Depuis le 17 octobre, la saison NBA 2017-2018 a repris. Les équipes finalistes de l’année dernière (les Golden State Warriors – l’équipe de la ville d’Oakland, Californie – et les Cavaliers de Cleveland) font évidemment figure de favori, mais les équipes pouvant les concurrencer semblent s’être multipliées par rapport aux dernières années (lors de la saison 2016-2017 les Warriors et les Cavaliers se sont affrontés pour la troisième fois de suite en finale NBA). A l’Ouest, les Warriors vont se battre contre les Rockets de Houston avec l’arrivée du meneur Chris Paul, le Tunder d’Oklahoma City qui a vu Russell Westbrook se faire rejoindre par Paul George et Carmelo Anthony, les Minnesota Timberwolves (l’équipe de Minneapolis) qui ont récupéré Jimmy Butler pour compléter leur équipe contenant déjà les espoirs Karl Anthony Towns et Andrew Wiggins, et les Spurs de San Antonio qui n’ont plus échoué lors des playoffs depuis la saison 1996-1997. A l’Est, les Cleveland Cavaliers de Lebron James sont ciblés par les Celtics de Boston, qu’ils ont affronté en finale de conférence la saison dernière et avec qui ils ont échangé leur meneur Kyrie Irving contre l’ex meneur des Celtics Isaiah Thomas. Les Wizards de Washington D.C. de John Wall vont eux vouloir jouer les avant postes comme l’a déclaré sur ESPN Bradley Beal (arrière de l’équipe de la capitale américaine) : « I feel like we’re the best team » ce qu’on traduira par « J’ai l’impression que nous sommes la meilleur équipe ». Voilà toutes les équipes dites favorites pour décrocher le titre 2018.

Mais lors de ce début de saison on observe des résultats plutôt bizarres. Certes lors d’un début de saison ce n’est pas choquant. Mais le nombre de résultats « anormaux » est bien plus élevé que lors des dernières saisons.

Des équipes nouvelles qui ont du mal à se mettre en place

Cette intersaison, bon nombre d’équipes ont cherché à recruter pour être en mesure de battre les Warriors. Les Cavaliers, derniers finalistes, ayant actuellement un résultat de 5 victoires pour 7 défaites, ont beaucoup remanié leur effectif, notamment des cadres. Kyrie Irving, meneur de Cleveland depuis sa draft en 2011 est parti à Boston, en échange d’Isaiah Thomas, et de Jae Crowder. La ville de l’Ohio a également recruté Derrick Rose, et Dwyane Wade. Tous ces mouvements ont été réalisés dans l’optique de renforcer l’effectif, mais gagner un match de basket n’est pas qu’une affaire de talent, il faut aussi mettre en place des tactiques, comprendre les préférences de chaque joueur, et s’habituer à les appliquer sur le terrain. Sachant que le calendrier NBA a été modifié de façon à le rallonger pour éviter les blessures à cause de matchs enchaînés, la préparation des équipes est donc raccourcie, ils ont donc moins de temps pour s’adapter tactiquement, on pourra également citer dans ce cas de figure les Oklahoma City Thunder qui ont recruté Paul George et Carmelo Anthony. Ces derniers en sont à 4 victoires et 7 défaites.

Erik DrostLicence Creative Commons Attribution 2.0 Generic

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Des équipes victimes des blessures

Il y a bien évidemment le cas classique et annuel des équipes victimes de blessures. On se souviendra des Indiana Pacers (l’équipe d’Indianapolis) qui n’avaient pu se qualifier en playoffs en 2015 du fait de la blessure de leur star, Paul George. Cette année, alors que le calendrier a été remanié de manière à limiter les blessures, c’est un début de saison compliqué pour les infirmeries NBA, on pensera bien sur à la terrible blessure de Gordon Hayward lors du premier match de la saison. Mais Boston a su rebondir et se trouve actuellement en tête de la saison régulière. Mais si on regarde à l’Ouest on pense surtout à la blessure de Kawhi Leonard qui n’a encore joué aucun match cette saison avec les San Antonio Spurs qui doivent faire également sans Tony Parker, lui aussi blessé. On rappellera que Kawhi a gagné deux des trois derniers titres de défenseur de l’année, et qu’il a terminé deuxième du classement pour le titre de MVP en 2016 et troisième en 2017. Les Texans ont donc enchaîné 4 défaites consécutives entre le 28 octobre et le 3 novembre.

Des équipes qui sont victimes de leur orgueil

Les Warriors, champions en titre, ont perdu leur premier match de la saison. A ce moment là rien d’inquiétant, le match fut serré face aux Houston Rockets, prétendants au titre, et la saison dernière les Warriors avait commencé une saison de la même manière en concédant une défaite contre San Antonio qui était également prétendante au titre, ce qui ne les empêcha pas d’arriver à soulever le trophée à la fin de la saison. Mais cette saison ils ont perdu ce premier match, et au bout de trois matchs, leur résultat était de 1 victoire pour 2 défaites, et après sept matchs ils en étaient à « seulement » quatre victoires. On a pu remarquer des gestes d’énervement sur le terrain (Curry se faisant expulser contre Memphis après avoir jeté son protège-dents en direction de l’arbitre), mais aussi une certaine nonchalance, le coach Steve Kerr s’est énervé plusieurs fois car des systèmes étaient mal exécutés, les joueurs agissant comme s’ils n’étaient pas concernés. On pourrait donc se demander si les Warriors ne se sont pas surestimés après avoir survolé les playoffs de la saison dernière (16 victoires pour une seule défaite). Il y a aussi les Washington Wizards, menées par John Wall et Bradley Beal, deux joueurs n’ayant pas leur langue dans leur poche (d’où la phrase de Bradley Beal sur ESPN, ou encore John Wall après avoir fait gagner son équipe qui crie au public « This is my town » soit « C’est ma ville »). Mais après ces déclarations, ils se retrouvent à un score de 4 victoires pour 4 défaites, dont une défaite contre les Lakers de Los Angeles du rookie Lonzo Ball, sur lequel John Wall avait déclaré qu’il lui ferait payer tout ce que son père avait déclaré. En effet Lavar Ball, le père de Lonzo, a déclaré la saison dernière « J’aurais pu battre Michael Jordan en 1 contre 1« , Lavar n’ayant jamais foulé les parquets NBA.

