettes notamment publiques, mis en place entre mars 2015 et janvier 2018. Cette politique de « quantitative easing » consiste à proposer des prêts à taux négatifs aux banques commerciales pour les inciter à prêter aux ménages et aux entreprises afin de soutenir l’économie. Le mois dernier, « Super Mario » a annoncé la reprise prochaine du programme de rachat de dettes de la BCE pour relancer la croissance dans la zone euro. Ce plan ne fait pas l’unanimité au sein de la BCE, dont une partie des membres estime que cette politique ne doit être utilisée qu’en cas de crises plus importantes.

Initialement à 12% de la population active en 2012, le chômage de la zone euro a reculé sous le mandat de l’Italien jusqu’à atteindre 7,4% de la population active en août 2019.

En lui succédant le vendredi premier novembre, la française Christine Lagarde reprend les rênes d’une BCE divisée en interne. « Super Mario » n’aura pas réussi à convaincre les Etats de jouer un rôle avec leurs politiques budgétaires. Il estime notamment que l’Allemagne doit augmenter ses dépenses afin de soutenir l’activité. En plus d’inciter une fois de plus les Etats à la relance budgétaire lors de son dernier discours, Mario Draghi se félicite que le plus dur de la crise de l’euro soit passé. Il reste néanmoins conscient que le projet de monnaie unique n’est pas encore totalement abouti. Tout comme Emmanuel Macron, il continue de plaider pour la mise en place d’un « vrai » budget européen qui rendrait la politique monétaire plus efficace.

Lors de son audition par le Parlement européen le 4 septembre 2019, Christine Lagarde promet un langage plus accessible afin que tout le monde comprenne « à quoi sert la BCE ». L’ex-directrice du Fonds Monétaire International (FMI) est la première femme à diriger la politique monétaire de la zone euro.

Manifestations au Chili contre les inégalités sociales

Le Chili connait des manifestations importantes depuis début octobre. Les Chiliens dénonçaient initialement la deuxième augmentation depuis le début de l’année du ticket de métro à Santiago, touchant près de trois millions de personnes, par le gouvernement. Le vendredi 19 octobre les manifestations ont cependant pris un nouveau tournant. 1,2 million de personnes se sont rassemblées à Santiago, pour un pays qui compte 18 millions d’habitants.

L’état d’urgence, mesures d’exception pour maintenir l’ordre public, a été déclaré dans la soirée pour le nord de la Ville, un couvre-feu a aussi été instauré. De nombreuses émeutes et affrontements avec la police ont eu lieu. Un bilan officiel des autorités locales annonçait 10 000 militaires mobilisés, 2 100 personnes arrêtés et 11 victimes durant le week-end.

Sebastian Piñera, Président du pays entre 2010 à 2014 et depuis 2018, a annoncé samedi 20 octobre la suspension de la hausse du ticket de métro. Le lendemain il a cependant déclaré : « nous sommes en guerre contre un ennemi puissant qui est prêt à faire usage de la violence et de la délinquance sans aucune limite ». Les manifestants demandent de multiples réformes sociales et dénoncent le coût de la vie. Les inégalités de revenus au Chili sont « parmi les élevés » des membres de l’OCDE, ensemble des pays industrialisés, selon l’organisme lui-même.

Plusieurs milliers de personnes sont descendues à nouveau dans les rues jeudi 24 octobre. Selon  l’Institut chilien des droits de l’homme, organisme public indépendant, 20 000 miliaires étaient cette fois-ci mobilisés, près de 3 000 personnes ont été arrêtées en une semaine, des centaines de manifestants blessés, et cinq personnes tuées par les forces de l’ordre. « 43 personnes au moins ont été blessées aux yeux, avec perte de vision, et des séquelles à vie » selon le syndicat chilien des médecins pour France Info vendredi 25 octobre.

Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, a annoncé le même jour l’envoi d’une mission pour « examiner les accusations de violations des droits humains ». Le parquet et le ministère de l’Intérieur chilien parlent eux de la mort de 19 personnes au cours des manifestations depuis le week-end dernier.

Le Président chilien a à nouveau pris la parole samedi 26 octobre. Dans un message à la nation il a déclaré : « j’ai demandé à tous les ministres de remettre leur démission pour pouvoir former un nouveau gouvernement et pouvoir répondre à ces nouvelles demandes ». « Nous sommes dans une nouvelle réalité. Le Chili est différent de celui que nous avions il y a une semaine » ajoute-t-il. L’armée a quant à elle annoncé dans un communiqué la fin du couvre-feu à Santiago. L’état d’urgence devrait être levé dans la journée du dimanche 27 octobre si « les circonstances le permettent afin de contribuer à cette normalisation que tant de Chiliens désirent et méritent ».

La crise de l’OTAN 

Ce jeudi s’est tenue une réunion à Bruxelles, composée des 29 ministres de la Défense de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. Il s’agit de la première réunion depuis le lancement par la Turquie de son opération militaire contre les Kurdes, dans le nord-est de la Syrie. 

Dans ce cadre, de nombreuses divergences sont apparues sur le sujet de la Syrie, comme l’a expliqué le secrétaire général, Jens Stoltenberg, selon lui « les discussions ont été franches et ouvertes ». Le seul sujet accepté par tous, fut  « une réduction significative de la violence » dans le nord-est de la Syrie depuis l’accord sur un cessez-le-feu temporaire en Syrie, passé par le président américain et Recep Tayyip Erdogan, le 17 octobre. 

De plus, ils se sont également mis d’accord sur l’importance  d’empêcher l’Etat Islamique de reprendre des territoires dans la région, et leur but serait de trouver une solution politique à la crise en Syrie.

Le chef du Pentagone Mark Esper, a expliqué que « La Turquie va dans la mauvaise direction sur de nombreuses questions » et elle « nous a mis dans une situation terrible avec son opération injustifiée en Syrie »

« Mais nous n’allons pas commencer une guerre avec un allié de l’Otan », a-t-il souligné. « Nous devons travailler avec la Turquie pour qu’elle redevienne un allié fort et fiable »

D’un autre côté, la ministre allemande de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer fait preuve d’un avis différent: « Nous sommes toujours confrontés au fait qu’un pays, la Turquie, notre partenaire de l’OTAN, […] a annexé un territoire en violation du droit international, que des populations sont expulsées, et nous ne pouvons pas laisser les choses en l’état »

Ce débat auquel fait face l’OTAN est une de ses plus graves crises. 

Le corps de Sophie Le Tan a été retrouvé en Alsace

La procureur de la République de Strasbourg a annoncé, ce samedi, que le corps retrouvé mercredi dans une forêt du secteur de Rosheim et Grendelbruch (Bas-Rhin) est bien celui de Sophie Le Tan.
La jeune fille, avait disparu le 7 septembre 2018, le jour de ses 20 ans. Elle était allée visiter seule un appartement à Schiltigheim, commune voisine de Strasbourg. 

L’unique suspect est Jean-Marc Reiser, 59 ans, qui est à l’origine de l’annonce immobilière à laquelle Sophie Le Tan avait répondu. Il a été arrêté quelques jours après sa disparition. L’homme en question avait déjà été arrêté pour viols dans les années 1980, mais avait été acquitté sur le bénéfice du doute. 

Des traces de sang appartenant à Sophie ont été retrouvé chez lui. Il a été mis en examen pour assassinat, enlèvement et séquestration. Lors d’une audition devant la juge d’instruction le 5 octobre, le suspect continue d’assurer qu’il est innocent. 

Grégoire Chérubini, Sarah Fiegel & Marie Lagache