Inspirés par les grandes figures du XXe siècle (l’Abbé Pierre, Mère Teresa, Coluche) ou, plus proche de nous, des stars hollywoodiennes telles que Angelina Jolie ou Mia Farrow, les jeunes d’aujourd’hui ont une vision idéalisée des voyages humanitaires : ces voyages se traduisent par l’adoption d’une petite dizaine d’orphelins et par des visites dans des écoles sur fond de chansons et de dons monétaires. Mais un adolescent peut-il à son échelle monter un projet de solidarité à l’étranger ?

 

Photo : Léa Péron

L’éducation est un des domaines où les jeunes peuvent apporter leur aide dans le cadre d’un voyage humanitaire. (Photo : Léa Péron)

De nombreux adolescents ont cette volonté de s’investir dans cette démarche altruiste sans imaginer que cela puisse être possible.

Un voyage humanitaire, cela ne s’improvise pas !

Si vous êtes motivés pour organiser un voyage de solidarité, sachez que la phase de préparation est la plus importante. Il faut construire son projet : choisir un domaine, un pays d’action, trouver des financements, choisir une durée … Une des grandes questions est de savoir si vous voulez partir seul ou à plusieurs. Il est plus facile de se soutenir à plusieurs mais il faut entretenir une grande cohésion de groupe. En effet, un voyage à l’étranger n’est pas une expérience facile pour l’adolescent ou le jeune adulte. Pour certains, c’est la première fois qu’ils sont aussi loin de la métropole et le décalage entre deux cultures peut provoquer des émotions très fortes. Il est important de se questionner sur les notions de « solidarité », de « voyage humanitaire » qui peuvent paraître assez floues à l’heure actuelle.

Il faut ensuite choisir la nature de votre projet : l’environnement, l’éducation, un projet social ou sanitaire, … Certains domaines nécessitent des compétences particulières (médicale, informatique, vétérinaire, … etc), il convient donc de choisir un projet accessible. Vous pouvez, à cette phase de votre projet, établir des contacts avec des associations locales de solidarité ou des collectivités territoriales qui pourront vous chaperonner dans votre projet et qui permettront de ne pas se lancer à l’aveuglette dans un espace inconnu. Avec ce partenaire, vous allez pouvoir créer un projet qui sera en adéquation avec les besoins de l’espace dans lequel vous avez l’intention d’agir. De nombreux projets ne respectent pas cette étape et ils n’apportent donc pas de réponses aux problématiques du pays ou de la région. Les partenaires sont importants à cause de leur expérience; ils pourront vous aider et vous aiguiller tout au long de votre projet.

 

Partir pour une mission humanitaire, une simple question d’anticipation ?

Il est primordial d’anticiper chaque difficulté que vous pouvez rencontrer dans le pays que vous avez choisi. Il faut prévoir l’hébergement, la restauration, le planning de vos actions – avec aussi la possibilité de faire un peu de tourisme afin de mieux découvrir la culture locale -,  les déplacements, les éventuels frais médicaux … Cette préparation permet d’établir un budget.

Le financement de votre projet est une phase primordiale : les projets de type solidaire peuvent bénéficier de subventions de la part d’organismes publics. Ses subventions vont couvrir une partie de vos frais mais la plupart des voyages de solidarité doivent recevoir des financements annexes : dons, mais aussi autofinancement. L’autofinancement consiste à mener des actions qui permettront de financer votre voyage. Dans une commune du Finistère, un groupe de douze jeunes est parti, en mars 2011, effectuer un voyage humanitaire au Sénégal en participant à la construction d’une case d’infirmerie dans la région de Tambacounda et en apportant du matériel médical ainsi que des vélos pour que les enfants puissent se rendre au collège de la ville voisine. Durant deux ans, ils ont organisé de multiples actions d’autofinancement : service pour des repas organisés par la commune, une braderie, deux ventes de  chocolat (grâce à Initiatives Saveurs, une entreprise qui propose aux écoles et aux associations de vendre des chocolats issus du commerce équitable afin de financer leurs projets), un lavage de voitures … Les actions d’autofinancement sont multiples.

Photo: Léa Péron

(Photo: Léa Péron)

Après le financement de votre projet, il faut se concentrer sur les détails pratiques du voyage : passeports (se renseigner auprès de l’ambassade de France du pays d’accueil), les vaccins (se renseigner auprès de l’Institut Pasteur). Mais aussi sur la rencontre culturelle que vous allez effectuer là-bas afin d’éviter les préjugés et que votre séjour se déroule le mieux possible.

 

Enfin le départ !

Arrive enfin le grand jour, celui du départ vers le pays que vous avez choisi. Si votre projet est cohérent, bien construit, vous allez vivre de merveilleux moments de rencontres, d’échanges et de partage, car les personnes qui recevront votre aide ont souvent bien plus à vous apporter : de vraies valeurs loin des préoccupations quotidiennes de la France métropolitaine, une ouverture d’esprit et un don de soi qui récompensera tous vos efforts. C’est un projet dont vous vous souviendrez tout au long de votre vie et qui vous donnera envie de vous investir encore et toujours dans des projets de solidarité à l’étranger ou en France, et peut-être même de monter une association de solidarité. Évoquant sa participation à un voyage humanitaire au Sénégal,  Lou, 17 ans à l’époque, explique : « Ce fut un beau projet, car nous avons réussi à partir mais aussi parce que nous avons su maintenir notre motivation intacte au long de ces deux années de préparation. C’était difficile de se projeter mais les sourires des enfants et les souvenirs que nous gardons de nos 17 jours au Sénégal restent la plus belle récompense de tous les efforts que nous avons fournis. ».

Votre voyage effectué, vous rentrez chez vous des souvenirs plein la tête mais ce n’est pas terminé ! Vous allez maintenant devoir faire le bilan de votre projet. Celui-ci peut devenir à terme un véritable outil d’éducation à la citoyenneté et permet d’encourager son prochain à porter un regard neuf sur les pays en voie de développement.

Un projet de voyage de solidarité à l’étranger est ambitieux mais pas inaccessible. Avec un peu de bonne volonté, de l’engagement et une envie de faire bouger les choses, n’importe qui peut monter un voyage et contribuer à la notion de « solidarité ».

Anna Dubrulle