Keith AllisonLicence Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Generic

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Des équipes sans doute trop jeunes

Et enfin il y a les équipes jeunes, essentiellement, les Sixers de Philadelphie, et les Minnesota Timberwolves. Les premiers ayant pour leaders Ben Simmons et Joel Embiid, cumulant à eux deux 31 matchs NBA (tous d’Embiid). Et même si les deux font un très gros début de saison, leur manque d’expérience s’est fait sentir, avec un début de saison en 1 victoire pour 4 défaites. Et pour Minnesota, les 2 joueurs du 5 majeur étant depuis le plus longtemps à Minnesota sont Andrew Wiggins, et Karl Anthony Towns, le premier est arrivé en NBA en 2014, et le second fut drafté l’année suivante, et aucun des 2 n’a déjà participé aux playoffs. Cela pourrait expliquer pourquoi ils ont commencé la saison avec un faible 2 – 3. On peut rajouter à cela le fait que Jimmy Butler recruté en Juin de cette année a raté plusieurs matchs.

Mais s’il y a des déceptions, il y a également des bonnes surprises, des équipes que personne n’attendait, mais qui finalement se font une place, profitant notamment des déceptions que nous avons cité auparavant.

Des équipes dans la continuité

Dans les premières équipes ayant déjoué les pronostics en ce début de saison, il y a le Magic d’Orlando, actuel troisième de la saison régulière. Avant la saison 2016-2017 l’Orlando Magic était vu par un certain nombre de spécialistes comme un sérieux prétendant aux playoffs. Mais la saison fut finalement désastreuse et Orlando termina à la 13e place de la conférence Ouest. Mais les dirigeants de l’équipe ont changé cet été et ont décidé de ne pas paniquer, de commencer une nouvelle saison avec un effectif similaire au dernier. Ceci a permis au coach Franck Vogel de revoir ce qui avait pêché la saison dernière, à savoir une attaque très faible, et les seuls changements réalisés furent d’ordre tactique. Et l’équipe a alors commencé la saison avec une équipe dont les joueurs se connaissaient entre eux. Et surtout on observe une équipe appliquée, et sérieuse, actuellement placé à la troisième position de la conférence et avec un résultat de 7 victoires pour 4 défaites.

Keith AllisonLicence Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Generic

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Des équipes surprises

Maintenant il y a bien évidemment des surprises, des équipes qui ont modifié leur effectif, qui ont fait une intersaison moyenne voire mauvaise, et qui pourtant s’en sortent bien. La principale équipe « surprise » est l’équipe des Grizzlies de Memphis : l’équipe a cette saison perdue les deux joueurs symboles de ce qu’on a appelé le « grit and grind » (grincer et broyer), Zach Randolph et Tony Allen. Ce style de jeu basé sur de la défense très physique et une attaque placée, était le symbole de la franchise depuis 2010, et ils n’ont pas réussi à réellement le remplacer. Mais au final les Grizzlies s’en sortent car, même s’ils ont perdu leur joueur « symbole », ils n’ont pas perdu leurs joueurs les plus talentueux. En effet, l’équipe s’appuie sur un axe meneur/pivot avec respectivement Mike Conley et Marc Gasol, et ce depuis longtemps. Le coach a donc construit autour de ces 2 joueurs une équipe très collective, et n’a pas perdu sa défense c’est en effet la troisième équipe encaissant le moins de points par match. C’est également la quatrième équipe de la conférence Ouest en ayant le même résultat que l’Orlando Magic.

Des équipes libérées

Et il y a des équipes qui se sont libérées de leur « franchise player » de ces dernières saisons et qui pourtant fonctionnent bien. On pense principalement aux Knicks de New York, qui ont perdu Carmelo Anthony qui menait l’équipe depuis son arrivée en février 2011 mais qui n’arrivait pas à les ramener régulièrement en playoffs. Et depuis son départ, le Letton Kristaps Porzingis est excellent : c’est un des favoris pour participer au All-Star Game et il porte la franchise sur ses épaules. Mais on rappellera que Carmelo Anthony était certes le meilleur marqueur de l’équipe, mais ce n’était pas un défenseur très appliqué ni un joueur très collectif ; il est donc peut-être plus simple pour le coach Jeff Hornacek d’installer ses systèmes maintenant qu’il n’a plus un joueur monopolisant le ballon. Actuellement l’équipe est en bonne position pour les playoffs avec 6 victoires pour 5 défaites lui permettant d’atteindre la 7e place de la conférence Est.

Brad BarlowCC BY 4.0

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Mais ce n’est que le début de la saison

Mais il ne faut malgré tout pas faire de conclusions hâtives : certaines équipes reprennent les places attendues. Les Warriors par exemple sont revenus à la première place de la conférence Ouest à égalité avec les Houston Rockets. Ou à l’inverse les Jazz de Utah (l’équipe de Salt Lake City) sont retournés à la 10e place de cette même conférence après leur très bon début de saison.

Rémi Maillo